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Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
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Livre électronique267 pages2 heures

Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche

Un géant, que l'âge avait rendu paresseux, ne voulut plus se déplacer à pied. Il monta au sommet d'une haute montagne, et au moment où la lune passait au-dessus de la crête, il l'enfourcha et se mit en route en direction de l'ouest, là où le soleil se couche. Ce géant était si lourd qu'après chaque chevauchée le disque lunaire se déformait un peu et qu'il lui fallait du temps pour retrouver sa rondeur et redevenir plein. La lune avait une telle peur du géant qu'elle se cachait parfois pendant de longues périodes. Telle est l'origine des phases lunaires et l'explication des phénomènes de la lune pleine et du croissant naissant. De nos jours encore, on peut voir sur sa surface des rayures et des cicatrices, traces des sévices infligés par le méchant géant.


À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Burkina-Faso
• Contes et légendes de Suède
-Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800135
Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche

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    Aperçu du livre

    Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche - Susanne Strassmann

    Préface

    « … le nom des Germains a

    … sa racine dans le mot germinare

    (croître, pousser), car les Allemands

    seraient des gens qui poussent

    sur les arbres… »

    Depuis bientôt deux cents ans qui dit « conte populaire allemand » dit « frères Grimm ». Les deux savants (en réalité, deux écrivains de génie, dissimulés derrière l’apparence d’universitaires érudits) ont donné au conte populaire de leur pays – et, à partir de là, au conte populaire tout court – ses lettres de noblesse, en le sortant de l’anonymat de la tradition orale, en le façonnant, le refaçonnant, le commentant, l’expliquant, l’éditant, de sorte qu’il est devenu un best-seller et un classique aussi bien qu’une source d’inspiration et un modèle incontournable pour tous ceux qui ont collecté et édité les contes populaires après l’apparition des Kinder- und Hausmärchen en 1812.

    Or, on se doute que, tout allemands qu’ils furent, les frères Grimm n’ont pas poussé sur un arbre et que leur célèbre recueil n’est pas apparu ex nihilo : son avènement a été préparé de longue date – par la sensibilisation du public, par le travail des idéologues du romantisme, qui ont éveillé l’intérêt pour le passé national, et aussi par les collectes antérieures, car les Grimm n’étaient pas seuls à s’aventurer sur le terrain de la tradition orale. Mais on a beau le savoir, on aurait du mal, en évoquant le conte populaire de cette époque, à citer d’autres noms. (En revanche, aucune difficulté pour ce qui est des auteurs de contes littéraires qui, au même moment, connaissent un essor sans précédent : Hauff, Hoffmann, Brentano, etc.) Un lecteur allemand, interrogé sur ce sujet, pourrait à la rigueur citer les recueils de J.K.A. Musäus et de Ludwig Bechstein ; pour le public français, ces noms n’évoqueraient pas grand-chose.

    Plus surprenant encore : on aurait tout autant de mal à énumérer les auteurs de recueils postérieurs aux Grimm, alors qu’il semble aller de soi qu’une fois en possession d’un pareil modèle, les folkloristes seraient en état de produire des ouvrages tout aussi remarquables. Il n’en fut rien. Les contes des frères Grimm à la fois incarnent le conte populaire allemand et se substituent à lui : nous avons là un arbre qui, pendant plus de deux siècles, a réussi à cacher la forêt.

    Pourtant, cette forêt existe. Tout au long du XIXe siècle, une armée de folkloristes s’appliquait à consigner la tradition populaire orale sous toutes ses formes : contes, légendes, chansons, proverbes, superstitions. Les résultats de leurs efforts furent publiés parfois sous forme de livres : soit des recueils de textes, soit des ouvrages savants dont ils constituaient la matière. Une part non négligeable des collectes fut rendue accessible grâce aux divers périodiques, plus ou moins spécialisés. Ainsi, en Allemagne comme dans la plupart des pays européens, à la fin du XIXe – début du XXe siècle, une imposante réserve a été constituée, qui demeurait, cependant, largement inconnue du public.

    Tout récemment eut lieu une tentative pour regrouper ces sources disparates, les rendant plus accessibles non seulement pour les spécialistes, mais aussi pour le grand public. Un expert allemand, Hans-Jörg Uther, vient de faire paraître un CD regroupant 42 principaux recueils : Deutsche Märchen und Sagen / Contes et légendes allemands (Digitale Bibliothek, vol. 80, Berlin, Directmedia, 2003). L’ensemble, qui compte 24 000 titres (environ 55 000 pages au total), n’a pas, à notre connaissance, d’équivalent dans le monde entier. Le recueil des frères Grimm, qui naturellement en fait partie, n’est responsable que de 220 textes, soit moins d’un pour cent de l’ensemble. Leur collection n’est donc qu’une petite parcelle d’une tradition richissime, authentique et variée. Bien entendu, elle n’est pas épuisée par le CD en question, même s’il couvre plusieurs genres du folklore, plusieurs régions de l’Allemagne : pour des raisons évidentes, l’éditeur ne pouvait ni reproduire tous les recueils existants, ni tenir compte des publications périodiques.

    Dans ce trésor de la tradition populaire qui, comme nous venons de le voir, n’est nullement réductible au « conte grimmien », un genre particulier nous intéresse, qui, du reste, n’est représenté chez les Grimm que par quatorze textes : le conte étiologique. Dans l’ensemble bien ordonné des genres folkloriques, ce conte fait figure de Cendrillon : il n’apparaît pas comme une entité dans l’Index d’Aarne-Thompson, il ne fait qu’exceptionnellement l’objet de recueils entiers, il attire rarement l’intérêt des spécialistes et les travaux qui lui sont consacrés sont peu nombreux. Car il s’agit visiblement d’un genre bâtard, d’un phénomène frontalier. Un genre qui ne se définit ni par le schéma événementiel, comme le conte merveilleux (parfois le conte étiologique ne comporte que quelques lignes et est dépourvu de toute action), ni par le type de personnages, comme le conte animalier (on y trouve aussi bien des animaux, que des personnages humains, des objets, des divinités païennes, des personnages bibliques, des phénomènes atmosphériques), ni par son ancrage dans la vie quotidienne, comme le conte facétieux (dans le conte étiologique, l’action peut se dérouler n’importe quand et n’importe où). Finalement, la seule chose que ces textes ont en commun, le seul signe formel de leur appartenance générique est le fait qu’ils sont tous censés répondre à la question « pourquoi ? » et expliquer l’origine du phénomène évoqué.

    Notre recherche de textes étiologiques pour le présent volume nous conduisit à consulter des sources aussi hétérogènes et variées que le conte lui-même : des recueils de contes populaires, établis selon le principe thématique ou régional, des ouvrages érudits consacrés à la tradition populaire, des périodiques. Ce travail a été considérablement facilité par le fait qu’une partie non négligeable des textes qui nous intéressent ont déjà été regroupés à l’aube du XXe siècle au sein d’un seul ouvrage.

    En 1907 paraît en Allemagne un volume intitulé Natursagen. Eine Sammlung naturdeutender Sagen, Märchen, Fabeln und Legenden, autrement dit Contes de la nature. Un recueil de légendes, contes et fables explicatifs. Au cours des années suivantes, trois autres volumes virent le jour, le dernier en 1912. L’auteur de l’ouvrage, comprenant plus de mille cinq cents pages, s’appelle Oskar Dähnhardt. Né en 1870 à Kiel, il étudia à Leipzig, Göttingen et Berlin, enseigna à Leipzig, édita quelques recueils de contes et légendes, aussi bien allemands que provenant d’autres pays, avant de mourir en 1915 en Flandre, sur le champ de bataille, à l’âge de quarante-cinq ans, laissant inachevée son œuvre maîtresse, Contes de la nature, qui, outre les contes eux-mêmes, devait contenir une partie exégétique, consacrée à ce type de récits, qui le placerait dans le contexte de l’« histoire de l’esprit » (Geistesgeschichte) de l’humanité. Mais même incomplets, ces Contes de la nature sont bien plus qu’un simple recueil : la richesse du matériel, la clarté de la disposition, la rigueur, la solidité de l’appareil critique en font une œuvre unique et inestimable, un corpus où des générations de folkloristes ont puisé, sans toujours payer leur dette de reconnaissance à ce professeur de Leipzig. Comme tout le monde, nous avons largement mis à contribution le contenu de ces quatre volumes, et nous profitons de l’occasion pour rendre hommage à l’auteur de ce travail exemplaire.

    Nous souhaitons également remercier pour leur aide et conseils Hannelore Marzi, traductrice et conteuse de Francfort-sur-le-Main, Bettina Twrsnick, qui dirige la « Phantastische Bibliothek » de Wetzlar, le Centre National du Livre dont le soutien permit de financer une partie du travail de recherche ainsi que Galina Kabakova, directrice engagée et compétente de la collection « Aux origines du monde ».

    Le corpus de textes présenté dans ce volume n’est pas exhaustif, pour des raisons évidentes ; néanmoins, il semble être assez représentatif de la tradition en question. En témoigne la comparaison avec d’autres collectes dans le domaine germanique (voir dans la même collection : Contes et légendes de Flandre, Contes et légendes de Suède). Elle laisse entrevoir aussi bien les similitudes que les différences entre ces patrimoines : on reconnaît le noyau commun, mais on relève aussi des particularités, à la fois dans le choix de thèmes, leur fréquence et le traitement qu’ils reçoivent. En examinant de plus près ces collectes, on découvre, par exemple, que la composante évangélique – au niveau des sujets et des personnages – est beaucoup plus importante en Allemagne (et plus généralement dans les pays germanophones) que dans le monde scandinave ou chez les Flamands. D’autres différences se font également remarquer : tandis que les Suédois réservent une part belle aux histoires d’oiseaux, que les Flamands se passionnent pour les « questions sociales » (l’origine des classes, les rapports entre les différents métiers, etc.), l’imagination populaire allemande fait preuve d’une ingéniosité particulière dans le domaine de la botanique : les histoires de plantes y foisonnent – la primevère et l’églantier, la pervenche et la soldanelle, mais aussi le sureau, le sapin, le tremble, sans oublier l’airelle et les fraises des bois… Cependant, d’autres thèmes ne lui font pas défaut : le ciel et la terre, le monde humain, les anges et le diable, les oiseaux et les animaux – encore une belle facette de ce phénomène multiforme qu’est le conte étiologique.

    I.

    Terre, ciel, corps célestes

    1.

    D’où viennent les étoiles

    Il y avait un temps où la voûte céleste n’était pas étoilée : seuls le soleil et la lune brillaient au firmament. Les géants, qui s’amusaient à lancer des cailloux contre le disque solaire, finirent par le perforer à plusieurs endroits. Les trous par lesquels la lumière du ciel supérieur nous parvient portent le nom d’étoiles.

    2.

    L’origine des étoiles filantes et des tempêtes

    Pour démêler leur magnifique chevelure, les géantes se servaient de squelettes chevalins en guise de peigne. L’une d’entre elles, assise sur un siège qui atteignait le ciel, peignait ses cheveux à l’aide du croissant de lune ; les grains de poussière qui s’en détachaient scintillaient dans l’air : ce sont les étoiles filantes.

    Une de ces géantes avait des yeux bleus d’une beauté telle que la mer et le ciel se battaient pour eux – ce combat est à l’origine des tempêtes.

    3.

    L’origine des montagnes et des vallons

    A l’époque où la terre venait d’être créée et était encore molle, les géants qui la parcouraient laissaient, ici et là, des empreintes de leurs pieds, qui devenaient des montagnes et des vallons, tellement ces créatures étaient grandes et lourdes.

    4.

    Comment les pierres eurent la taille qu’on leur connaît

    Il y avait une époque où les pierres étaient toutes petites, mais elles grandissaient continuellement, jusqu’au jour où naquit le Sauveur. A cet instant, elles s’arrêtèrent dans leur croissance, et nous les voyons à présent telles qu’elles avaient été le jour de la naissance du Christ.

    5.

    Les phases de la lune A

    Un géant, que l’âge avait rendu paresseux, ne voulut plus se déplacer à pied. Il monta au sommet d’une haute montagne, et au moment où la lune passait au-dessus de la crête, il l’enfourcha et se mit en route en direction de l’ouest, là où le soleil se couche. Ce géant était si lourd qu’après chaque chevauchée le disque lunaire se déformait un peu et qu’il lui fallait du temps pour retrouver sa rondeur et redevenir plein. La lune avait une telle peur du géant qu’elle se cachait parfois pendant de longues périodes. Telle est l’origine des phases lunaires et l’explication des phénomènes de la lune pleine et du croissant naissant. De nos jours encore, on peut voir sur sa surface des rayures et des cicatrices, traces des sévices infligés par le méchant géant.

    6.

    Les phases de la lune B

    Après avoir éconduit Adam et Eve du paradis, l’archange Michel

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