Un sentiment de culpabilité
uinze jours que je suis en convalescence sur cette île baignée par les rayons d’un soleil si généreux qu’il faut s’en méfier et porter un chapeau de paille, comme le font les habitants de Donoussa. Depuis mon arrivée, la plupart d’entre eux me saluent d’un petit hochement de tête ou d’un signe de la main. J’ai l’impression d’être l’hôte le plus choyé de cette petite île des Cyclades. Il est vrai que je suis l’un des rares touristes en cette saison et je me trouve immergé dans une population de moins de deux cents habitants répartis sur une superficie de quelque treize kilomètres carrés. C’est peu dire que mon arrivée dans le port de Stavros à bord du ferry a été remarquée.
Je suis encore pâle et j’ai les traits tirés.
Les bienfaits de l’iode et ceux des vents marins ne sont pas encore totalement efficaces. Mais grâce au dépaysement et à la beauté du paysage, je me sens plus détendu. Mes bouffées d’angoisse sont un lointain souvenir et je respire plus librement. Le poids qui m’oppressait ces derniers temps se délite sous l’effet de la douceur du climat méditerranéen. Je me sens plus léger lorsque je contemple ces rivages bordés d’une eau turquoise, parsemés de rochers parfois saillants.
La solitude ne m’effraie pas. J’y aspire, même. Après l’épreuve que j’ai traversée, j’aurais même pu me réfugier dans un monastère ! J’ai préféré cet exil en terre inconnue, parmi une population à la langue et aux mœurs qui me sont étrangères. Les échanges m’y semblent plus sincères. Je n’ai pas à supporter les regards de pitié ou de commisération qui étaient devenus mon quotidien au lendemain du drame.
Ici, on ne connaît pas mon histoire.
Chaque matin, je parcours à pied la distance qui sépare mon logement chez l’habitant du port de Stavros où sont amarrés des bateaux de pêche. En cette saison, l’île possède cet attrait sauvage qui apaise l’âme. Du
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