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Les Étés à La Chevinière: Récit de vacances et ode à la nature
Les Étés à La Chevinière: Récit de vacances et ode à la nature
Les Étés à La Chevinière: Récit de vacances et ode à la nature
Livre électronique185 pages2 heures

Les Étés à La Chevinière: Récit de vacances et ode à la nature

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À propos de ce livre électronique

Souvenirs d'une enfance rurale...

René revient sur les lieux enchanteurs de son enfance qu’il a quittés depuis qu’il travaille comme professeur à l’étranger. Malheureusement, il ne retrouve rien de ce qu’il avait laissé : ses grands-parents reposent dans le petit cimetière, et La Chevinière, la maison où il a connu tant de journées de bonheur, a été défigurée par son nouveau propriétaire. Quant au village, il est envahi par la puanteur d’une usine d’engrais chimiques.
Faute d’indices matériels, René se réfugie dans le souvenir de ses grandes vacances, lorsqu’il régnait sur un territoire peuplé d’animaux sauvages et domestiques, d’arbres, de plantes. Il avait réussi à tisser avec la nature une relation affective étroite et sensuelle.
D’autre part, il lui suffisait d’observer ses grands-parents pour apprendre les vertus d’un labeur assidu et pour découvrir la vie, les relations, amicales ou hostiles, entre les adultes, les mesquineries et les brouilles, mais aussi les joies et les rires.
Récit de vacances, éloge de la nature, Les Étés à La Chevinière sont aussi un roman initiatique. Ces trois mois d’été, immuables au fil des années, offriront au jeune garçon bien plus qu’une formation. Ils forgeront définitivement sa personnalité.

Un roman entre récit de vacances et roman initiatique, qui sait bien dire la vie simple mais essentielle.

EXTRAIT

L’homme coupe le moteur et sort de la voiture. Saisi par le silence, il s’aperçoit, tout à coup, qu’il a depuis bien longtemps oublié d’écouter le frémissement du vent dans la cime des arbres. Automne ou été, leurs frondaisons lui parlaient jadis, dans le mouvement souple de leurs têtes, de leurs bras, et il tendait l’oreille… Il était un enfant alors. Cela paraît si proche…
La grille du cimetière crie sur ses gonds, et le gravier de l’allée craque sous ses pas. La tombe est tout en haut, à gauche. Il s’avance lentement, dans la direction du cantonnier garde champêtre qui l’observe du coin de l’œil, en ratissant le sable. À quelques mètres de distance, les deux hommes se regardent, incrédules, avant de se reconnaître.

À PROPOS DE L’AUTEUR

Professeur de lettres, Roland Decriaud a enseigné dans les Dom-Tom avant de rentrer dans son pays natal, le Bourbonnais (Allier). Collaborateur de revues pédagogiques, de manuels scolaires, auteur d’un essai sur l’évolution du métier de professeur, lauréat de plusieurs concours de nouvelles, il s’inspire de son expérience d’enseignant, de ses propres professeurs et de ses anciens compagnons de classe pour composer ses romans. L’auteur vit à côté de Vichy.
LangueFrançais
ÉditeurLucien Souny
Date de sortie18 août 2017
ISBN9782848866406
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    Aperçu du livre

    Les Étés à La Chevinière - Roland Decriaud

    L’homme coupe le moteur et sort de la voiture. Saisi par le silence, il s’aperçoit, tout à coup, qu’il a depuis bien longtemps oublié d’écouter le frémissement du vent dans la cime des arbres. Automne ou été, leurs frondaisons lui parlaient jadis, dans le mouvement souple de leurs têtes, de leurs bras, et il tendait l’oreille… Il était un enfant alors. Cela paraît si proche…

    La grille du cimetière crie sur ses gonds, et le gravier de l’allée craque sous ses pas. La tombe est tout en haut, à gauche. Il s’avance lentement, dans la direction du cantonnier garde champêtre qui l’observe du coin de l’œil, en ratissant le sable. À quelques mètres de distance, les deux hommes se regardent, incrédules, avant de se reconnaître.

    — Bon Dieu de bon Dieu ! s’exclame l’employé municipal, qui jure aussi bien au milieu des morts que parmi les vivants, c’est donc bien toi, gamin ! Par exemple !

    Il relève sa casquette noircie par la transpiration, s’essuie le front, secoue à n’en plus finir le bras du jeune homme qui retrouve, dans un visage plus émacié, plus rouge aussi, un regard familier, à la fois débonnaire et jovial. « La crème des hommes », disent de lui les gens du village – « quand il est à jeun » ! Les morts ne peuvent pas être mieux gardés.

    — Dieu de bon Dieu ! Je me disais, aussi, en v’là un qui monte vers la tombe du haut ! C’est qu’il n’y vient pas grand monde ! Mais tu verras : je la tiens bien propre.

    La rencontre appelle un canon, qu’ils vont boire dans la remise à outils. Le litre est au frais dans un vase de cimetière, les verres sont culottés de bleu.

    — Eh ben, mon petit René, réitère le Fernand, qui a bu d’un trait le premier canon, pour abattre la poussière et faire taire l’émotion, si je m’attendais à te voir aujourd’hui ! Sacré gamin ! Tu te rappelles que tu voulais être garde champêtre, pour avoir un képi comme le mien ? Même qu’une fois tu me l’avais volé, et que ta grand-mère criait, et que ton grand-père te courait après parce que tu ne voulais plus me le rendre ! On me l’avait dit, que tu étais parti faire ton service militaire à la colonie, chez les Papous, ou les Zoulous. Je me doutais bien que tu passe-rais par là, un jour ou l’autre. Tu aurais mieux aimé les retrouver là-haut, sur la colline, au bout du Thureau, à La Chevinière, c’est certain. Mais que veux-tu…

    Et soudain, le regard inquiet :

    — Au fait, tu y es monté ?

    — Non, je voulais venir au cimetière d’abord.

    Le Fernand remplit les verres avec des airs de conspirateur.

    — Eh ben, écoute-moi : n’y va pas.

    — Pourquoi ?

    — Tu sais, bien sûr, qu’après le départ de ton grand-père, elle a été vendue, la maison. Fallait bien : plus personne n’était là pour l’entretenir. Seulement, aujourd’hui, ces maisons-là, c’est pas des gens de chez nous qui les achètent. C’est des Parisiens. Ou des Anglais ! Au moins les Parisiens, on comprend ce qu’ils disent – quoique –, mais c’est pas pour ça qu’ils sont comme nous ! Telle qu’elle était, La Chevinière, telle qu’on l’a connue, toi et moi, toi mieux que moi puisque tu y venais toutes les vacances, – mais moi, je passais jamais devant sans m’arrêter boire un canon, faut pas vexer les gens –, eh bien, elle ne lui a pas convenu, au Parisien. Il l’a d’abord laissée fermée longtemps. Pour moi, il attendait d’être en retraite, il voulait faire les transformations lui-même. Tu imagines ce que ça peut être, les travaux d’un maçon pareil ! Un massacre ! Figure-toi : le gros tilleul du coin, qui donnait une si belle ombre, en été : il l’a abattu ! Et la cave, il l’a toute défoncée pour y mettre une cuve à mazout. Oui monsieur. Et la remise ! Il a enlevé la toiture, la charpente et il a entrepris de la relever pour la mettre au niveau de la maison : ça n’a point d’allure ! Et sur la terre, autour, il a coupé les chênes, rasé les bouchures. Un massacre, je te dis ! Il paraît même qu’il y aurait semé de l’herbe ! Qu’on a déjà tant de mal à piocher celle qui pousse toute seule, cette saloperie de chiendent. Du gazon, qu’il y appelle ! Non, crois-moi : n’y va pas. T’en serais malade. De toute façon, il n’y a plus personne à voir…

    Ce n’est certes pas ainsi que René imaginait son retour, dans ses fantasmes d’enfant. Il a toujours su qu’un jour il partirait, très loin. Ensuite, il reviendrait auprès des êtres chers, qui l’auraient attendu, inchangés, à leur place. Mûri par l’expérience, le voilà qui gravit, d’un pas lourd et serein, le chemin sablonneux. Il arrive devant La Chevinière, traverse la cour, heurte à la porte. Et ils sont là, le grand-père, qui, de surprise, pose à terre son panier, la grand-mère qui s’essuie les mains dans son tablier.

    « Et puis est retourné, plein d’usage et raison

    Vivre entre ses parents le reste de son âge… »

    Fernand a raison : il vaut mieux qu’il n’aille pas voir la maison, habitée par des étrangers, saccagée par une main barbare.

    — Je m’arrêterai simplement au moulin, regarder les pêcheurs.

    Le cantonnier s’étrangle avec le troisième canon.

    — Des pêcheurs ? Mais, mon pauvre ami, comment veux-tu ? Pour la rivière, tu ne sais donc pas non plus ? Tiens : tu ne sens rien ? Non, le vent a tourné. Mais certains jours : une puanteur ! Des engrais chimiques, qu’ils fabriquent plus haut, et vas-y que je te déverse toutes leurs cochonneries dans la Charmelle. Même les vaches ne veulent plus y boire. Il faut apporter des citernes. Alors les poissons, tu penses bien, ceux que t’apercevras, ils nageront sur le dos ! Et des pêcheurs, il y a belle lurette qu’on n’en voit plus.

    René vide son verre, d’un coup, comme pour marquer sa décision de ne pas revenir sur les traces d’un passé piétiné, anéanti. Fernand lui laisse le temps d’aller se recueillir sur la tombe, bien propre, en effet, et égayée de fleurs artificielles aux couleurs vives, puis il le raccompagne jusqu’à l’entrée du cimetière, comme un propriétaire reconduit son hôte, lui adresse un dernier signe amical, tandis que la voiture s’éloigne.

    — Au revoir, gamin.

    Sur la place de l’église, des enfants jouent au ballon. Le chemin de La Chevinière est sur la gauche. Il a été goudronné. Mais René suivra le conseil de Fernand : il n’y montera pas, pas plus qu’il ne s’arrêtera, après le premier virage, devant l’ancien moulin transformé en maison de campagne par quelque citadin, au bord de la rivière où les pêcheurs, jadis, vivaient d’ineffables moments de bonheur.

    La Chevinière dévastée, la rivière empoisonnée… Que reste-t-il, sinon le souvenir, où résonnent les accents familiers, lointains, des voix aimées, où s’animent des fantômes diffus et impalpables, aux contours à la fois incertains et précis, où se fondent, dans une étreinte cruelle, le bonheur du passé restauré et la douleur de le savoir à jamais disparu ?

    Dans les années cinquante, un parfum de vacances accompagnait l’arrivée de l’été. Ce dernier s’était installé en catimini, pas à pas, jour après jour, insidieusement. Puis, d’un seul coup, sans prévenir, il avait planté ses dards brûlants dans la chair tendre des citadins, aveuglés par l’éclat fulgurant de sa lumière triomphante, et il avait pris possession de la ville.

    Les jambes, les torses, affranchis de leur poids de laine, se livraient maintenant à la tiédeur de l’air. Des fiers-à-bras en débardeur exhibaient des poitrines velues, des muscles noueux qui roulaient sous la peau. Les robes légères des femmes libéraient la courbe harmonieuse et souple des hanches, découvraient des épaules et des jambes blanches, tandis que le bonheur d’une brise espiègle dévoilait par instants, dans la lumière crue, les replis secrets d’une chair laiteuse, trop vite dissimulée.

    À midi, on se réfugiait derrière la pénombre des persiennes closes. Le soir, on s’asseyait devant la porte pour causer en fumant ou en écossant des petits pois. On retardait l’heure du coucher dans l’attente d’une fraîcheur qui ne viendrait pas avant l’aube.

    Dans la cour de l’école, les récréations de l’après-midi empiétaient un peu plus chaque jour sur le temps de travail. Les martinets rayaient l’azur, flèches stridentes qui frôlaient les toits anguleux de la pointe de leurs ailes, avant de remonter, dans de fulgurantes ascensions brisées soudain en piqués vertigineux. Les maîtres, sanglés dans leur blouse grise, arpentaient l’aire de jeux d’un pas régulier, mécanique, pivotant comme des automates, dans un ballet bien réglé, qui repartait en sens inverse, au milieu de la poussière soulevée par les courses-poursuites tapageuses et les dérapages brutaux des plus turbulents, qu’ils rappelaient à l’ordre, d’une voix ferme, avant de reprendre, indulgents et complices, leur bavardage inter-rompu.

    L’un d’eux se détachait enfin du groupe pour aller agiter la cloche, et l’on se remettait en rang, sans hâte, on entrait dans la classe, l’esprit ailleurs. Si la matinée était restée studieuse, la canicule de l’après-midi, en revanche, n’incitait pas au travail. La lecture à haute voix faite par le maître, debout sur l’estrade, récompense naguère hebdomadaire d’un travail assidu – et supprimée si tel n’avait pas été le cas –, devenait quotidienne. Où le maître allait-il donc dénicher de si belles histoires ? On imaginait, chez lui, une bibliothèque bien fournie… Après Tartarin de Tarascon, qui avait introduit dans la pénombre de la salle de classe la lumière des pays chauds, les parfums exotiques, les couleurs vives de ces timbres des lointaines colonies que l’on s’échangeait en sous-main, la saveur de l’aventure, le livre suivant ramenait les enfants vers l’univers plus familier, mais d’autant plus présent, des récits de pêche à la ligne, écrits par un lettré qui n’avait pas oublié son enfance campagnarde, et qui aimait la rivière et les poissons comme seuls peuvent le faire les vrais pêcheurs.

    — Demain matin, nous classerons les livres et nous les rangerons. L’après-midi, je continuerai la lecture de La Boîte à pêche, de Maurice Genevoix, qui vous a bien plu, je crois, et je vous libérerai jusqu’à la rentrée prochaine, car vous serez en vacances, dit le maître avant de délivrer la meute impatiente qui s’était égaillée en hurlant, cartable au dos.

    Riri avait rattrapé en courant son copain René.

    — Je pose le cartable à la maison, et je vais à la pêche. Comme c’est les vacances et qu’on n’a pas de devoirs, peut-être que tes parents te laisseront venir ? Si tu veux me rejoindre, je serai près du pont.

    Les parents avaient donné la permission, et René, la canne en main, avait couru retrouver Riri. Pieds nus dans l’eau, il cueillit en hâte, sous les pierres, quelques charge-bois, dans leur petit tunnel de sable.

    — Si t’en as pas assez, demande-moi ! cria Riri en montrant, dans la poche béante de son short, une poignée d’asticots, qu’il avait prélevés sur une charogne, dans la poubelle du restaurant où travaillait son père.

    Il n’avait pas pris le temps de les mettre dans une boîte, et il les sentait, à travers le tissu, grouiller contre sa cuisse.

    Riri avait, pour la pêche, la technique sûre, le geste ferme que donne une pratique déjà longue. Il laissait le flotteur glisser dans le courant, et, sans même attendre qu’il plonge, dès qu’il le voyait frémir, il ferrait, d’un léger mouvement du poignet, le poisson qui frétillait en l’air avant de disparaître dans le sac accroché à sa ceinture.

    Moins adroit, René manquait des touches, ferrait trop fort, ou trop tard, si bien que le poisson s’enfuyait, ou se décrochait. Mais il en prenait sa part, quand même, et l’on voyait les vairons dorés se dandiner désespérément au bout de la ligne, pièces d’or scintillantes dans la lumière du soleil déclinant, auxquelles se mêlait parfois le cliquetis muet d’une ablette argentée ou d’un gardon aux nageoires rouges.

    Au milieu de la rivière, un homme en cuissardes pêchait à la mouche, fouettant la surface de l’eau d’un fil translucide. Des promeneurs s’arrêtaient un instant pour les regarder. Quand le soleil passa derrière la pile du pont et que l’ombre entreprit de s’étendre, ils regagnèrent la berge. Le sac de Riri était plein à craquer. Celui de René l’était moins, mais il contenait une friture, qui agrémenterait le dîner.

    — Si tu veux, répond Riri, pendant les vacances, on pourra y aller tous les jours. Le matin et le soir, j’aide mon père au restaurant. Mais les après-midi, je suis libre.

    — C’est que, dit René, gêné, moi, demain, je pars en vacances…

    Le visage de Riri se ternit, de déception, d’abord, car il perd un bon copain, d’envie aussi, un peu, car « partir en vacances » est une expression magique, un luxe réservé à quelques privilégiés.

    — Tu vas où ?

    — À la campagne, chez mes grands-parents.

    — Loin ?

    — Houla ! Au moins cent kilomètres, à ce que pré-tend mon père.

    Tous les espoirs de Riri s’envolent. Comme l’année passée, il travaillera avec son père, il sera coursier, marmiton, homme à tout faire, et commencera d’apprendre le métier de cuisinier, auquel il est déjà destiné. L’après-midi, il ira pêcher la petite friture. Seul.

    — Alors, salut, lance-t-il, déçu, résigné, en serrant la main de son copain. On se reverra à la rentrée. Bonnes vacances.

    * * *

    La distance n’est rien. Seul compte le temps que l’on met à la parcourir. Les routes sinuent paresseusement à travers la campagne. Elles ont le bon goût de respecter la propriété en contournant de boucles harmonieuses un pré fleuri ou un champ de tournesols. Elles escaladent hardiment les collines et enjambent les rivières sur des arches de pierre. Les automobiles klaxonnent avant d’aborder un virage. Elles sont rares, d’ailleurs, et l’on peut rouler à bicyclette, marcher, se promener, le nez en l’air, sans courir le risque d’être renversé. Ceux qui ne possèdent pas de voiture – c’est-à-dire la grande majorité, celles-ci étant l’apanage des gens riches – voyagent par l’autocar.

    Tandis qu’il regarde défiler les dernières maisons de la ville, avant que la route ne s’enfonce dans la campagne, René, assis près de sa mère, qui l’accompagne, sait qu’il leur faudra la journée entière pour parcourir les « cent kilomètres » annoncés par son père. En trois étapes, séparées par des haltes que l’on occupera, au gré de l’inspiration, à flâner dans les rues, à manger sur un banc public, un torchon étalé sur les genoux, le pain et les tranches de saucisson préparées avec soin, à observer entrer et sortir les clients des magasins, tandis que l’église égrènera les heures calmes de l’après-midi dans la tiédeur douceâtre d’un jardin ombragé.

    La première étape, un long détour par le chef-lieu, allonge le parcours, tandis que la deuxième, plus courte, passe rapidement. La dernière est la meilleure : on l’attend depuis le départ, le vieux TPN ferraillant et son conducteur attitré, dont quelques personnes seulement savent encore qu’il se nomme Julien, et que tout le monde appelle Fifi, abréviation évidente d’un autre surnom, Fine-Fesse, qu’on n’ose lui attribuer en sa présence. Petit, nerveux, tout en os, l’œil vif, il ne tient pas en place, et ne se tait jamais. Il conduirait debout, s’il le pouvait, et ne regarde la route que par

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