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Le château des dames: Un roman paranormal
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Le château des dames: Un roman paranormal
Livre électronique596 pages8 heures

Le château des dames: Un roman paranormal

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À propos de ce livre électronique

Dans un château à la recherche d'une amie disparue !

Ileana n’a que 17 ans lorsqu’elle voit sa vie basculer, un soir de juillet, par la disparition mystérieuse de sa meilleure amie. Douze années plus tard, devenue avocate, la jeune femme, déterminée et arrogante continue, malgré la vie, à tenter de comprendre ce qui est arrivé à son amie d'enfance. De retour dans son Berry natal, ses recherches la mèneront à ce château étrange qui la fascine depuis qu’elle est petite. Elle se trouvera projetée entre inexplicable et amère réalité. Laissez-vous emporter dans les profondeurs étranges et énigmatiques de cette région où présages, entités et mystères s’ajoutent à la folie meurtrière de l’homme.

Découvrez sans plus attendre ce roman paranormal et suivez le parcours d'Ileana, lancée sur les traces d'une amie d'enfance disparue il y a 12 ans ...

EXTRAIT

Je traversai le long couloir, suivis de mes amis jusqu’à l’escalier qui se prolongeait encore vers un deuxième et dernier étage... Il fut identique au premier… Long couloir et autant de portes que nous dûmes ouvrir, comme les précédentes.
Lorsque tout fut enfin, au grand jour et prenant conscience du travail qui nous attendait pour la nuit, nous convînmes d’un commun accord, qu’il était préférable d’installer tout notre matériel de jour pour commencer notre enquête dès notre retour de nuit pour ne pas perdre de temps.
Nous nous dirigeâmes à la voiture et prîmes les malles, sacs, câbles et valises. Je pris deux gros sacs, puis remontai le perron.
Relevant la tête, mon regard se porta sur une fenêtre du premier étage, juste au-dessus de la porte d’entrée. J’aperçus Maud, qui me regardait. Je lui souris et entrai dans la pièce que nous appelions désormais, QG. Je déposai mes sacs et retournai dans l’entrée. Je vis remonter des caves, Mathias, Angel… Et Maud.
« Tu étais en bas avec les garçons, Maud ? Lui dis-je.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire du centre de la France, Ashe Costa voue une véritable passion au paranormal : tout ce qui ne peut trouver une cause rationnelle la passionne. Sa seconde passion, l'écriture, vient mettre en page ce goût prononcé pour l’incompréhensible. Elle propose ici une histoire aux allures inexplicables mêlées d’un soupçon de mystère qui vous entraînera immanquablement au dénouement final qui s'avère pour le moins surprenant.
LangueFrançais
Date de sortie24 juil. 2018
ISBN9782378772949
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    Aperçu du livre

    Le château des dames - Ashe Costa

    Le château des Dames

    Ashe Costa

    Le château des Dames

    Roman

    ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions – Ashe Costa

    ISBN : 978-2-37877-294-9

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    À ma sœur...

    Le Berry... Terre des sorcières, fief des guérisseurs, des rebouteux de père en fils. Une région rendue encore plus mystérieuse et ô combien célèbre par les prestigieux romans de George Sand qui s’inspira de son paysage. Un endroit des plus banals, mais qui pourtant vous envoûte et vous transporte à travers ses histoires, ses campagnes brutes, sauvages et ses forêts enchanteresses.

    Bons nombres de légendes ont vu le jour dans cette région.

    On dit par exemple, que la Grand « bête rôde au détour des chemins, vous suit comme votre ombre sans aucune agressivité, vous courez, elle court, vous marchez, elle marche, vous vous arrêtez, elle se met à l’arrêt...

    Mais aussi les mœurs mystérieuses de la vallée Noire.

    Les histoires de jeteurs de sorts et de sorcellerie. Des faits étranges qui restent, néanmoins, encore inexpliqués.

    Même si les Berrichons restent très vagues ou obtus sur le sujet pour éviter les moqueries. Ils gardent tous au fond de leur mémoire, les histoires d’antan, qui leur furent contées.

    D’ailleurs on trouve encore de véritables témoignages très perturbants... et très récents. En 1996, dans un journal quotidien réputé, on parle d’un hôtel qui serait hanté au cœur de la Brenne et qui aurait fait fuir une dizaine de clients.

    Il est dit aussi qu’en 1981, vivait une vieille dame, qui aurait été une véritable sorcière et qui ne s’en cachait pas.

    Ou même en 97, on parlait d’un vieil homme de 71 ans qui, ayant été banni par les villageois pour avoir soigné, entre autres, des verrues et autres petits maux, avait fini par trouver refuge dans les bois, personne ne sait ce qu’il est devenu...

    Beaucoup d’histoires comme celles-ci circulent.

    Mais, quelle région n’a pas son histoire de sorcière, ou sa légende ?

      La mémoire... Quelle fabuleuse machine ! Bien qu’elle soit   

    un peu complexe par sa composition. Bien au chaud, dans 

    notre cerveau, elle est fragmentée en plusieurs parties.

    La mémoire à court terme, tout d’abord. Puis la mémoire à long terme... Là ça se complique, parce qu’elle se scinde en deux, l’implicite et l’explicite. L’implicite se charge de la mémoire procédurale pendant que l’autre s’occupe précisément de la mémoire épisodique et sémantique... Je vous passerais les détails sur ses étapes et son organisation, on s’y perdrait... Ce qui nous intéresse c’est que cette mémoire emmagasine pour nous, ce que nous appelons, les souvenirs... Tristes ou gais, peu importe, ils sont à nous !

    Parfois... Nous refoulons de notre propre chef, certains de ces souvenirs. Nous les occultons tant et si bien, que nous finissons par penser qu’ils se sont effacés, envolés... Définitivement.

    C’est faux... ! Ils reviendront en général avec leur vieil ami, le passé, au moment ou vous vous y attendrez le moins. Et lorsque le passé s’invite, comme un cheveu dans la soupe, au beau milieu de notre présent, on s’aperçoit souvent mais trop tard qu’ils ne font pas bon ménage...

    Je m’appelle Ileana Calamendi, je suis avocate et vous allez vivre mon histoire.

    I

    Le Berry – juillet 2002.

    « Attends-moi !

      – Non, tu n’as qu’à accélérer, mollasse  ! Allez viens, on va au parc !… La dernière arrivée paie sa glace  .

    – Tricheuse, tu as une longueur d’avance sur moi ! »

    Je riais et pédalais à vive allure, sur le vélo que Richard et Mary, mes parents, venaient de m’offrir pour mon anniversaire ce matin même. Ce 10 juillet fut exceptionnel pour moi. Je fêtai mes dix-sept ans et je me sentais pousser des ailes, ce que comprit très vite Roxane, mon amie depuis la maternelle, qui rouge écarlate, pédalait à perdre haleine. Il faisait si chaud.

    C’est vrai que ce fut, un été caniculaire, les températures atteignaient depuis peu, les 40 degrés dès la fin de matinée. Ce petit village de l’Indre n’avait pas connu, telle chaleur, depuis une centaine d’années, les fenêtres et volets, restaient fermés et n’étaient ouverts, qu’aux alentours de 23 heures, quand la nuit tombait, que la fraîcheur se faisait sentir et que le silence nocturne reprenait sa place. 

    Le village n’était, pourtant, pas bruyant, avec sa petite centaine d’habitants, mais la circulation y était très dense. Les administrés auraient aimé qu’une déviation soit réalisée.

    D’ailleurs, des pétitions virent le jour pendant quelque temps, mais je les ai toujours comparées à des bouteilles, jetées à la mer.

    On ne sut jamais où elles firent naufrage…

    J’arrivai la première au parc et descendis du vélo, flambant neuf. Je ne fus pas surprise de ne voir, que peu de monde. Quelques personnes profitaient du calme, sous de gros

    arbres... Pourtant, quelque chose me perturba. Roxane, essoufflée... Mais « vivante », arriva à son tour.

    « Tu as gagné, je paie les glaces tout de suite, j’ai besoin de fraîcheur et surtout de…

    – Chut, tais-toi ! Lui dis-je. Tu n’entends rien ?

        — Si... toi, qui veux que je suffoque, apparemment ! »

    J’observai mon amie, écoutant autour de moi.

    « C’est bizarre, on n’entend pas les oiseaux chanter, on dirait qu’ils se sont enfuis ! »

    Elle s’appuya sur mon épaule et me regarda du coin de l’œil.

    « Toi tu as besoin d’une glace... Le soleil t’a tapé sur la tête... Miss « ' peace and love » va laisser les oiseaux ou ils sont ! … Allez hop, le bonhomme glacier est là-bas, amène-toi ! »

    Je souris en l’écoutant sagement. Elle me poussa gentiment devant le camion. Nous prîmes d’énormes glaces italiennes et allâmes nous adosser contre un gros arbre qui nous apporta suffisamment d’ombre et un peu de fraîcheur.

    Elle me regarda, en souriant.

        « Je suis contente d’aller au resto avec tes parents pour ton anniversaire.

        – Bah c’est normal ! Tu es là pour tous mes anniversaires depuis qu’on a 5 ans !

            ---    Cristal, y était aussi l’année dernière... Tu ne l’as pas invitée, ce soir ?

      — Si, mais elle ne peut pas venir, elle sort avec sa jumelle Katy, tu sais elles vont avoir 18 ans à la fin de l’année, on joue plus dans la même équipe. Ce sont des indépendantes.

        — Pff tu es bête ! me lança-t-elle, en haussant les épaules.

    – Ma Roxy, ça va être dur si tu pars en Italie pour le travail de ton père, à la rentrée... On est bien ici, ensemble. Tu te souviens quand on allait au Geyser magique, le soir en été. Enfin avant… Tu sais quoi !

      – Ouais, je sais... », répondit-elle, en baissant la tête sur sa glace.

    Je vous explique ce que fut Le Geyser magique... Cet endroit aurait pu, être le nom d’un lieu mystique et envoûtant ! Mais, n’en croyez rien ! C’était juste un point d’eau avec des jets, plantée au milieu de la place du village, où tous les jeunes se retrouvaient.

    Bref, une fontaine basique. Si nous l’appelions ainsi, ce fut à cause d’un simple incident. Un employé du village, venu, un jour, faire quelques réglages avait (sûrement par erreur) augmenté la pression de l’eau. Ce qui provoqua un énorme geyser ! Nous ne devions avoir, à cette époque, que 5 ou 6 ans, et nous avions été très impressionnées. Rien de bien magique en fait (je vous avais prévenu !).

    L’endroit était déserté depuis quatre ans. Une vague de disparitions dans la région avait semé la panique. En 1998, quatre adolescentes disparurent, dont une du village. Marianne, âgée, à l’époque de 16 ans, ne donna plus signe de vie, après avoir été aperçue pour la dernière fois, devant cette fontaine, figure emblématique de notre municipalité.

    Comme toute gamine insouciante, que nous étions, nous pensions qu’un tel événement aussi tragique ne pouvait arriver que chez les autres. C’était une erreur...

    Mon amie, Roxane, savait que mon père, qui était juge, avait eu la charge de l’instruction. Elle n’hésita pas à me poser des questions.

    « Dis-moi, au sujet de la disparition de Marianne, tu te souviens ? Ton père, il en parlait ou non ? »

    Devinant où elle voulait en venir... Je préférais jouer la carte de l’ignorance sans la blesser. Mon père parlait de son travail, mais pas forcément de ce sujet, en particulier. Il m’arriva de surprendre une conversation avec ma mère, mais je me refusai de les lui révéler, ceci étant à la base, confidentielle.

    « Oui, bien sûr que je me souviens, à cause de ça on ne peut plus aller à la fontaine. Les gens sont devenus paranoïaques ! On a, limite, le droit de venir au parc, parce que la gendarmerie est juste en face, alors j’aurais du mal à oublier !

      — OK… Et ? insista-t-elle, pendue à mes lèvres, curieuse.

      – Et... rien ! Mon père ne parle jamais de son travail, tu le sais, Roxy !

      – Rhoo, bah quoi ! Tu devais bien lui poser des questions à l’époque, non ? »

    Agacée, je tentai de lui faire comprendre.

    « Tu sais, c’est triste mais beaucoup de personnes disparaissent sans laisser de traces, tous les jours dans le monde ! Pour Marianne, c’est moche, on la connaissait... C’est surtout, ses sœurs, Cristal et Katy. On voyait juste Marianne venir les chercher, à l’école... Et puis, pour te répondre au mieux, sache que je ne pose jamais de questions à mon père, c’est comme ça ! » Elle m’observa, dubitative.

    « Hum... En plus, je crois que tu t’étais battue avec une des jumelles, un jour ! Dans l’élan, tu lui avais arraché des cheveux...  !

      — Mais c’était à la maternelle, Roxy ! Maintenant, on est amies !

    — La maternelle ! me taquina-t-elle. Ah ouais ! ... Bah ce n’est pas si loin ! Nous éclatâmes de rire… Puis, elle dévia sur un autre sujet.

    « Dis-moi... Tu crois que c’est vrai tout ce qu’on raconte ici. Que des sorcières auraient vécu dans notre village ?

      — Non je ne crois pas... Ici, on est blindé de légendes. Quand j’étais petite, ma grand-mère Betsy me parlait de la Grand' bête et puis tu sais, George Sand était un grand écrivain... Elle a vécu près d’ici et a écrit des romans très connus, comme, la mare au diable. C’est un livre magnifique !

    – Tu sais bien que je ne lis pas, moi !

      — Oui ça, je sais Roxy... Maman m’a dit que, Grand-mère pouvait communiquer avec les morts  ! Après je ne sais pas si c’est vrai, mais je l’ai déjà vu parler toute seule...

      – Moi aussi, ça m’arrive de parler toute seule mais je ne parle pas aux fantômes ! J’aurais trop peur ! Brrr...

        — Oui mais toi tu es folle, ma Roxy ! C’est normal, voyons ! »

    Elle me fit une grimace puis tourna la tête, le plus possible, pour regarder derrière son épaule.

    « C’est cool, j’ai la même marque que toi, maintenant !

      – Tu sais, ça va s’effacer sous la douche, moi c’est une marque naissance ! » Depuis le temps qu’elle me bassinait, avec ça ! Oui... Je suis née avec une tâche, ou plutôt, une marque sur mon épaule gauche... Elle forme une croix, un peu comme celle des Templiers, enfin, c’est ce que je vois quand je regarde dans le miroir. Ma Roxy me tannait depuis un moment pour que je lui dessine la même chose, au même endroit. Ce que je fis juste un peu avant de partir au parc. Depuis, elle montrait avec arrogance, à qui voulait la voir, la croix qui, comme elle le disait, faisait de nous des sœurs ! Lorsque je lui dis que ce dessin, finirait par s’estomper contrairement à moi, elle fit la mou.

    Pensive, je revenais sur son éventuel départ en Italie.

    « Comment je vais faire si tu pars à la rentrée, en Italie ?

      – Attends, c’est pas sûr... Papa n’est pas trop décidé, et puis si son travail l’envoie là-bas, on ne part que pour une année ! Ce n’est pas définitif ! Et attend, j’ai perdu ma carte d’identité, alors le temps qu’ils la refassent, ce n’est pas tout de suite que je vais partir ! » Elle me fit, un léger sourire. Voulant éviter ce sujet au plus vite, elle sortit de son sac à dos, un petit paquet emballé dans un papier d’argent, avec un petit nœud rouge, qu’elle me tendit.

    « Tiens, bon anniversaire ! Je devais te le donner ce soir, mais tu connais ma patience !

        – Oh merci ma Roxy... Qu’est-ce que c’est ?

    – Ouvre-le et tu verras ! »

    Tout excitée, je déchirai le papier et ouvris une boîte... Je m’esclaffai :

    « Un appareil photo instantané ! Tu es folle, ça coûte cher !

      – Rien n’est trop cher pour mon amie... Tu vois, tu n’as plus besoin de faire développer tes photos !

      – C’est super ! Je n’aurais jamais cru en avoir un, un jour ! Je suis folle de joie ! » Explosai-je, en la prenant dans mes bras.

    « Prends-nous plutôt en photo au lieu de parler, espèce de débile ! » Me dit-elle, en riant aux éclats

    Je l’observai, contrariée qu’elle ne me traite ainsi. Je pris l’appareil, le plaçai face à nous deux, préparant une magnifique grimace, puis j’appuyai sur le bouton. Les appareils instantanés avaient eu leur heure de gloire, il y a longtemps, mais je rêvai d’en posséder un, à moi.

    Pour vous parler de nous deux... Imaginez-vous les cinq doigts d’une main... Inséparables ! Elle était arrivée avec Gérald et Michelle Vernon, ses parents, alors qu’elle n’avait que trois ans. Michelle, directrice marketing pour une société de cosmétiques, était très souvent absente quant à son père Gérald, un VRP à l’allure ambitieuse, courait constamment les routes de France. Les gens du village avaient laissé courir le bruit qu’ils avaient des problèmes de couple depuis quelque temps. Mon amie ne m’en parlait jamais... Du moins, je n’en ai pas de souvenirs, que nous ayons eu ce genre de conversation, un jour. Physiquement, tout nous opposait. Roxane, jeune fille extravertie et rigolote, alors que j’étais, à cette époque, silencieuse, réservée et réfléchie. Elle avait les cheveux noirs, un teint pâle et les yeux d’un bleu intense, quant à moi, qui avais un teint que je désignerais comme blafard, ne faisant pas bon ménage avec le soleil. Mes cheveux d’un roux, rouge flamboyant m’avaient, pendant une période scolaire, causé beaucoup de soucis. Je fus, à plusieurs reprises, surnommée, poil de carotte, ce qui m’attrista plus d’une fois. Ma particularité fut mes yeux... Naissant avec une hétérochromie irienne (les yeux vairons), je possédais un œil bleu et un vert. Pour mon père, j’étais, évidemment, la plus belle. Il disait toujours qu’il jugerait à de lourdes peines, et avec joie, tous les garçons qui tourneraient autour de moi, et cela, depuis mes 7 ans où je m’étais vantée d’avoir embrassé sur la bouche le petit Kevin à la cantine, dans l’espoir de récupérer son dessert. Je n’avais pas jubilé très longtemps, m’étant fait gronder par ma mère ! Je savais très bien qu’il plaisantait, mais par sécurité et surtout par pudeur, j’évitais le sujet des garçons avec lui.

    « Bon, on y va ? Tes parents vont nous attendre pour aller au restaurant, je dois aller chez moi, me préparer ! suggéra Roxane.

    — OK ! »

    Nous nous levâmes et montâmes sur nos vélos.

    Nous déambulâmes dans le bourg, passant devant la mairie, le « Geyser magique », le petit magasin d’alimentation qui faisait, aussi office de bureau de poste, pour enfin arriver dans notre quartier où de magnifiques maisons étaient dressées et bien alignées. Un endroit que je chérissais. Très arboré, propre, calme et entretenu. Nous vivions, à quelques maisons l’une de l’autre. Roxane arriva la première. C’était une très grande maison, avec des volets de couleur rose. Je lui fis un signe, elle me répondit en souriant puis je continuai en marchant près de mon vélo. Je tournai au coin de la rue pour arriver chez moi, quelques mètres plus loin. De ma chambre, je pouvais voir la fenêtre de la sienne. Parfois, quand la nuit tombait et que nous ne pouvions dormir, nous nous faisions des signes, aidés de lampes torches.

    Arrivée chez moi, Mary ma mère, descendit l’escalier, en souriant.

    « Bonjour ma chérie... Ton après-midi s’est bien passée ?

    – Oui, maman… C’était génial, on est allé au parc manger des glaces et nous avons bien rigolé… J’ai trouvé surprenant de ne pas entendre le chant des oiseaux ! » En l’entendant rire, je rajoutai.

    « Oui, Roxane aussi s’est moquée de moi. Au fait... Elle est partie se changer et arrivera vers 18 h 45 à la maison ! Tu sais, maman, elle m’a offert un super cadeau, un appareil photo instantané !

    — -- Oh ! Toi qui rêvais d’en posséder un ! Tu devrais aller au salon, ton père t’attend ! »

    Je posai mes affaires et m’exécutai.

    Mes parents avaient, dans leur vie, deux préoccupations... Leur travail et moi. Moi parce que bien que réservée, j’étais imprévisible et leur travail, par des emplois du temps très

    chargés. Maman, avocate très occupée, avait fait l’effort d’être là. Blonde platine, grande et élégante, à 38 ans elle bénéficiait d’une notoriété sans pareil au sein de ses confrères. Nés, en Angleterre, ses parents s’étaient installés en France, préférant les campagnes tranquilles du Berry à la grisaille de Chelsea. Elle était devenue une enfant du pays. Grand-mère, attirée par l’occultisme avait trouvé la région de prédilection.

    Toute petite, ma mère, baignée dans ce milieu étrange et ne voulait plus en entendre parler (je crois que son travail, l’avait rendue trop rationnelle !) Elle avait rencontré Richard, mon père, sur les bancs de la fac, ce fut le coup de foudre et ne se quittèrent jamais. D’origine basque, ce grand gaillard imposant était un homme séduisant. Juge d’instruction, 44 ans, bruns, les tempes argentées, lui donnaient d’après ma mère, un charme fou. Ancien rugbyman, il était très grand. Il faisait toujours du sport quand son emploi du temps le lui permettait, tennis, golf et musculation. Maman, elle aussi, faisait du sport, s’en remettant corps et âme à son tapis de salle et vélo d’appartement.

    Je traversai la salle à manger. Un tableau représentant notre famille ornait l’un des murs. Au centre de la pièce, une grande table ovale en chêne massif accompagnée de huit chaises l’entourait. Un grand buffet en bois identique à la table comblait le mur au fond. Sur celui – ci et à chaque extrémité, des bouquets d’orchidées – les fleurs préférées de maman – . D’un geste gracieux, je les effleurais... Leur parfum enivrant, me fit, sourire.

    J’entrai dans le salon... Deux grands canapés blancs étaient placés au milieu de la pièce. Sur le mur en face, un écran plat immense, accompagné d’un home – vidéo, digne des grandes salles de cinéma (en exagérant un peu, bien sûr). Le salon était exposé, en pleine lumière grâce aux trois grandes baies vitrées, qui donnaient sur le grand jardin. On y apercevait au fond, la piscine et surtout l’endroit préféré de Mary, un jardin japonais qu’elle avait créé de ses mains.

    Dans le salon, Richard, face à l’une des baies, ne m’entendit pas arriver derrière lui. Tenant un dossier dans les mains, il semblait absorbé par les notes, écrites. En souriant, je m’avançai discrètement et lui tapai sur l’épaule.

    « Coucou !

    Il sursauta en se tournant dans ma direction.

    « Ah, ma chérie, tu es là... Tu m’as fait peur !

    – Papa, tu ne m’entends jamais ! lui certifiai-je, en riant.

    – Ma petite fille, qui a dix-sept ans, aujourd’hui ! Comme le temps passe !

    — Papa !

    — Quoi... C’est vrai !

    – Papa, c’est juste mon anniversaire, pas mon mariage !

    ----  Heureusement ! Ce jour-là, je serais le plus malheureux des pères !

    — Papa ! Ça arrivera bien un jour... Pas que je sois pressée, mais il faut t’y attendre ! ». Mon père du haut de ses, un mètre quatre-vingt-quinze me regarda dans les yeux en me chuchotant.

    « Oui, je sais, mais au fond de moi, je souhaite que tu finisses vieille fille...

    — Papa ! Tu exagères ! » Il éclata de rire.

    « Je plaisante... ! Tu devrais aller te préparer, nous allons bientôt partir et Roxane ne devrait plus tarder ».

    J’embrassai mon père et montant les escaliers jusqu’à ma chambre, ma mère m’interpella.

    « Chérie, tu as fait tomber des allumettes de tes affaires, que fais-tu avec ça ?

    – Des allumettes ! C’est bizarre, ce n’est pas à moi !

    – Tu ne fumes pas en cachette, chérie ?

      — Bien sûr que non ! Déjà tu sais que je ne me cacherais pas si un jour je décidais de fumer et puis je sentirais la cigarette, en ce moment... Pas vrai ! » Dis-je en riant.

    Elle me regarda sans répondre, convaincue.

    Je montai dans ma chambre. Mon antre, comme je la surnommai. Ce n’était pas uniquement, l’endroit où je dormais... Ici reposaient tous mes secrets de filles, mais aussi mes collections de poupées et de boîtes à musique. Des centaines de livres recouvraient, un mur entier. On y trouvait plusieurs sujets différents, mais surtout sur l’ésotérisme, la sorcellerie, le paranormal et la médiumnité. Ces thématiques me passionnaient (et elles me passionnent toujours).

    Mon lit, à baldaquin, orné d’un voilage blanc avec de la dentelle, assortie à une table de nuit ou était posée une lampe de chevet à l’effigie d’une fée, tenant une rose entre ses mains... Le dressing situé au fond de la chambre débordait de vêtements, le tout éclairé de deux fenêtres laissant entrer la lumière du soleil, dont la chaleur des rayons passait à travers les volets entrebâillés depuis le matin.

    Une fois prête, je descendis au salon retrouver mes parents en pleine discussion de travail. Ma mère me voyant arriver sourit. Richard me complimenta.

    « Tu es magnifique ma chérie !

    -----  Merci Papa... » Répondis-je timidement, en baissant les yeux.

    Je portais une petite robe noire, s’arrêtant au-dessus des genoux. Mes cheveux, remontés en chignon un peu fou, me donnaient avec un maquillage appliqué, un côté sauvageonne. Ma mère remarqua les chaussures qui, je l’avoue, me faisaient déjà mal aux pieds.

    « Tu as fait un effort, tu es très féminine ma chérie et tu portes des talons... Ça, c’est une première ! »

    Sans lui répondre, je balayai rapidement du regard, le salon, puis me tournai vers Mary.

    « Maman... Roxy n’est pas encore arrivée ?

      – Non, elle est un peu en retard. Mais ne t’inquiète pas, nous allons passer devant chez elle. Si elle est en route, nous la croiserons forcément ! »

    Ma mère avait raison mais je connaissais mon amie et jamais, elle n’avait eu de retard.

    Mais comme en partant nous étions obligés de passer devant chez elle, il n’y avait donc, aucun souci.

    Nous montâmes dans la voiture mais je ne pus m’empêcher, en sortant de la maison, de regarder en direction de la rue qui menait chez elle. Papa démarra, sortit de l’allée et roula jusqu’au domicile de mon amie. Je descendis et sonnai à la porte. Ses parents étant absents pour la soirée, j’avais donc la certitude qu’elle viendrait elle-même m’ouvrir la porte et se fondrait en excuses sur son retard. Mais bizarrement personne ne répondit. J’appuyai de nouveau sur le bouton de la sonnerie, et attendis. Mais rien... Je posai mon oreille, à l’affût du moindre bruit dans la maison. Aucun son ne se fit entendre, je regardai mes parents, inquiète, et laissant retomber mes bras le long de mon corps, leur fit un signe d’incompréhension. Maman me rejoignit, elle fit quelques tentatives en sonnant, frappant, et appelant derrière la porte, mais toujours personne... Elle me regarda, haussant les épaules.

    Nous remontâmes, dans la voiture, mon père se voulut rassurant.

    « Peut-être que ses parents ont décidé de l’emmener avec eux ! Elle n’a pas pu te prévenir certainement !

      – Non, ils étaient déjà partis quand elle est rentrée ! Ça ne lui ressemble pas papa... Il se passe quelque chose !

        – J’ai appelé sur le fixe, il n’y a personne ici... J’ai tenté de contacter ses parents mais je tombe sur le répondeur, je tenterais à nouveau au restaurant, ma chérie.

      — D’accord. Me résignai-je. Tu rappelleras tout à l’heure, elle aura sûrement une très bonne excuse... Je ne comprends pas, elle était si heureuse de venir... »

    J’observai sa porte d’entrée, espérant la voir sortir à la dernière minute... Mais rien ne se passa.

    Sur le chemin du restaurant, je réfléchis et restai perplexe sur son silence... Pourquoi, n’était-elle pas là, près de moi à rire de n’importe quoi ! Pourquoi n’avait-elle pas prévenu, je ne lui en aurais pas voulu, elle le savait ! Non... Quelque chose de grave était en train de se produire... Je le sentais. Une sensation étrange me prit à la gorge, en me piquant très fort ! Ma tête tournait et je n’entendais plus, le bruit du moteur de la voiture, ni même la radio, en bruit de fond. N’en pouvant plus je me mis à crier très fort. De stupeur, mon père freina brutalement.

    « Il est arrivé quelque chose à Roxane ! M’écriai-je, subitement. Je ne veux pas aller là-bas, sans elle ! Je ne fêterais pas mon anniversaire si elle n’est pas là ! Vous entendez ? »

    Mes parents se regardèrent en écarquillant les yeux. Papa hocha la tête. Il appela, à nouveau les parents de mon amie, qui lui confirmèrent cette fois qu’elle n’était pas avec eux.

    Un vent de panique s’empara de moi à ce moment précis.

    Maman conseilla à Richard d’appeler, la police. Ce qu’il fit aussitôt, puis fit demi-tour. Nous arrivâmes devant la maison de Roxane... La police était déjà présente.

    Je sortis de la voiture et courus vers un agent de police, posté près de l’allée. Il m’empêcha d’aller plus loin.

    « Hop, hop, hop... On ne va pas plus loin, jeune fille !

        – Je veux passer ! Je veux voir mon amie !... Vous l’avez vu ? Répondez-moi !

    ---  N’avance pas ! Reste là... M’ordonna-t-il, à nouveau.

        – Ne me tutoyez pas ! Lâchez-moi d’abord ! »

    Mon père arriva et je sentis ses mains m’empêcher d’aller plus loin.

    « Ilé… Calme-toi, tout de suite ! ... Bonsoir, je suis Richard Calamendi, juge d’instruction, voici ma fille, c’est moi qui vous ai appelé...

      — Oui Monsieur le juge, mes respects. Le salua l’officier. Le lieutenant Laroche est à l’intérieur, il vous attend... Mais votre fille doit rester là, vous comprenez !

      — Papa ! L’implorai-je en écarquillant, mes grands yeux bicolores, pour tenter de l’amadouer.

      — Restes avec ta mère et ne discutent pas s’il te plaît ! Me répondit-il d’un ton, ferme.

    J’avais si peur pour Roxane en voyant toutes ses voitures de police dont les gyrophares, donnaient à l’endroit, un aspect effrayant... Pourquoi papa, avait-il tout à coup, cet air si austère ?

    N’ayant pas le choix, je le laissai s’éloigner en direction de la maison.

    « Monsieur le juge... Bonsoir, lieutenant Laroche... Se présenta l’officier. Il n’y a eu aucune effraction... Les scientifiques ont commencé à relever des empreintes, mais ce sont sûrement celles de la jeune fille et de ses parents.

      – On m’a prévenu, le parquet me charge de l’instruction, je vais ramener ma famille à la maison et je reviens vers vous, entre temps, si vous avez du nouveau, appelez-moi… Je dois parler à ma fille, c’est sa meilleure amie, je ne sais pas si je vais trouver les mots... »

    Ce fut d’un pas hésitant qu’il sortit de la maison. Qu’allait-il me dire ? - « Ton amie a disparu... On n’a pas retrouvé Roxane ! Pff... » – . Plus il réfléchissait et plus la distance entre lui et moi diminuait. Il me vit, le fixer, sentant l’appréhension de ma réaction, dans son regard.

    « Ne me mens pas, papa, je t’en prie... » Songeai-je.

    Après tout, je n’étais plus une enfant. Je sortis de la voiture et allai au-devant de lui, calmement, m’attendant au pire. Il s’arrêta, me fixant étrangement, comme si une sorte de paralysie l’envahissait. Il transpirait comme s’il s’était exposé au soleil en pleine après-midi. Arrivé devant moi, je le regardai, les yeux emplis de larmes mais gardant l’espoir.

    « Papa, où est Roxy... ? Elle t’a parlé !... Papa ! Dis-moi qu’elle va bien… Papa !

    — -- Ilé... Roxane a disparu, mon amour… » Je restai prostrée, en entendant ses mots.

    « Non, papa, je suis sûre qu’elle... »

    Mon père me prit par les épaules, serrant un peu et parla plus fermement.

    « Ileana, ça suffit, nom de Dieu ! Tu n’es plus une enfant, arrête et écoute-moi ! Roxane a disparu ! C’est la réalité, on est là, tu ne rêves pas ! C’est bien réel... Est-ce que tu comprends, ce que je veux te dire ? »

    Je me crispai tout à coup, la vision, aveuglée par les larmes. Je regardai mon père, prenant une grande inspiration.

    « Et bien, la réalité est un pur cauchemar, papa. Mais ne t’inquiète pas, j’ai compris... Ramène-moi à la maison, s’il te plaît ».

    Je sentis mes jambes se dérober et m’écroulai dans ses bras. Il me porta jusqu’à la voiture où Mary nous attendait.

    Ce fut dans le plus grand silence que nous rentrâmes chez nous. Maman m’accompagna jusqu’à ma chambre.

    Je savais que je ne trouverais pas le sommeil cette nuit-là. Je me dirigeai vers les fenêtres, aux volets toujours entrebâillés. Je regardai à la vitre... Partis dans mes pensées, je revoyais mon amie, parler et rire... Tout à coup, je crus remarquer quelque chose ou plutôt quelqu’un... Une silhouette furtive, passant entre les arbres de la rue... Je n’y prêtai pas vraiment attention, cet instant n’ayant duré que quelques secondes.

    Je collai cela sur le dos de la fatigue et du stress. Je me couchai en me posant plusieurs questions... Je pensai qu’il était humain de ne pas prêter attention à l’environnement où nous nous trouvons et aux personnes que l’on peut croiser à chaque fois que l’on sort à l’extérieur. Certains détails qui devraient peut-être nous inquiéter nous échappent forcément, sinon ça tournerait à la paranoïa ! Que s’était-il donc passé ? Je ne me souvenais absolument de rien, comme si un trou noir m’avait vidé la tête, mais pourquoi ! J’étais sûre d’avoir vu mon amie pour la dernière fois alors qu’elle rentrait chez elle, le sourire aux lèvres... Enfin je crois.

    J’avais en tête, l’image du kiosque, qui se tenait au centre du parc, mais pourquoi cette image, puisque nous n’y étions pas allés ! Peut-être un lointain souvenir où nous nous cachions en dessous, ensemble, toute gamine. Nous l’appelions la cage hermétique, car une fois la petite porte fermée, personne ne pouvait nous voir, même le jour ne passait pas ! Et personne n’y allait jamais. Hum… C’était juste un souvenir de gosse, certainement.

    Mais quelqu’un nous aurait-il suivis, depuis le parc ?

    Se serait-elle trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment ?

    Je me rappelai la mystérieuse disparition de Marianne. Elle ne fut jamais retrouvée. Peut-être que Roxane avait été enlevée par le même individu ! Et si elle ne réapparaissait plus !

    Je me remis à pleurer... Je ne pouvais imaginer l’avenir sans Roxane, c’était impossible !

    À qui allais-je bien pouvoir raconter mes secrets ? Avec qui allais-je rire aux éclats ? Et la rentrée des classes... Avec qui allais-je, la faire ? Et la promesse que nous nous étions faite, d’être chacune le témoin de mariage de l’autre lorsque nous serions en âge de fonder une famille ! 

    Tentant de me résonner, je me mis à penser positivement... Demain, mon amie sera revenue, elle viendra me voir et nous rirons de tout ça. Elle me racontera ce qui s’est passé et je lui tiendrai la main pour la rassurer... Nous, les amies de toujours, nous serons réunies à nouveau !

    Ce fut sur ces pensées rassurantes que je m’endormis paisiblement.

    Le lendemain, persuadée d’avoir juste fait un sale cauchemar, je me réveillai très tôt. Je bondis du lit en entendant parler. Au moins quatre voix. Celles de mes parents, mais les deux autres ne me semblèrent pas familières. En haut des escaliers, je tentai d’écouter. Ne tenant plus, je descendis en pyjama. Me penchant discrètement contre la rampe, je vis dans le salon, deux hommes, un en uniforme de la gendarmerie et l’autre habillé, décontracté. L’uniforme, tenant un carnet, semblait noter certains passages de la conversation. Et l’autre montrait une photo ou une note à papa, quand ce dernier m’aperçut.

    « Ma chérie, approches, veux-tu !... Ces messieurs sont là pour te poser quelques questions. Viens, je te prie ! »

    Je restai au bas des marches, regardant les hommes avec méfiance. Le gendarme présent était déjà passé à la maison et sa venue n’était jamais de bonne augures. Je commençai à comprendre que ce que je pensais être un mauvais rêve était bien réel. Je restai silencieuse. L’homme en uniforme s’approcha de moi.

    « Bonjour, Ileana, on se connaît tous les deux.

      – (Oui et t’es une poisse ambulante, quand tu viens ici, y a toujours une mauvaise nouvelle !)... Oui je vous connais, monsieur. Vous avez retrouvé mon amie ?

        — Euh, non ma grande, mais le lieutenant Laroche qui est ici, va te poser quelques questions, je vais te demander de lui répondre et de te souvenir du mieux que tu peux... D’accord ? »

    Je lui fis un signe de tête. L’homme, vêtu d’un jean et d’une chemise à manches courtes me salua.

      « Parfait, Ileana... Hier, tu as passé la journée avec ton amie... Quelle heure était – il quand vous avez commencé votre journée ensemble ?

      – Environ 10 heures le matin... On avait hâte de se voir... Comme toujours. » Il sourit, puis reprit.

    « Oui je comprends... Par quoi avez-vous commencé votre journée ?

      – Roxy est arrivée, on a commencé par écouter de la musique. Ensuite Maman est venue nous voir et m’a demandé de descendre pour m’offrir mon vélo, c’était mon anniversaire, hier... Papa était là aussi !

      – Est-ce que Roxane, t’as parlé de quelque chose qui la dérangeait ? T’a-t-elle, semblé étrange, soucieuse, apeurée ou inquiète ?

      – Non, bizarre, elle l’est toujours ! Dis-je, en riant. Non, hier elle était gaie, elle me l’aurait dit si elle avait eu quelque chose qui l’embêtait, j’en suis sûre !

    – Très bien, ensuite êtes-vous sorties ?

      – Pas avant le début d’après-midi, je lui ai fait un dessin, sur l’épaule, comme ma tâche, là ! Montrant mon épaule. On est allé au parc en vélo. Ensuite, on s’est acheté des glaces et on s’est assise sous un gros arbre... On a discuté un peu et ensuite, elle m’a donné mon cadeau... Un appareil photo instantané, elle savait que j’en voulais un, ce sont de vieux trucs démodés, mais moi, j’aime bien... On a aussi parlé de la sœur des jumelles qui a disparu en 98, vous savez, Marianne ?

      – Que t’a-t-elle dit à ce propos... Elle t’a paru soucieuse, avait-elle peur ?

      – Non, elle est curieuse de nature, elle pose toujours des questions trop bizarres !

    – Et dis-moi, as-tu remarqué si quelqu’un vous observait ? Quelqu’un est-il, venu vous parler, prétextant quoi que ce soit ?

    – Non, personne... Il n’y avait pas beaucoup de monde au parc, il faisait trop chaud ! Monsieur... Est-ce que mon amie est morte ? »

    Il regarda mes parents, semblant gêné. C’est sûr qu’une question comme ça, ça flingue un peu, surtout quand on ne sait pas quoi répondre. C’est comme la satanée question, tout aussi chiante, que pose un enfant de cinq ans, que les parents appréhendent, tous : – « Comment on fait les bébés ? » – certes, ma question était moins innocente, voire plus glauque, j’avoue... Moi tout ce que je voulais, c’était que les choses soient claires dans ma tête.

    « Non ! Voulut-il me rassurer. Il ne faut pas penser au pire ! Nous ne l’avons pas retrouvée, mais on la recherche activement... C’est pour ça que je suis là ce matin. Tu es la dernière personne à l’avoir vu, tu comprends ? Tu aurais pu avoir des indications qui nous auraient aidés à la retrouver... Quand elle est arrivée chez elle, tu l’as vu ouvrir la porte et rentrer ?

    — Oui bien sûr... Elle m’a fait coucou de la main et a fermé la porte ! »

    Je me mis à pleurer, revoyant cette putain de scène, en version repeat dans ma tête. Ma mère me prit dans ses bras.

    Le lieutenant se dirigea vers mon père et lui parla discrètement.

    « Je ne vais pas insister, votre fille est très secouée, on continue nos investigations. Je vous tiens au courant de la suite, monsieur le juge...

      – Merci, Laroche, je reste à la maison, ma fille a besoin de moi. Vous pouvez m’appeler sur mon portable, si vous avez du nouveau, je vous rejoins.

      – Je n’y manquerais pas, monsieur, mais quand elle ira mieux, elle devra venir au poste.

      — Oui évidemment... Je ne vous raccompagne pas, bon courage, messieurs ! »

    Les deux hommes sortirent et papa les remercia encore.

    Je repensais tout à coup aux photos que nous avions faites ensemble avant de quitter le parc. Je les sortis... Je revis mon amie, tantôt rieuse et sur d’autres, grimaçante... Les larmes coulèrent sur mes joues. Ma mère vint me retrouver.

    « Maman, elle me manque...

    – Je sais chérie, mais tout va bien se passer, on va la retrouver... »

    L’ambiance dans la maison était silencieuse, voire mortuaire. Personne ne parlait. À l’extérieur, le soleil, tant apprécié habituellement, me parut en ce jour plus menaçant que jamais. Soudain, j’eus envie de sortir. Je ressentais une sensation d’étouffement, je voulais chercher mon amie... Même la maison où je vivais et qui jusqu’à présent me semblait être l’endroit le plus sécurisant, m’apparaissait aujourd’hui, à une cage dorée. Je regardai ma mère.

    « Maman, je veux aller faire un tour en vélo !

    – Tu n’y penses pas ma chérie ! Tu dois rester ici, tu es en sécurité avec nous !

      – Maman, j’étouffe, je dois chercher Roxane, c’est mon amie, elle a besoin de moi ! Je le sens au fond de moi... Je vais faire un tour !

      – C’est hors de question, Ilé ! Me somma ma mère, à nouveau.

          – Vous ne m’empêcherez pas de sortir ! Je veux la retrouver ! » Criai-je.

    Je me levai et sortis en courant... Mary regarda mon père, qui me suivit en m’interpellant. Refusant de l’entendre, je montai sur mon vélo et filai à toute allure.

    Je m’engageai dans la rue, regardant devant moi, passant devant la maison de mon amie, sans même remarquer les curieux qui s’agglutinaient à l’affût du moindre renseignement pouvant ainsi leur permettre de colporter de croustillants ragots et alimenter ainsi, certains esprits malsains du village, comme il en existe, hélas, partout.

    Non, je ne les voyais pas... Je sentais juste le soleil me brûler la peau mais je m’en fichais... Il pouvait bien me cramer, ce n’était pas mon principal souci. Je tentais de me remémorer les instants où Roxane et moi étions au parc. Le lieutenant Laroche m’avait posé la question. C’est vrai que je n’ai vu personne de suspect, mais est-ce qu’on pense vraiment à observer autour de soi, à chaque fois qu’on met le nez dehors ! Je décidais de m’y rendre à nouveau pour tenter de me replonger dans l’environnement. Peut-être qu’un détail me reviendrait. Je me souvenais d’un épisode de la série « Esprits criminels » ou l’un des profileurs demandait à un témoin de fermer les yeux afin de se souvenir d’odeurs, de bruits ambiants, qui pourraient l’amener à se rappeler un instant précis et qui aideraient nos héros à élucider leur affaire. Ils appelaient cette technique, un entretien olfactif.

    Bon, je savais aussi que les séries télévisées n’étaient que fiction et que ça n’avait rien à voir avec la réalité. Mais j’avais lu dans un magazine que cette technique marchait plutôt bien et je l’avais même déjà utilisé une fois pour retrouver mon stylo plume préféré ! Bref, un objet sans grande importance mais cela avait fonctionné quand même.

    J’arrivai au parc, m’arrêtai devant la grande grille que je trouva,

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