Savoureux conte de fées – partie II
Déjà, pendant tout le voyage, Liu avait été muette. Cet autisme coutumier ne m’atteignait plus. Lorsqu’on conduit des voitures singulières (la même Chrysler qu’en Bretagne, lire p. 70 côté Atlantique), il y a intérêt à tout surveiller : le volant, les ailes loin derrière, le devant de la route en contrebas des 3 mètres de capot. Taormine n’était pas loin, tout était en place. De Chongqing, la plus grande ville du monde – 82 000 km2 , 35 millions d’habitants ! –, un assistant localisait probablement les méandres de notre auto dans les lacets de la route grimpant vers la station balnéaire. Nous avions chacun notre chambre au Belmond Grand Hotel Timeo, un vrai beau palace où les fortunes viennent exposer leur spleen. « Adossé au théâtre antique, il est né en d’autres temps », racontais-je à Liu. Comme à son habitude, elle était assise sur la banquette arrière, larges lunettes de soleil et visage impassible. Je lui racontais que Truman Capote était venu dans le coin. En 1950, il avait 26 ans, n’avait pas un rond, mais loua quand même une villa pour 50 dollars par mois. Il portait toujours un short, et se rapprocha d’André Gide qui traînait dans le coin : « La fille de Gide est venue lui tenir compagnie, écrit-il. Elle m’a ébahi : 1) parce qu’elle est aussi laide qu’un poêle à bois, 2) parce qu’elle
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits