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Contes et légendes de Centre-Asie
Contes et légendes de Centre-Asie
Contes et légendes de Centre-Asie
Livre électronique198 pages1 heure

Contes et légendes de Centre-Asie

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire de Centre-Asie

On dit parmi le peuple : » Les Pléiades sont descendues sur terre, elles sont restées quarante jours sur terre. » A ce propos le récit suivant circule de bouche en bouche.
Pendant la période où les Pléiades sont descendues sur terre, c’est-à-dire à la fin de mai et durant le mois de juin, le sol a reverdi, l’herbe fraîche qui sert de nourriture au bétail a poussé vigoureusement et en abondance. C’est-à-dire que les Pléiades, après leur descente sur terre, se sont couchées sur le sol, elles se sont mises à attirer l’herbe vers le haut. Plus les Pléiades restaient couchées sur le sol, mieux ça valait pour le bétail. Cheval, chameau, vache, mouton, chèvre décidèrent d’empêcher les Pléiades de remonter au ciel, en les clouant à tour de rôle sous leurs sabots.
Quand vint le tour de la chèvre, elle ne fit pas suffisamment attention : les Pléiades se glissèrent entre ses sabots et s’élevèrent au ciel. Si la chèvre n’avait pas été aussi tête en l’air, les Pléiades seraient restées tout le temps sur terre, l’herbe aurait toujours poussé vigoureusement et en abondance, et les animaux ne seraient jamais restés sans nourriture.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Japon
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800050
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    Aperçu du livre

    Contes et légendes de Centre-Asie - Susanne Strassmann

    Contes étiologiques

    Origine des animaux

    1.

    Les animaux domestiques

    (conte qazaq)

    Avant, il n’y avait ni chevaux ni vaches ; les gens mangeaient de l’herbe. L’ancêtre des vaches s’appelait Zeng-Baba¹*. Il était tout seul et vivait avant Adam (c’est comme ça que s’appelle le plus lointain ancêtre du peuple qazaq). L’homme, ayant ramassé de l’herbe, en nourrissait Zeng-Baba et la trayait.

    Le cheval était sauvage et errait par la steppe, il s’appelait Joupar. Il s’approcha de l’homme et le supplia :

    — Donne-moi de l’herbe !

    L’homme lui demanda :

    — Est-ce que tu accepteras que je te mette une selle sur le dos, que je me déplace sur toi et que je te vende ?

    Le cheval fut d’accord. Alors l’homme donna de l’herbe au cheval.

    L’ancêtre du chameau s’appelait Oysoul-le-Noir*. A son propos, on dit : Plonge Oysoul-le-Noir dans l’eau, il ne s’enfonce point, c’est une vieille baratte .

    L’ancêtre de tous les moutons est Tchopan-Ata*. Les chèvres n’ont pas d’aïeul. Elles sont nées de la façon suivante. Le berger avait mené paître Tchopan-Ata. Son maître lui avait dit :

    — Si Tchopan-Ata met bas des agneaux, tout le croît sera pour moi ; tout ce qu’elle mettra bas et qui ne lui ressemblera pas sera pour toi et constituera tes gages.

    Tchopan-Ata met bas agneau après agneau ; alors le berger, de dépit, lui donne un coup de bâton dans la panse. Tchopan-Ata, qui était encore grosse, met bas une chèvre à la queue courte et non dotée d’une poche à graisse. Le maître n’eut pas le droit de la prendre pour lui et la donna au berger.


    ¹Les mots suivis d’un astérisque renvoient au Glossaire en fin d’ouvrage. En ce qui concerne la prononciation, j’ai francisé au maximum, donc pas d’effort à faire toutes les consonnes se prononcent y compris /y/ qui n’est jamais semi-voyelle. Pour /ï/ tenter quelque chose entre le russe byl’ et l’américain bird, explicitement repousser la masse de la langue vers l’arrière de la cavité buccale, et si l’exercice vous rebute, eh bien prononcez le /i/ le plus bizarre que vous pourrez.

    2.

    La chatte

    (conte qazaq)

    Au début, la chatte était un être humain. Et même il paraît que c’était une pute. Dieu s’est mis en colère et l’a transformée en chatte. Au jugement dernier, elle oubliera les bontés qu’on lui a faites et dira du mal de l’homme. C’est pour ça que quand tu lui donnes à manger, il faut lui donner une chiquenaude sur le front.

    3.

    La taupe et la belette

    (conte qazaq)

    Un bay* avait deux filles et deux fils. En ce temps-là, il n’y avait pas d’autres êtres humains sur terre. Le père partit quelque part. La sœur aînée, au cours de son absence, dit à la cadette :

    — Il n’y a pas d’autres mâles que nos frères : unissons-nous à eux.

    La cadette répondit :

    — Dieu entend, c’est un péché !

    — Dieu n’a pas d’oreilles, répliqua l’aînée.

    Après ça elle commença à appeler près d’elle son frère aîné, mais ce dernier refusa. Elle menaçait de le tuer, mais lui pourtant n’était pas effrayé. Alors elle lui creva les yeux et l’enfouit sous terre. Jusqu’à ce jour, les taupes vivent sous terre.

    Le père, rentrant à la maison, apprit ce qui s’était passé et maudit sa fille. Dieu la transforma en belette. Les deux animaux ressemblent à un être humain. Les pattes de l’aveugle ressemblent à des mains. Les Qazaqs ne mangent pas la chair de ces animaux. Porter une chapka faite en fourrure de belette est un péché. Pour un jeune homme bien éduqué cela entraîne aussitôt une maladie ; il n’y a que pour le vieillard que ça ne fait aucun mal. Les Tourgoutes* mangent de la viande de belette et de marmotte :

    — Pourquoi mangez-vous ça ? demandes-tu.

    — C’est très délicieux, répondent-ils.

    C’est parce que c’est de la viande d’être humain que c’est délicieux. La viande d’être humain est délicieuse comme le sucre et la langue humaine est même plus sucrée que le sucre.

    Dieu a marqué la belette par des rayures fauves en long et l’a laissé partir dans la steppe en disant : Ne va pas chez les gens .

    4.

    La chauve-souris

    (conte qazaq)

    On raconte qu’un jour d’entre les jours, Salomon — sur lui soit le Salut — rassembla tous les oiseaux et leur dit :

    — Je me fais vieux ces temps-ci, j’ai besoin pour mon corps d’une couette bien douce, sinon ça n’ira pas. Chacun d’entre vous va me donner une plume et j’en ferai faire une couette.

    Et tous les oiseaux de l’air, un par un, s’arrachant une plume, la donnèrent à Salomon — sur lui soit le Salut.

    Seule la chauve-souris se dit : Est-il possible de donner à Salomon seulement une plume ? Et elle arracha tout son plumage et le lui donna. Salomon accepta le plumage et en remerciement dit :

    — Sois la première parmi les oiseaux !

    Puis il réfléchit : Est-ce que les autres oiseaux ne vont pas rire et se moquer d’elle parce qu’elle est toute nue ? Et il proféra :

    — Tu voleras dans l’air durant la nuit ; au moment ou ni les oiseaux ni les hommes ne pourront voir ton apparence.

    C’est pourquoi jusqu’à ce jour la chauve-souris vole uniquement la nuit.

    5.

    La huppe de l’alouette

    (conte kirghiz)

    La huppe de l’alouette¹ tomba un jour au beau milieu d’un champ d’absinthe que celle-ci survolait. La huppe dit à l’absinthe :

    — Absinthe, absinthe, rends-moi ma huppe !

    — Pas question de te rendre ta huppe, répondit l’absinthe, je ne peux bouger de ma place.

    — Alors je te dénoncerai à la chèvre et elle te mangera ! dit l’alouette et elle alla voir la chèvre :

    — A tel endroit, il y a de l’absinthe en abondance : pourquoi n’irais-tu pas la manger ?

    — Pas question de manger l’absinthe, répondit la chèvre, je me déplace péniblement et je n’arrive pas à porter mon chevreau.

    — Je te dénoncerai au loup et tu vas voir s’il ne te mange pas ! dit l’alouette et à tire-d’aile elle alla trouver le loup :

    — Loup, loup, il y a une chèvre par là-bas, tu devrais la manger !

    — Pas question de manger la chèvre, répondit le loup, je n’arrive pas à creuser ma tanière.

    — J’irai te dénoncer au gardien de chevaux, il faut qu’il vienne tout de suite te battre à coups de fouet ! dit l’alouette et elle fila en vol plané jusque chez le gardien de chevaux :

    — Gardien, gardien, il y a un loup en train de creuser sa tanière dans le vallon en bas, va le battre à coups de fouet.

    — Pas question de battre le loup à coups de fouet, répondit le gardien de chevaux, je n’arrive pas à retrouver mes chevaux qui ont disparu.

    — Tu vas voir si je ne te dénonce pas au bay* ! dit l’alouette.

    Puis, allant chez le bay, elle lui dit :

    — Bay, bay, ton gardien de chevaux a perdu des chevaux et ne les retrouve pas, tu devrais aller le frapper !

    — Pas question d’aller frapper le gardien de chevaux, répondit le bay, je ne parviens pas à soulever et à transporter mes réserves de graisse pour l’hiver.

    — Je vais te dénoncer à la souris, dit l’alouette et elle alla voir la souris.

    — Pas question de percer les panses à graisse du bay, répondit la souris en s’affairant à petits gestes, je n’arrive pas à creuser une cachette pour mes petits.

    — J’irai te dénoncer au garnement et tu vas voir s’il ne verse pas d’eau dans ton trou, dit l’alouette et, ruminant sa vengeance, elle alla parler au garnement.

    — Pas question de verser de l’eau dans son trou, répondit le garnement, j’ai perdu mes osselets de mouton en jouant contre les autres enfants et je n’arrive plus à rattraper mes veaux.

    — Tu vas voir si je ne vais pas te dénoncer à ta mère, répondit l’alouette, et elle vola chez la mère du garnement :

    — Ton fils a perdu ses osselets de mouton, il se bagarre avec tout le monde, tu devrais le fesser !

    — Pas question de le fesser, répondit la mère, je n’arrive pas à carder ma laine.

    — Je vais te dénoncer à la tempête et qu’elle fasse s’envoler ta laine !

    L’alouette s’en fut parler à la tempête et comme celle-ci n’avait rien de mieux à faire, elle accepta. La tempête arriva en aval du vallon et fit s’envoler la laine de la vieille ; la vieille fessa son fils ; le fils versa de l’eau dans le trou de la souris ; la souris sortit et perça les panses du bay ; le bay battit son gardien de chevaux ; le gardien de chevaux fouetta le loup ; le loup poursuivit la chèvre ; la chèvre mangea l’absinthe et rendit sa huppe à l’alouette.

    Depuis ce temps-là, l’alouette porte toujours sa huppe bien enfoncée sur sa tête et ne la laisse plus tomber.


    ¹ Il s’agit en fait du cochevis huppé.

    6.

    Gobe-Hache

    (conte kirghiz)

    Dans le temps jadis vivait un chasseur d’oiseaux du nom de Tchomotoy. Il connaissait la langue de tous les oiseaux.

    Un jour, alors qu’il était assis sur une butte près de sa yourte, un gypaète barbu s’approcha à tire-d’aile et salua Tchomotoy le chasseur d’oiseaux. Après quoi il lui confia ce qui le vexait le plus :

    — Pour ce qui est de moi, je suis le plus grand, le plus fort, le roi de tous

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