Vous avez grandi dans un milieu intellectuel, avec une mère romancière et un père professeur agrégé d’anglais. C’est stimulant pour appréhender le beau ?
Alain Souchon: C’est capital d’être élevé. Et l’éducation ne repose pas uniquement sur l’école, elle débute auprès de ses parents, de sa famille. À la maison, l’important n’était pas de tout savoir sur Raymond Kopa, le Mbappé de l’époque, mais de connaître Victor Hugo, Colette, Cocteau, Sand... L’admiration de mes parents pour ces grands auteurs, les peintres et l’art en général a bercé mon enfance. Il y a une sacrée différence entre des parents qui disent à leurs enfants « va au musée » et d’autres qui ne peuvent que dire « va passer le temps au pied des tours ». J’ai vu de pauvres enfants traîner dans les rues quand j’ai accompagné Gérard Depardieu, qui tournait à La Courneuve. Des gens vidaient leurs poubelles par la fenêtre. Ce fut un choc !
Vous souvenez-vous de votre première émotion esthétique ?
Le film de Cecil B. DeMille ! L’histoire d’un cirque qui se baladait en train de ville en ville. J’avais 7 ans. Ça m’a fasciné. Tous les week-ends, nous allions en famille dans la vallée de la Loire. J’ai été trimballé très jeune dans les châteaux