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Contes et légendes de Flandre
Contes et légendes de Flandre
Contes et légendes de Flandre
Livre électronique323 pages2 heures

Contes et légendes de Flandre

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire de Flandre

La principale industrie des habitants de la vallée du Geer, c’est le tressage de chapeaux de paille. Selon une vieille légende que l’on se raconte toujours dans cette région, le tressage doit son origine aux lutins qui vivaient dans les sombres grottes de la vallée voici des siècles et des siècles. Ces nains avaient pour coutume d’emprunter, la nuit, toutes sortes de ustensiles aux villageois ; ils les leur remettaient au lever du jour, non sans les avoir nettoyés et astiqués, tout en leur donnant de petits cadeaux en osier. Ainsi ces lutins, qui maîtrisaient l’art du tressage, auraient-ils appris à nos ancêtres à tresser divers objets.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Japon
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800043
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    Aperçu du livre

    Contes et légendes de Flandre - Susanne Strassmann

    Terre et ciel

    1.

    Le soleil et la lune

    Alors que le monde venait d’être créé, on pouvait voir en permanence le soleil et la lune dans le ciel, de jour comme de nuit. Il en était ainsi, afin que tout fût bien ordonné, les hommes comme les choses. Mais la lune était un peu « coureuse ». Pendant un certain temps, elle fit ce que Dieu attendait d’elle ; mais il advint qu’elle s’échappa, un après-midi, afin de n’en faire qu’à sa guise. Elle ne réapparut pas le soir ni même la nuit qui suivit. Il semble qu’elle ait alors trouvé un gîte plus qu’agréable, car sa première escapade fut bientôt suivie d’une deuxième puis d’une troisième, et il ne se passa guère de temps avant qu’elle ne fût toujours en vadrouille. Aussi Dieu entérina-t-il une nouvelle loi afin de régler les affaires de ce monde. Et il dit :

    — Toi, le soleil, tu monteras la garde toute la journée, et toi, la lune, toute la nuit. Et aucun de vous ne devra abandonner son poste une seule seconde. Pour le reste, vous pourrez faire comme bon vous semble, toi, le soleil, durant la nuit, et toi, la lune, durant la journée.

    2.

    Le petit bonhomme sur la lune I

    Un père envoya son fils couper des haies pour fabriquer des ruches. Sur le chemin du retour, le garçon ployait tellement sous son fardeau qu’il n’avançait qu’à grand-peine. Le soir arriva. Il faisait un beau clair de lune : c’était la pleine lune. Notre petit gars poussait des soupirs de fatigue ; et à la seule pensée du chemin qu’il devait encore parcourir, il soupira de plus belle. Levant les yeux vers la lune, il s’exclama :

    — Comme elle est belle ! Comme j’aimerais être là-haut avec mon fagot !

    A peine avait-il prononcé ces mots que, hop ! le voilà qui décollait vers la lune. Une vieille femme s’y trouvait.

    — Tu ne rentreras pas chez toi avant de m’avoir fait une belle ruche, dit-elle au garçonnet.

    Celui-ci fabriqua une ruche, mais le chien de la vieille femme la réduisit en morceaux ; il en fabriqua une deuxième, mais le chien la déchiqueta pareillement. Alors la femme lui dit :

    — Tu vas devoir rester sur la lune aussi longtemps que le monde tournera.

    Levez les yeux au ciel lorsque c’est la pleine lune, et vous le verrez en effet là-bas assis à côté de son fagot. Et le jour où le chien laissera le petit garçon finir sa ruche, le monde disparaîtra.

    3.

    Le petit bonhomme sur la lune II

    Il était une fois une femme pauvre ; elle avait un fils qui s’appelait Janneken. Un beau jour, elle envoya Janneken dans la forêt pour y ramasser du bois.

    Comme le petit vaurien n’avait guère envie de s’aventurer tout seul dans la forêt et qu’il n’avait pas non plus l’intention de s’y attarder, il s’empara à l’insu de sa mère d’une serpette et s’en alla. Au lieu de ramasser du bois sec, il coupa du bois vert, une bonne brassée dont il fit un fagot qu’il jeta sur son dos.

    Il n’avait pas fait cinquante pas que le garde forestier l’interpellait :

    — Janneken ! Le bois que je vois là, tu l’as coupé !

    — Ce n’est pas vrai, rétorqua Janneken, je l’ai trouvé sur place.

    — Dis plutôt que tu l’as volé ! reprit le garde forestier, on ne trouve nulle part du bois vert par terre.

    — Je vous jure que je l’ai trouvé, fit Janneken.

    — Si c’est comme ça, petit menteur, tu vas me suivre chez le châtelain, dit le garde forestier.

    — Si je mens, assura Janneken en prêtant serment, que je me retrouve illico sur la lune.

    Et voilà ce qui se produisit : Janneken n’avait pas eu le temps de finir sa phrase qu’il se trouva soulevé de terre et transporté sur la lune. Et quand la lune brille, on peut le voir là-haut, avec son fagot sur le dos.

    4.

    Le bonhomme sur la lune III

    Un bûcheron, qui n’était guère attaché à Dieu ni à ses commandements, se rendit dans la forêt un dimanche matin pour y couper du bois. Quand il en eut récolté suffisamment et qu’il eut lié son fagot, il reprit la direction de sa maison.

    En chemin, il rencontra un vieil homme qui portait une grande barbe blanche. Ce vieil homme, c’était Dieu, le Seigneur en personne.

    — Qu’as-tu fait ! fit Dieu au bûcheron. Ne sais-tu pas que le dimanche est le jour du Seigneur et que le troisième commandement t’interdit de travailler ce jour-là ?

    — Pour moi, le dimanche n’est pas un jour plus important que le lundi. C’est du pareil au même et je célèbre d’ailleurs le lundi plus volontiers que le dimanche. Ainsi, je travaille le dimanche et me repose le lundi. Et il serait préférable que vous vous mêliez de vos propres affaires…

    Alors, Dieu répondit sur un ton qui cingla aux oreilles du bûcheron comme le tonnerre :

    — S’il en est ainsi, et si le dimanche n’est pas un jour plus important que le lundi, tous les jours seront dorénavant pour toi des lundis que tu passeras pour l’éternité là-haut sur la lune, où tu resteras à jamais avec ton fagot sur le dos.

    Et ainsi en advint-il.

    5.

    La Voie lactée

    Un jour, un homme arriva au village. Il venait d’une très lointaine contrée. Aucun villageois ne le connaissait. Alors qu’il séjournait dans le village depuis un certain temps, une meule de foin partit en fumée au beau milieu de la nuit. Puis une autre la nuit suivante… Et toutes les meules de foin et de paille des environs s’envolèrent ainsi en fumée, les unes après les autres. L’étranger, c’était lui l’incendiaire. Personne ne le savait, personne n’aurait osé imaginer une chose pareille, car cet homme était toujours l’un des premiers à intervenir pour combattre le feu.

    Mais à quoi cela sert-il de donner un coup de main quand une meule est en flammes ? Un jour, la vérité éclata. Ce soir-là, la dernière meule du village était en flammes. Une nouvelle fois, l’homme se trouvait sur place avec son seau d’eau. C’est alors qu’une grande main enflammée surgit du ciel, s’empara de l’incendiaire et le projeta dans la fournaise. Tous les villageois assistaient à la scène.

    Depuis ce jour, par temps clair, on voit régulièrement une lueur apparaître dans le ciel en souvenir de ce méchant homme qui commit tant de méfaits.

    6.

    Les larmes de saint Laurent

    Si jamais vous voyez le soir de la Saint-Laurent, le 10 août, des étoiles filantes traverser le ciel, surtout n’allez pas imaginer qu’il s’agit d’étoiles filantes, comme on peut en voir à d’autres moments, et évitez de faire un vœu. Il s’agit des larmes de saint Laurent qui tombent du ciel, car c’est lors d’un 10 août que saint Laurent a été rôti par les Juifs.

    7.

    Pourquoi le soleil brille toujours le samedi

    Le soleil brille toujours le samedi, qu’il vente ou qu’il pleuve ! S’il ne brille parfois que l’espace de quelques secondes, il brille juste le temps dont la Sainte Vierge a besoin pour passer une chemise propre.

    8.

    L’origine des montagnes I

    En ce temps-là, le monde était uniquement peuplé de géants. Et ces géants étaient divisés en deux clans qui se déclarèrent un jour la guerre. Cette guerre se prolongea jusqu’à ce que les deux parties fussent pratiquement entièrement décimées. Quelques géants survécurent çà et là ; ils se retranchèrent dans des châteaux forts. L’ultime bataille put alors commencer. D’un château à l’autre, les géants s’envoyaient d’énormes rochers. Ces rochers s’amoncelèrent jusqu’à former de hautes montagnes.

    9.

    L’origine des montagnes II

    Dieu, pour rendre le monde fertile, jeta des poignées et des poignées de terre partout où il ne voulait pas que la mer soit. Quand Dieu eut terminé, le diable arriva ; il répartit en plusieurs endroits le tas de terre qui restait. C’est ainsi qu’apparurent des montagnes qui s’élèvent jusqu’aux nuages et qui séparent les contrées fertiles les unes des autres.

    10.

    L’origine du Kluisberg (mont de l’Enclus)

    J’ai souvent entendu feu mon oncle paternel raconter — et il n’était pas le seul à le faire — qu’un paysan de la région travaillait avec un âne aveugle. Une fois, l’âne traça un sillon et, alors qu’il devait se retourner, il ne put avancer, tant la terre pesait sur le socle de la charrue. C’est alors que le paysan projeta au loin la charrue ; et ainsi apparut le mont de l’Enclus.

    Et si le lit de l’Escaut est aussi oblique, c’est pour la même raison.

    11.

    L’origine des mers et des fleuves

    Quand Dieu créa la Terre, le diable ne resta pas à ne rien faire. Le hasard voulut que ce dernier tienne dans ses mains le globe terrestre fraîchement pétri avant même que Dieu ne le mette à sécher. Et que pensez-vous que le diable fit ? Il mit ses mains çà et là dans la terre meuble, tandis que le globe ne cessait de tourner. Et aux endroits où il ne pouvait creuser des abîmes avec ses paluches, il y gratta des fossés.

    Ces abîmes sont devenus des mers, ces fossés des fleuves et des rivières. Oui, le diable souhaitait voir la Terre recouverte de mers afin de rendre toute vie impossible. Mais il n’est pas parvenu à ses fins.

    12.

    L’origine du sel de mer

    Il était une fois deux frères qui s’appelaient Jan et Klaai. L’un était riche, l’autre pauvre, et ils vivaient dans des endroits relativement éloignés l’un de l’autre.

    On allait sur le Nouvel An et Jan, le pauvre, se mit en route pour rendre visite à son frère et lui quémander une libéralité ; pourquoi, se disait-il, ne pourrais-je pas manger autre chose que la tranche de pain sec dont je suis obligé de faire mon quotidien ? Klaai était un gars borné et obtus, assez avare par-dessus le marché pour rogner sur le moindre centime. Toutefois, puisque Jan était son frère, il eut pitié et alla prendre à la cave un jambon dont il lui fit cadeau.

    — Je vous suis reconnaissant de cette marque d’affection, lui dit Jan, qui, heureux comme un pape, quitta la demeure de son riche frère.

    Il fallait à présent à notre Jan traverser une forêt pour s’en retourner chez lui ; alors qu’il se trouvait au cœur de la forêt, il rencontra un bûcheron aux cheveux blancs et à la longue barbe blanche, qui était en train de fendre du bois.

    — Bonsoir !

    — Bonsoir ! répondit le vieillard. Que vous avez là un beau jambon !

    — Pour sûr, fit Jan, et il raconta comment il avait obtenu une aussi belle cuisse de cochon.

    — Estimez-vous heureux d’être passé par ici, lui dit le bûcheron, car si vous allez au pays des lutins avec votre jambon, vous en obtiendrez un bel avantage en contrepartie ; pour tout vous dire, les lutins sont des amateurs de jambon et ils n’élèvent pas de porcs là où ils habitent.

    — Et pourquoi ne m’y rendrais-je pas ? songea Jan, si jamais ça peut me rapporter une somme rondelette. Mais dites-moi, l’ami, quel chemin dois-je prendre pour aller dans ce pays ?

    — Vous voyez cette porte, là, sous les racines de ce chêne centenaire ?… Eh bien, c’est l’entrée de ce pays souterrain. Surtout, renoncez à demander de l’argent en échange de votre jambon. Réclamez plutôt le vieux moulin à légumes qui se trouve derrière la porte ; et quand vous reviendrez, je vous expliquerai son fonctionnement.

    Jan se rendit dans la direction indiquée. Toc-toc-toc fit la porte, et on le laissa entrer. A peine était-il à l’intérieur avec son jambon que les lutins, dont les narines étaient caressées par l’odeur de la viande, accoururent de tous côtés, et ce fut un essaim de trente, de cent lutins qui tournoya bientôt autour de lui, tous convoitant du regard son jambon.

    — Voulez-vous vendre votre jambon, mon brave ? demanda un lutin gros et gras qui portait une grande et longue barbe, ainsi qu’une petite bosse sur le dos, et qui faisait figure de chef dans ce pays : voulez-vous nous le céder, nous vous en donnerons deux pots d’or ou quatre d’argent !

    — Je n’ai que faire de votre argent, mon gros monsieur, mais j’échangerais bien en revanche mon jambon contre ce vieux moulin à légumes qui se trouve derrière la porte. Le gros petit bonhomme refusa car les lutins étaient les seuls à posséder un tel moulin.

    — Monseigneur, glissa un lutin bien plus maigre à l’oreille du chef, donnez-le lui : ce moulin est vétuste, et cet homme ignore de toute façon comment on doit s’en servir ! Et nous, nous gagnons ce beau jambon.

    La vente fut conclue ; le pauvre Jan emporta le moulin qui ne faisait que la moitié du poids du jambon, et s’en retourna dans la forêt. Il y trouva le bûcheron qui avait repris sa tâche.

    — Voici le moulin, s’écria Jan, fier comme un pape, en montrant l’objet au vieil homme qui lui expliqua sur-le-champ comment l’utiliser. Jan chargea l’ustensile sur son épaule ; bravant tous les dangers, il retrouva sa moitié dans leur maison alors qu’il était près de minuit.

    — Mais qu’as-tu fabriqué pendant tout ce temps ? lui demanda sa femme, ça fait des heures et des heures que je t’attends, et nous n’avons pas même du bois pour faire du feu, et rien non plus à mettre dans la marmite ce soir. Je grelotte de froid et je crève de faim.

    — C’est vrai, femme, répondit Jan en souriant, il fait froid et sombre ici, sans compter qu’il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ; mais attends une seconde et je vais faire des miracles !

    Il posa le petit moulin sur la table et le fit tourner. Le bûcheron avait dit à Jan de faire un vœu en fonction de ce qu’il désirait. Il forma des vœux tout en continuant de mouliner.

    Il en sortit d’abord

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