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Contes et légendes des Comores
Contes et légendes des Comores
Contes et légendes des Comores
Livre électronique197 pages1 heure

Contes et légendes des Comores

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire des Comores

Je suis l'enfant d'une contrée de sagesse et de folie. Bercé par le son des tam-tams, je viens, les pieds nus, vous transmettre les mots de mes ancêtres bantus. Sachez que Conte n'aurait pas existé si la vieille femme ne s'était pas perdue à Allahalélé ; si le vieux Gombé ne lui avait pas donné la petite marmite en terre qui contenait de belles histoires; si Soleil, jaloux et aigri, ne l'avait pas cassée. Depuis, chaque pays détient des contes, mais prenez garde de ne jamais les raconter en présence de Soleil. Quand je vous dirai : " Allahalélé ", répondez : " Gombé ". Ainsi, ensemble, nous scellerons le pacte des origines du Verbe.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Burkina-Faso
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800128
Contes et légendes des Comores

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    Aperçu du livre

    Contes et légendes des Comores - Salim Hatubou

    Aux origines des animaux

    1.

    Chat et Chien

    Autrefois, les animaux avaient une vie sociale très bien organisée. Chien, pour gagner sa vie, avait un travail formidable, celui de transporteur.

    Un jour, Chat décida de faire le tour du monde. Pour cela, il appela Chien et lui fit part de son projet :

    – Je voudrais bien t’aider, Chat, mais il m’est impossible de m’absenter.

    – Pourquoi donc, Chien ?

    – Parce que je suis le seul transporteur ici. Si je m’absentais, comment feraient les autres animaux ?

    Chat réfléchit un instant avant de proposer :

    – Chien, je te paierai le double de ce que tu aurais gagné durant ton absence.

    L’offre parut fort alléchante à Chien, qui finit par accepter. Ce fut ainsi que Chat se retrouva sur le dos de Chien.

    Les deux compères arrivèrent dans un premier pays. Dans ce pays-là, il y avait une place publique. Sur cette place publique-là, il y avait une mosquée. Devant cette mosquée-là, il y avait des hommes. Ces hommes-là lisaient le Coran et étaient fort intrigués de voir un chat sur le dos d’un chien. Aussi demandèrent-ils :

    – Où allez-vous ainsi, Chat et Chien ?

    Chat bomba le torse et répondit :

    – Je fais le tour du monde. Et voici mon valet, domestique, serviteur et transporteur : Chien.

    Chien fut humilié par les propos blessants qu’il venait d’entendre. Il voulut dire un mot, mais Chat lui glissa à l’oreille :

    – Si tu acceptes tout ce que je viens de dire, je multiplierais le prix par trois.

    Chien, séduit par cette proposition, dit aux hommes :

    – Comme l’a si bien expliqué Sa Majesté Chat, nous faisons le tour du monde et, moi, Chien, je ne suis que son valet, domestique, serviteur et transporteur.

    Et les hommes rirent aux éclats. Cahin-caha, Chien poursuivit sa route, avec Chat toujours confortablement installé sur son dos.

    Les deux compères arrivèrent dans un deuxième pays. Dans ce pays-là, il y avait une place publique. Sur cette place publique-là, il y avait une église. Devant cette église-là, il y avait des hommes. Ces hommes-là lisaient la Bible et étaient fort intrigués de voir un chat sur le dos d’un chien. Aussi demandèrent-ils :

    – Où allez-vous ainsi, Chat et Chien ?

    Chat bomba le torse et répondit :

    – Je fais le tour du monde. Et voici mon valet, domestique, serviteur et transporteur : Chien.

    Chien fut humilié par les propos blessants qu’il venait d’entendre. Il voulut dire un mot, mais Chat lui glissa à l’oreille :

    – Si tu acceptes tout ce que je viens de dire, je multiplierais le prix par quatre.

    Chien, séduit par cette proposition, dit aux hommes :

    – Comme l’a si bien expliqué Sa Majesté Chat, nous faisons le tour du monde et, moi, Chien, je ne suis que son valet, domestique, serviteur et transporteur.

    Et les hommes rirent aux éclats. Cahin-caha, Chien poursuivit sa route, avec Chat toujours confortablement installé sur son dos.

    Les deux compères arrivèrent dans un troisième pays. Dans ce pays-là, il y avait une place publique. Sur cette place publique-là, il y avait une synagogue. Devant cette synagogue-là, il y avait des hommes. Ces hommes-là lisaient la Torah et étaient fort intrigués de voir un chat sur le dos d’un chien. Aussi demandèrent-ils :

    – Où allez-vous ainsi, Chat et Chien ?

    Chat bomba le torse et répondit :

    – Je fais le tour du monde. Et voici mon valet, domestique, serviteur et transporteur : Chien.

    Chien fut humilié par les propos blessants qu’il venait d’entendre. Il voulut dire un mot, mais Chat lui glissa à l’oreille :

    – Si tu acceptes tout ce que je viens de dire, je multiplierais le prix par cinq.

    Chien, séduit par cette proposition, dit aux hommes :

    – Comme l’a si bien expliqué Sa Majesté Chat, nous faisons le tour du monde et, moi, Chien, je ne suis que son valet, domestique, serviteur et transporteur.

    Et les hommes rirent aux éclats. Cahin-caha, Chien poursuivit sa route, avec Chat toujours confortablement installé sur son dos.

    Et le tour du monde fut ainsi fait. Chien déposa alors Chat devant sa maison et lui demanda :

    – Chat, paie-moi !

    – Attends-moi là, j’arrive !

    Chat pénétra dans sa tanière où il se barricada. Chien l’attendit longtemps, très longtemps…

    Il commença à tambouriner la porte.

    – Chat, paie-moi ! Chat, paie-moi !

    Mais Chat resta sourd. Depuis ce jour, Chien cherche Chat. Et quand il le voit, il le poursuit en hurlant :

    – Paie-moi ! Paie-moi !

    Parfois, les deux compères passent devant une mosquée, trouvent des hommes qui lisent le Coran. Parfois, ils passent devant une église et trouvent des hommes qui lisent la Bible. Parfois, ils passent devant une synagogue et trouvent des hommes qui lisent la Torah.

    Parfois, ils passent devant un lieu de prières où des hommes lisent le Coran, la Bible, la Torah en même temps. A chaque fois, oui, à chaque fois, on leur pose la même question :

    – Chat et Chien, où courrez-vous ainsi ?

    Jamais, non, jamais, ils ne répondent. Chien est occupé à réclamer son dû. Chat est occupé à sauver sa vie. Et ils courent, courent… Ils courent toujours depuis la nuit des temps, depuis la nuit des religions…

    2.

    Hérisson

    Dans un village, vivaient trois sœurs prénommées M’goma, M’trumbeni et Mwana Anziza. Leurs parents élevaient des poules et cultivaient des champs situés loin du village. Chaque matin, avant de partir, ils faisaient la leçon à leurs filles :

    – Ne laissez personne s’approcher des poules !

    Mais à peine avaient-ils le dos tourné qu’un diable poilu et cornu surgissait dans la cour de la maison, chantait et dansait :

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Je suis le seigneur des forêts

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Où sont vos parents ?

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Ô jolies et tendres filles

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Donnez-moi une poule !

    Cette chanson amusait les trois sœurs qui à leur tour se mettaient à chanter et danser :

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Nous sommes les princesses de la ferme

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Nos parents sont aux champs

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Ô grand seigneur des forêts

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Prends la poule la plus grasse !

    Alors le diable attrapait une poule, l’avalait sur-le-champ et partait en remuant son énorme derrière. Il en était ainsi tous les matins.

    Un beau jour, les parents remarquèrent que le nombre de poules avait considérablement diminué.

    – Que se passe-t-il ? demandèrent-ils aux trois sœurs.

    – Tous les matins, raconta Mwana Anziza, un diable poilu vient ici et s’empare des poules !

    Ce matin-là, les parents n’allèrent pas aux champs mais se cachèrent derrière la case familiale.

    Le diable arriva et se mit à chanter et danser :

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Je suis le seigneur des forêts

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Où sont vos parents ?

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Ô jolies et tendres filles

    Cloc ! Cloc ! Cloc !

    Donnez-moi une poule !

    Sachant la présence des parents, les trois filles répondirent en rythme :

    Dong ! Dong ! Dong !

    Ô vilain diable poilu

    Dong ! Dong ! Dong !

    Tu es un voleur de poules !

    Dong ! Dong ! Dong !

    Va-t’en dans les entrailles de ta forêt

    Dong ! Dong ! Dong !

    Et ne reviens jamais ici !

    Blessé et humilié, le diable sortit ses griffes et se lança à la poursuite des trois sœurs. Soudain, le père surgit de sa cachette et lui trancha la tête de son épée.

    – Ha ! Ha ! Pauvre sot ! Tu as coupé ma tête mais il m’en reste encore six ! Ignorais-tu que les diables avaient plusieurs têtes ? Ha ! Ha ! Pauvre simple d’esprit ! hurla le diable en riant.

    Le père coupa cette deuxième tête qui venait de pousser sur les épaules du diable, qui hurla de plus belle :

    – Ha ! Ha ! Pauvre sot ! Tu as coupé ma deuxième tête mais il m’en reste encore cinq ! Ignorais-tu que les diables avaient plusieurs têtes ? Ha ! Ha ! Pauvre simple d’esprit !

    Et une autre tête poussa. Le père la coupa. Puis une autre, puis une autre…

    Quand le diable eut perdu ses sept têtes, il s’effondra au sol. Le père le découpa en petits morceaux qu’il déposa dans une marmite et fit cuire.

    Il dit à ses filles :

    – Demain, votre mère et moi irons aux champs. Ne touchez surtout pas à cette viande ! Avez-vous entendu ?

    – Oui, père, répondirent en chœur les trois sœurs.

    Le lendemain, les parents s’en allèrent donc. Mwana Anziza appela ses sœurs et leur montra la marmite qui contenait les morceaux du diable poilu.

    – Avez-vous déjà mangé du diable ? demanda-t-elle à ses sœurs.

    – Non, répondit M’trumbeni.

    – Venez, on va goûter ! rétorqua Mwana Anziza.

    – Père a dit qu’il ne fallait pas y toucher, précisa M’goma.

    – Il n’en saura rien et s’il fallait écouter tout ce qu’il dit ! lança Mwana Anziza, en s’approchant de la marmite.

    Ses sœurs la supplièrent de ne pas désobéir aux parents mais elle se moqua d’elles et les traita de pauvres idiotes. Elle ramassa un morceau de viande et l’avala.

    – C’est très bon ! Très très bon ! Venez man…

    Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une corne lui poussa au beau milieu du crâne. Effrayées, les deux autres sœurs crièrent.

    – Ne dites rien aux parents ! supplia Mwana Anziza.

    Mais M’trumbeni courait déjà en direction des champs familiaux. Elle chantait :

    Père et Mère ! Tarara !

    Père et Mère ! Tarara !

    Mwana Anziza a désobéi !

    Tarara !

    Elle a mangé le diable

    Tarara !

    Une corne lui est poussée

    Et a percé le toit

    Dong !

    Les parents eurent écho de cette chanson. Ils accoururent au village. Fou de rage, le père jeta Mwana Anziza dans un pilon, l’écrasa et la lança à la mer.

    Tous les jours, à l’aube, les pêcheurs, assis sur leur pirogue, entendaient cette chanson venue de nulle part :

    Ma sœur l’a dit à Mère

    Mère m’a insultée

    Ma sœur l’a dit à Père

    Père m’a mise dans un pilon

    Goud ! Goud ! Comme du riz

    Goud ! Goud ! Comme du maïs

    Goud ! Goud ! Comme des feuilles

    de manioc

    Il m’a faite poussière

    Et la voix se taisait.

    Jadis belle, puis dotée

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