Presqu'au début de la Colonie...
Par André Daigle
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À propos de ce livre électronique
André Daigle, l’auteur du livre de motivation « Change tes Pensées » – traduit en anglais sous le titre de « Change Your Thinking » – fouille davantage dans son passé. Il élabore des bribes d’histoires puisées ça et là dans son enfance, et même un peu plus tard dans sa vie.
Les beaux souvenirs qu’il avait échappés dans sa petite biographie, au début de son premier bouquin, lui trottent encore en tête et l’aident à en réveiller d’autres. Il en profite donc pour nous les servir. Simplement, comme ça lui vient...
Depuis St-Marc-sur-Richelieu, son village natal, en passant par Rigaud – vous connaissez – il relate avec nostalgie, des morceaux de vie, semblables à ceux que nous avons tous vécus, mais que nous gardons trop souvent pour nous.
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Aperçu du livre
Presqu'au début de la Colonie... - André Daigle
Presqu'au début de la Colonie...
Éditions Dédicaces
Presqu'au début de la Colonie...
par André Daigle
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André Daigle
Presqu'au début de la Colonie...
Au début de la Colonie...
C’est ce que disent mes amis, quand ils parlent du temps de mon enfance ! Pour me taquiner, bien sûr !
––––––––
Ce petit coin de pays ne m’était pas hostile. Il m’avait accepté depuis ma naissance. Il avait aussi accepté tous les miens. J’aurais bien aimé y vivre plus longtemps; ce qui m’aurait permis de raconter encore plus de souvenirs !
Je me revois tout petit, marchant à côté de ma mère, tenant précieusement un gros cadeau qu’elle venait de me donner : une banane. Un fruit rare chez nous !
Comme elle était très malade, et qu’elle devait bien manger, mon père avait acheté quelques fruits. Elle m’en avait sacrifié un ! Ça me semble être le plus lointain geste d’amour dans ma mémoire de bambin ! Elle est décédée peu de temps après, alors que j’avais 3 ans et 2 mois, bien sonnés.
L’autre chose dont je me souviens particulièrement fut son doux regard et son sourire presqu’inachevé quand elle partit pour de bon, dans son lit sombre, alors que tout autour, les gens priaient et sanglotaient à la fois.
Ce fut aussi un temps où mon père fut très éprouvé. Non seulement avait-il perdu sa femme, mais aussi sa mère, et une enfant – ma petite sœur – durant cette sombre période.
Quand sa mère décéda, je n’avais pas été très perturbé. Le fait de m’avoir amené au village dans la maison même de mon aïeule, aurait dû m’ébranler quelque peu. Au contraire, j’oubliai tout, subitement ! Il y avait un piano et la tante Lucienne en jouait ; en cachette évidemment, pour ne pas commettre un trop grand sacrilège pendant ce moment de peine profonde.
La même tante et l’oncle Julien, nous amenaient faire des tours de chaloupe sur le Richelieu. Leur maladresse avec les rames nous incitait à avoir très peur. D’autant plus que nous ne savions pas nager à cette époque. Mon oncle s’amusait à nous suspendre au-dessus de l’eau, pour le plaisir. Pour son plaisir au fait; car pour nous, ce n’était rien d’agréable.
Nous aimions mieux aller chez l’oncle Oscar, lui qui tenait le Salon de Barbier. Il opérait également, un petit comptoir de liqueurs douces, de chocolat, et de bonbons de toutes sortes ! Je me souviens des immenses bouteilles «Jumbo» d’une centaine d’onces – du moins, selon mon évaluation d’enfant – de soda à la fraise, à l’orange ou à d’autres essences.
Je ne sais pas si l’oncle Oscar faisait bien les coupes de cheveux, puisque c’était mon père qui se servait des outils électriques de l’oncle, quand nous y allions. C’était un délice, si je compare cet appareil avec le petit clipper à la main que notre paternel utilisait à la maison, et qui semblait tirer davantage notre crinière plutôt que la couper !
Dans la pièce avant, la cousine Irène, s’occupait d’une petite succursale de la Caisse Populaire. Elle dût finalement fermer boutique, puisque trop souvent elle devait faire face à des bandits de grand chemin – de petit chemin – devrais-je dire, puisque la route qui serpentait tout au long de la rive du Richelieu, était à l’époque très étroite et mal entretenue. Le maire du village ne recevait pas d’octrois; tout ça, parce qu’il n’avait pas choisi d’épauler le bon parti politique !
Notre cousine, heureusement pouvait faire autre chose que de tenir un comptoir bancaire; elle était peintre. C’est elle d’ailleurs qui avait rafraîchi à cette époque, tout l’intérieur de l’église de notre paroisse; le chemin de la croix, les grandes fresques, et les autres beautés.
Plus tard, quand mon père se remaria, nous retournâmes vivre dans le rang des 60. Nous étions loin de cette belle église.
C’est long, parcourir huit à dix kilomètres, quand la voiture est tirée par un cheval. Surtout l’hiver.
Justement l’hiver, nous étions à peu près toujours accroupis dans le fond de la carriole, mon frère et moi, pendant tout le trajet. Mon père mettait une chaudière de cendre chaude à nos pieds, et une lourde couverture de fourrure de Buffle sur nos têtes.
Rendus à l’église, une heure plus tard, quand nous sortions de notre cachette, nous n’étions certes pas gelés, mais tout courbaturés, avec un genre de torticolis qui laissait croire aux gens que nous étions peut-être des handicapés venus prier pour une guérison !
Mon père faisait partie de la chorale paroissiale depuis toujours; du chœur de chant, disions-nous. Au fait, je ne me souviens pas de l’avoir vu souvent dans le banc familial.
La cousine Jeannine touchait l’orgue, mais jamais assez fortement pour enterrer la voix chevrotante de Phérie Archambault – probablement Alphérie, au fait – le doyen du groupe. C’est donc lui qui chantait le fameux Minuit Chrétien ! Malgré l’audition quelque peu pénible, nous étions tous emportés par ce moment grandiose !
René, le mari de la cousine organiste – et notre cousin également – ne se pointait pas souvent au jubé. Même le soir de cette veille de Noël, il prétextait devoir s’occuper des chemins, passer la charrue, et tout le reste. L’été aussi, il trouvait des excuses pour justifier son absence.
Quelques fois, Yvon Préfontaine, un jeune étudiant du séminaire, chantait et dirigeait lui aussi la chorale. Je l’ai revu plus tard au collège, alors qu’il était prêtre et professeur de musique. C’était d’ailleurs un artiste de la clarinette. Un personnage brillant. Il est même devenu le Supérieur Général de la Communauté des Clercs de Saint-Viateur.
Je crois bien que Paul Noël faisait partie de la chorale lui aussi. Je n’en suis pas certain. Ce Paul en question, était le soupirant de la tante Géraldine, la sœur de ma mère. Comme cette tante était porteuse à mon baptême, et que le dit Paul l’accompagnait, le prénom de ce dernier, fit alors partie des miens. C’était une coutume du temps; sans doute.
Je ne vous parle pas trop de notre bon curé d’alors; il était presque sourd, et nous devions crier nos péchés à la confession du mois.
Ces déclarations à haute voix, éclairaient ceux qui attendaient en ligne, et qui ne savaient pas trop quoi raconter.
Le vrai monde du rang des 60 !
––––––––
Dans le rang des 60, on se connaissait tous. Les fermes se ressemblaient également. Plus il y avait d’enfants, plus le domaine était prospère. Chez nous, ça commençait à peine; nous n’étions que deux jeunes frères en apprentissage.
Chez le «Pite» Charron, à côté – je n’ai jamais su son vrai prénom – Gros Jean, son fils aîné, était déjà marié. Arthur, l’autre garçon, frisait la vingtaine; mais semblait n’être jamais sorti de son enfance. Pourtant,