L’île sans mémoire
Mon train transporte sa cargaison de serpes, de haches au tranchant bleu graissé soigneusement enveloppées de toile et de dormeurs aux visages noircis par la fatigue, vite et tout droit à travers la nuit verte car il a beaucoup plu sur les talus d’herbe tendre et sur les guérets qui bordent la forêt primitive. Et maintenant, puisqu’il s’arrête, penchons-nous un peu à la fenêtre: c’est une petite gare dans la nuit tombée, pleine de rouleaux de cordes, de sacs de sciure et d’ombres fléchies qui circulent en déroulant ces cordes et s’interpellent en bâillant. Il y a des jours comme celui-ci où quoi qu’on en ait, on ne voit que de pauvres gens faire de pauvres choses, où tous ceux auxquels on s’adresse
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