Romantique Le nid
C’est une étrange petite maison triste, juste après le grand pont qui enjambe le fleuve et la voie ferrée à la sortie de la ville.
Quand les enfants l’ont vue la première fois, ils n’avaient pas l’air emballés. Elle fait grise mine, le jardin minuscule n’est constitué que d’une variété banale de mauvaises herbes et d’un arbre bas pauvrement taillé dont je n’ai pas su distinguer l’espèce. Peut-être un de ces mûriers qu’on voit dans les parcs ou un prunier sauvage.
Les murs avec leur crépi sali semblent un peu humides et abîmés et tout aurait besoin d’un bon coup de peinture. Mais je devais faire vite après la séparation, ne pas m’installer trop loin de leur collège. Et puis, ils ont chacun leur chambre, ce qui a été mon principal argument pour les convaincre.
Je ne sais pas s’ils ont accepté par dépit ou par pitié pour moi ; ils sont bien assez grands pour comprendre ce que mes yeux rougis ou les traits tirés de ma peau expriment d’usure et de tristesse.
Nous sommes tous les trois fatigués et l’automne qui se prépare, loin des hurlements des années précédentes, sera morne et paisible comme ce petit pavillon dans lequel nous pourrons souffler.
Le déménagement a été rapide. François a accepté de m’aider une dernière fois.
Tout en rangeant les cartons à l’étage où je me suis installée, entre la cuisine et le grenier, je l’ai entendu dire à Théo et Louise, avec son élégance froide, qu’il serait toujours là pour eux, même s’il n’était pas leur père. Il a porté chaque meuble, chaque carton, la cuisinière et le réfrigérateur, avec son dévouement silencieux chargé de reproches. Après avoir vérifié la mise en route du chauffe-eau et s’être soucié de savoir si nous avions de quoi manger froid pour le soir, je lui ai dit merci, au revoir et il m’a répondu « adieu ».
Nous avions visité rapidement au moment de la location mais c’est en nous installant, petit à
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