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Des nouvelles en trois coups de folie
Des nouvelles en trois coups de folie
Des nouvelles en trois coups de folie
Livre électronique107 pages1 heure

Des nouvelles en trois coups de folie

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À propos de ce livre électronique

Fous, fous, ils sont tous fous...Dans la première nouvelle « La vieille chouette et le vieux singe », la vieille vient d'emménager dans la maison voisine de celui qu'elle surnommera le vieux singe. Un drôle de personnage qui lui rendra bien la monnaie de sa pièce en la surnommant la vieille chouette. La vie de chacun se cristallise autour d'éléments liés à leur douloureux passé : des bouteilles de vodka sucrée, une mademoiselle Dorota en piteux état et un coffre à grains. Les deux vieux s'échangeront des politesses à la fois acides mais aussi drôles et émouvantes. A chaque rencontre, une bouteille de vodka déliera leur langue malicieuse et corrosive. Elle les replongera dans leur traumatisme et elle finira par les unir dans une tendre relation cathartique. Dans la seconde nouvelle" ABATS-TOI (R), une entreprise familiale à échelle humaine", un jeune étudiant en biologie, après le décès de son père, se retrouve sans ressource et doit trouver au plus vite un emploi d'autant plus que son ex-petite amie est enceinte. Dans son premier poste, la fatigue, les tremblements et la cadence infernale le conduisent à une faute et il est licencié. L'ANPE l'encourage alors à accepter un second emploi dans une entreprise familiale à échelle humaine assez dérangeante et peuplée d'employés assez dérangés ! Entre Dédé le matador, Claude qui s'invente des métiers loufoques pour ne pas faire honte à ses enfants et Alain qui se persuade d'être un bûcheron, sortira t-il indemne de ce nouveau travail sans sombrer dans la folie? Son humour noir et sa façon de tout tourner en dérision face à l'absurdité de sa tâche pourront-ils le sauver ?Dans la troisième nouvelle « Des fantômes et des lucioles », cette jeune femme au foyer dont le teint vire au jaune, s'invente, pour comprendre ses symptômes, des explications abracadabrantes alimentées par ses lointaines études scientifiques. A t-elle conscience des dénis qu'elle empile tels des remparts autour du fantôme de sa survie ?
LangueFrançais
Date de sortie17 janv. 2022
ISBN9782322155781
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    Aperçu du livre

    Des nouvelles en trois coups de folie - Annabelle Breteau

    Des nouvelles en trois coups de folie

    Des nouvelles en trois coups de folie

    La vieille chouette et le vieux singe

    Abats-toi (R),une entreprise familiale à échelle humaine

    Des fantômes et des lucioles

    Page de copyright

    Des nouvelles

    en trois

    coups de folie

    La vieille chouette et le vieux singe

    Moi, le vieux propriétaire de la maison domiciliée au 2A chemin de la côte sauvage, Je ne sais plus. Je ne sais plus si je suis dans le coffre à grains et si je rêve à un futur, près de la mer ou si je suis dans mon lit près de la mer et que je revis l’épreuve du coffre à grains. L’étau de mon angoisse me force à me redresser. Quand le manteau noir de la nuit s’éclipse, le réveil stagne plusieurs minutes en hésitant entre cauchemar et réalité. Enfin, plus d’ennemi, je me lève rassuré. Le soleil pointe à travers mes vitres sales. Le hurlement strident des mouettes déchire le silence de ma solitude.

    Le calendrier posé sur ma table de chevet, me rappelle le jour de la semaine. Samedi, jour du marché. Le deuxième exemplaire de ma panoplie vestimentaire m’attend sur la chaise près de mon lit. Je descends le rude escalier de bois, réchauffe le café déjà prêt de la veille, enfile mon manteau rapiécé et ferme la porte d’entrée. Devant ma maison, un petit jardinet m’offre les senteurs de l’automne et derrière la grille, la mer dans son incessant remue-ménage me chamboule l’estomac comme chaque matin. Un coup d’œil à la maison voisine, presque jumelle dans sa conception, toujours en vente. Un petit tour du modeste boulevard bordant la mer, et j’arrive enfin sur la place où se tient le marché. Peu de monde en ce mois de novembre, en dehors des périodes scolaires, la ville estivale est presque déserte. Mon tour de marché est rapide et efficace. Viande, poisson, légumes et crémerie. Tout le nécessaire pour un célibataire de soixante-dix ans, ayant opté pour une vie d’ermite mais non frugale. Une petite entorse quand même à la solitude, un petit tour au café du village, typiquement breton, où les conversations tempétueuses, houleuses et abasourdissantes sifflent telle notre célèbre bouée s’agitant au loin dans la mer, la bien-nommée « la vache »,qui meugle des sanglots déchirants et lancinants à chaque passage du vent d’ouest. Moi, j’économise mes mots. L’économie, je la trouve aussi dans la lecture rapide du « Ouest-France » quotidien en libre service pour les clients puis retour au bercail. Trois ans d’entraînement dans ce village côtier, aucun grain de sable dans mon rituel. Cette après-midi, longue marche le long de la côte sauvage, le temps d’user les heures. Le vent me porte de sentiers en sentiers où chaque petite fleur de bruyère étalée sur le sol ressemble à une tâche colorée délicate choisie par un peintre pointilliste parmi sa palette de roses et de violets. Devant moi, une silhouette noire se dessine sur le bleu enlacé de la mer et du ciel. Je la détaille mieux. J’aurais aimé la reconnaître. Elle n’aurait pas changé, étrangement, les mêmes traits qu’à 11 ans. Pas de rides, pas de cheveux blancs. Elle m’aurait regardé, elle m’aurait reconnu. Elle m’aurait souri. Je lui aurais dit simplement que j’habitais ici, qu’elle serait la bienvenue, que ma maison n’attendait qu’elle. Elle m’aurait simplement répondu qu’elle arriverait demain avec ses valises. C’est tout. J’aurais attendu sur le perron. Elle serait arrivée du côté du soleil levant qui l’aurait illuminée tel un spectre du passé. Elle m’aurait fait un petit signe de la main. Elle serait vêtue de la même robe que ce jour -là, celle du jeudi 12 août 1943. La même robe vraiment ? Cette robe bleu clair aux manches ballons et au col Claudine blanc ? Elle se serait assise à la petite table en bois qui n’accueille d’habitude que moi. Elle aurait tourné machinalement sa tête et ses longs cheveux de jais auraient entamé une danse solaire infinie. J’aurais servi des langoustines, des huîtres, un canard rôti puis un kouign-amann. La guerre ne nous avait pas permis beaucoup de festins culinaires. Le bruit des vagues aurait rythmé les sanglots de notre intime retrouvaille.

    Déjà, la nuit arrive avec ses démons alors je prépare mon lit clos breton. Je l’ai déniché sur les petits annonces du journal local. Il est magnifique. Une corniche avec des arcades lui donne des airs de cathédrale. J’avais tout d’abord acheté un coffre en bois. Après plusieurs essais, il a fallu me rendre à l’évidence, dormir toute une nuit dans ce réduit sans perdre ses jambes et son dos d’endolorissements est tout à fait impossible à mon âge. J’ai abandonné mais je l’ai laissé au pied du lit clos. Sur les deux panneaux coulissants de ce dernier, de grands pétales de marguerite semblent promettre un champ de rêves mais moi, je les préférerais en bouton clos. Les panneaux fermés, je suis à l’abri. Je laisse tout de même toujours une fente qui me permet de glisser un œil afin de surveiller l’arrivée d’éventuels ennemis et de la protéger. Les deux édredons blancs, fournis avec le lit par l’ancien propriétaire, m’assurent une nuit chaude malgré la froideur cauchemardesque de mes nuits agitées. La chaleur de la cheminée d’en bas peine à monter les marches de l’escalier.

    Moi, la nouvelle propriétaire de la maison domiciliée au 2B chemin de la côte sauvage, je ne sais plus. Je ne sais plus si je suis allongée dans ce chemin à revivre l’épreuve du sang où si je rêve à un futur, près de la mer. Il est temps de se lever, de rassembler mes dernières affaires essentielles. Je l’ai enfin trouvé, mon havre de paix. En passant le mois dernier devant la vitrine de l’agence immobilière, la photo d’une maison m’avait poussée à demander plus d’informations. Je crûs d’abord à un photomontage, l’intensité du bleu du ciel et de la mer au second plan contrastant tellement avec le gris poussiéreux de la maison défraîchie ! Accolée à sa jumelle, isolée entre la mer et un petit chemin, elle me plût aussitôt. Après quelques signatures, j’ai vendu tous les meubles encombrants et j’ai rempli les derniers documents pour différentes résiliations concernant l’eau, l’électricité et le téléphone. Aujourd’hui, c’est le grand jour. La vacuité de mon esprit résonne comme l’écho de ma respiration sur les murs de l’appartement parisien vide. Je referme la porte derrière moi. Ainsi, légère et délivrée de mes liens, je quitte Paris. Le taxi m’éloigne encore plus vers l’ouest, la fuite s’arrêtera là de toute façon. Si il revient, je fuirais dans la mer jusqu’à épuisement. La fin du territoire, le début du nouveau monde possible. La voiture s’engouffre dans la presque-île puis traverse l’isthme. Cet entonnoir ralentira sa poursuite, mon choix me ravit de plus en plus. La voiture s’arrête devant la maison tant désirée. Un employé de l’agence devant la petite grille en fer rouillé, les clés à la main, semble pressé de me montrer le nécessaire pour mon installation. Le tour de la maison est rapide, une cuisine et un cellier au rez de chaussé. L’escalier mène à l’étage où la chambre et la salle de bain se font face.

    Dans un moment solennel, digne de la remise des clés à Saint Pierre, l’agent divin dépose l’objet sacré dans mes mains. Enfin seule, je sors de mon grand sac, avec beaucoup d’attention, Mademoiselle Dorota, encore endormie, pour lui faire visiter sa nouvelle demeure.

    La première journée a été excitante et exaltante. Chaque recoin de la maison me semble si familier, la maison a dû être faite sur-mesure pour moi. Je descends les marches du perron pour profiter du paysage avec Mademoiselle Dorota. Je sens une présence derrière mon dos. Un visage caché derrière un rideau sale nous observe. C’est le voisin, un vieux, je m’en doutais. Il a sans doute mon âge, un charisme certain mais son regard inquisiteur ne me plaît pas. Il sort de la maison, me toise du haut des marches de son perron.

    Il a dû mettre ses bretelles à la hâte car les deux boucles de réglage n’étaient pas du tout à la même hauteur. Ou alors, les deux boucles s’étaient d’elles-même positionnées de cette façon pour compenser un déséquilibre

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