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Respire...: Grandir est la somme de particularités
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Respire...: Grandir est la somme de particularités
Livre électronique215 pages3 heures

Respire...: Grandir est la somme de particularités

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À propos de ce livre électronique

Albane est une petite fille espiègle. Elle nous invite à la suivre et grandir avec elle, entre sa Bourgogne natale, la Côte d'Azur, Noirmoutier, son île magique, Paris, puis Chateau-Thierry où elle s'installera. Elle partage avec le lecteur son regard sur les adultes, sur ses parents, sa famille, les drames, les déchirements et la maladie qui ont jalonné son apprentissage de la vie... Mais aussi l'extraordinaire liberté, l'art, la joie et l'humour qui l'ont façonnée.

Respire... est un récit tout en émotions, qui questionne sur l'importance des mots, des gestes, de la transmission et de l'amour.

Un tiers des droits d'auteur sera reversé à une association de lutte contre le cancer.
LangueFrançais
Date de sortie15 juin 2020
ISBN9782322263882
Respire...: Grandir est la somme de particularités
Auteur

Albane Sauvage

Albane Sauvage a 49 ans. Mariée et mère de deux enfants. Après des études de design graphique à Nice, les opportunités professionnelles la mènent à Paris où elle intègre les services de publicité des magazines Maisons Côté Sud, Cosmétiques News, qu'elle quittera pour la production de films publicitaires avant de revenir à la presse. Curieuse, créative, la peinture et l'écriture lui permettent de s'évader en parallèle d'une vie active et familiale intense. Respire... est son premier livre.

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    Aperçu du livre

    Respire... - Albane Sauvage

    Epilogue

    Prologue

    C’était facile pour moi de porter un jugement aussi dur fut-il. Poser un regard intransigeant sur ce qu’elle était devenue. J’étais là, face à ce qui ne ressemblait plus qu’à un corps décharné, enrubanné de tuyaux. Je contemplais le désastre et souhaitais plus que jamais que tout s’arrête vite. Qu’un dernier souffle l’emporte. Vite. Son corps me dégoutait. L’odeur du tabac l’enrobait encore malgré le masque à oxygène qui devait interdire tout mégot incandescent à proximité de l’énorme bonbonne d’aluminium qui la suivait partout pour la maintenir en vie.

    J’avais le sentiment d’avoir perdu ma mère depuis longtemps.

    Il fallait que la réalité rejoigne ce qui était devenu pour moi une évidence depuis des mois.

    Peut-être même des années.

    1

    C’est le départ. Il fait nuit et mes parents embrassent les amis qu’ils quittent pour toujours. On a embarqué mon poney Grisbee dans un camion qui vient de partir pour je-ne-sais-où. Je crois bien que je vais le retrouver même si on m’a dit qu’on ne pouvait pas l’emmener dans notre nouvelle maison. Loin. Ils n’ont jamais aimé cette bête qui le leur rendait bien. Il mordait. « Une véritable carne », répétaient-ils. Moi, je l’aimais bien Grisbee. Il me portait docilement et faisait attention à moi. Je le retrouverai, c’est sûr !

    Olivier et moi sommes en pyjama dans les jambes de ces adultes en effusions de sentiments, d’aurevoirs, de bises qui claquent sur les joues, juste devant chez François. Nous levons la tête pour saisir ce qu’il se passe. François ne nous suivra pas, il garde son restaurant où nous n’irons plus. Je comprends que nous disons aussi adieu à ces soirées où les adultes riaient fort, où Maman nous permettait, assis sur ses genoux à la table des grands, de plonger une cuillère dans la boule glacée à la vanille de sa Dame Blanche, nappée de chantilly, d’amandes grillées et de chocolat, avant de nous écrouler sur les bancs moelleux du restaurant de François, dans un sommeil heureux.

    Bientôt, Maman nous installa sur la banquette arrière de la voiture pour un long voyage.

    Nous quittons Génelard, nos amis, mon école, Popote, la grosse dame dont je n’ai jamais connu le véritable prénom, joviale et pleine d’amour, qui me gardait après l’école, toujours vêtue d’une blouse à fleurs et dont les cheveux roux hirsutes aéraient un visage disgracieux. Nous quittons pour toujours le village où nous avons commencé à grandir. Nous quittons surtout mes grands-parents Poton et Toum qui ne sont pas là, avec les amis de mes parents, qui n’en finissent plus de nous embrasser.

    Mon père avait décidé de rejoindre sa sœur jumelle sur la Côte d’Azur. Il ne reprendrait pas la pharmacie de mes grands-parents comme ces derniers l’avaient imaginé. Une longue lignée de pharmaciens, un héritage familial sur plusieurs générations, s’éteignait avec cette décision.

    Être pharmacien de village élevait mes grands-parents au rang de notables. Au milieu du siècle dernier, dans un village perdu de Saône-et-Loire, leurs attributions dépassaient souvent celles d’apothicaires. Mais mon père était hermétique au statut qu’aurait pu lui conférer ce diplôme. Il n’était d’ailleurs même pas allé au bout de ses études. Il avait rencontré ma mère et très vite un léger contre-temps avait entravé leur poursuite. Moi.

    Reprendre les affaires familiales l’aurait cloué dans ce village, à vie ou presque. Il rêvait d’autres horizons. Traverser le monde en bateau dans ses jeunes années rebelles, lui avait donné le goût d’ailleurs.

    C’est pourtant ici, que j’avais passé une partie de mes mercredis, dans l’arrière-boutique de la pharmacie de mes grands-parents, où étaient confectionnés pilules, cachets et crèmes. La pharmacie était alors encore un art. L’art de mélanger herbes et plantes, poudres et onguents. Un artisanat, avec sur des étagères, toutes sortes d’ustensiles à pilules, et des bocaux de verre jaune ou bleu remplis de produits toxiques

    Mes grands-parents étaient considérés avec bienveillance par les habitants, et chacun de nous, enfants, petits-enfants, étions salués dans la rue, identifiés grâce à une génétique physique reconnaissable, comme une marque de fabrique : des yeux noirs et des sourcils droits qui barraient le haut de notre visage.

    De nature heureuse, Poton était un homme doux, d’une bonté, d’une intelligence et d’une humilité rares. Il avait donc construit ici, avec Toum, le berceau d’une grande famille.

    Une spacieuse maison blanche aux hautes fenêtres cintrées, à la lisière du parc du château, avait alors vu naître et grandir quasiment chacun d’entre nous. A l’intérieur, un long couloir de carreaux de ciment aux motifs colorés contournait le salon parqueté et desservait plusieurs chambres aux plafonds très hauts. Le salon accueillait le cœur de la maison, cosy, meublé de douillets canapés. Son immense porte-fenêtre ouvrait sur le perron devant la maison, et laissait entrer la lumière baignant la pièce de chaleur l’hiver. A l’arrière, une salle à manger faisait le lien entre le couloir et la cuisine, où Toum passait des heures.

    Cette maison était devenue mon terrain de jeu préféré.

    Je suivais Toum partout lorsqu’elle s’occupait de ses poules, préparait pour elles des mixtures de son et d’eau qu’elle réchauffait et qui écœuraient tout le monde au petit déjeuner. Moi, j’aimais l’odeur âcre du son, parce que je voyais l’amour qui débordait de ma grand-mère dans la préparation de ces tambouilles.

    Ce que je préférais par-dessus tout, était de l’assister à la cuisine lorsqu’elle confectionnait de fabuleuses tartes en chantonnant, toujours d’une voix haute et juste, pendant que Poton s’échappait pour une heure à la messe chaque samedi soir. Toum disait qu’il priait pour elle et toute la famille, lui évitant ainsi habilement de l’accompagner.

    Perchée sur un tabouret à vis que ma grand-mère ajustait pour moi, je ne perdais pas une miette de la préparation de sa pâte à tarte. Tout d’abord, elle pesait chaque ingrédient sur sa petite balance à plateaux, m’invitant à choisir et disposer les poids adéquats sur le plateau opposé. La pâte était ensuite roulée en boule et placée sur une coupelle pour la laisser reposer à l’office, dont il fallait bien veiller à refermer la porte. Cette minuscule pièce sombre conservait tous les parfums d’un foyer heureux et offrait une odeur douce et réconfortante.

    Ensuite nous placions ensemble chaque quartier de pomme en une rosace savamment organisée, avant d’enfourner le moule puis de savourer un dessert merveilleux.

    Il me semblait que notre famille était un peu à part dans ce village. Mes grands-parents apparaissaient un peu comme des aventuriers, imposant le respect à tous par le goût qu’ils avaient pour la montagne. L’hiver était pour eux, synonyme de nouvelles escapades alpines. Dès les premières neiges, ils partaient à l’assaut des cimes, équipés de skis et de peaux de phoque. Des photos noir et blanc, jaunies par le temps, les montraient posant debout, heureux, fiers et naturels, au sommet de l’aiguille du midi, vêtus de larges pantalons de laine, de hautes chaussettes claires jusqu’au genou, un manteau ceint à la taille et d’épaisses chaussures de cuir nouées de lacets crochetés. La montagne était une passion encore plus forte pour Toum qui laissait parfois mon grand-père pour rejoindre des cordées, sur les pas de Pierre Gaspard, et grimper, intrépide, de nouvelles hauteurs.

    Ma grand-mère plaçait la barre haut. Pas seulement pour la montagne où mes grands-parents avaient entrainé leurs cinq enfants jusqu’à en dégouter mon père. Elle, qui comptait parmi les premières femmes à avoir suivi des études poussées en mathématiques, ne souffrait pas que ses enfants s’abandonnent d’une manière ou d’une autre à l’oisiveté ou la facilité…

    Pour avoir grâce à ses yeux, seule une voie scientifique était envisageable. Alors que trois de ses filles avaient poursuivi des études d’infirmières plus ou moins avec envie, Nicole, la deuxième, la rebelle, et sans doute la plus proche de mes grands-parents, avait embrassé les Beaux-Arts, une première dans la famille…

    Mon père, seul garçon au milieu de quatre sœurs, était très nettement l’enfant chéri de Toum, son protégé. Pourtant, il allait partir du village natal et construire sa vie loin d’elle.

    2

    Nous avions roulé toute la nuit à bord de la R16 familiale vert bouteille. Sept cents kilomètres nous séparaient désormais définitivement de la Bourgogne. Mes parents avaient décidé de nous installer dans le Sud, à Grasse, capitale des parfums, où une nouvelle vie nous attendait.

    Mon frère Olivier avait deux ans, et dormait encore sur la banquette arrière, alors que je m’éveillais. Le soleil pointait tout juste à l’horizon. L’air frais qui entrait dans la voiture, effleurait le dessus de mes bras et accompagnait les odeurs mêlées de parfums et de nature fraîche. La voiture était garée à l’ombre d’un arbre penché, dont les larges feuilles caressaient la tôle. J’entendais au loin des voix. Je tendis le cou pour mieux voir l’extérieur. De longues plates-bandes d’herbes hautes se succédaient en escalier jusqu’à une petite maison ocre-jaune. Mes parents devisaient joyeusement avec les amis qui avaient accompagné notre déménagement. Un camion avec nos meubles et toute notre vie nous avait suivis et stationnait dans la pente goudronnée juste devant la maison.

    Je réveillai Olivier pour lui présenter notre nouveau chez nous, bien différent de l’appartement au-dessus de la boucherie Lavigne que nous habitions à Génelard. Ici, tout était plus vaste, plus clair, plus beau.

    Olivier, quand il s’éveillait, avait dans les cheveux, un épi comme du foin, qui le rendait craquant. Ses joues rondes étaient encore rouges de sommeil. Ses yeux plissés s’écarquillèrent en découvrant l’immense jardin qui nous entourait. Certaines plantes extraordinaires, que nous n’avions jamais vues auparavant, nous semblaient un peu effrayantes, avec leurs multiples bras vert et jaune, et leurs piquants acérés comme des griffes.

    Sans un mot, nous sommes sortis de la R16, laissant les lourdes portes ouvertes derrière nous, pour courir pieds-nus jusqu’à nos parents.

    Nous avions visité chaque recoin du jardin, chaque pièce de la maison. Un papier peint terne tapissait les murs. Le carrelage frais sous nos pieds nus, était composé de petits cailloux agglomérés, comme des pépites, tout lisse. Un grand tapis le recouvrirait dans le salon. La salle de bains se réduisait à un minuscule lavabo et un bac de douche. La machine à laver le linge et une armoire étroite remplissaient déjà le reste de l’espace.

    Très vite, chaque meuble avait trouvé sa place. Nous avions ôté nos t-shirts sous la chaleur écrasante et croquions les tomates juteuses pour un pique-nique entre les cartons encore amoncelés. Les adultes sirotaient un pastis et piochaient des tranches de Rosette de chez nous, à l’ombre de la terrasse nord, tandis que nous courions partout à l’aventure du vaste jardin qui deviendrait notre terrain de jeu.

    Nous avions tout quitté pour vivre au milieu des parfums entre collines et mer Méditerranée. Nous découvrions un nouvel accent qui parfois, nous empêchait de comprendre tout à fait ce que voulaient nous dire nos voisins.

    Je passais d’une école publique de village, dont la plupart des bâtiments étaient en réalité préfabriqués et les jeux extérieurs, faits de briques et de broc, aux allées paysagées, bordées d’iris et de hauts palmiers de l’école primaire Sainte-Marthe à Grasse. Ici, pas de structures de jeu dans la cour ; seuls les marronniers qui l’entouraient, devenaient les accessoires privilégiés de nos jeux créatifs d’écoliers.

    Des règles strictes étaient en place parmi les élèves. Avant toute poursuite, chacun mettait un pied en avant, collé à celui des copains de part et d’autre. Tous entonnaient alors une comptine pendant que l’un d’entre eux promenait son doigt tendu sur chaque soulier en une ronde rythmée. Puis, les paroles s’arrêtaient, immobilisant le doigt sur le pied de celui qui, de fait, était désigné pour être le chat. Certains aimaient courir après les autres. David, un garçon frêle et maniéré, maugréait lorsque le hasard le choisissait, puis souvent finissait par abandonner sa place à Dominique ou Marina pour aller jouer à la princesse avec les filles.

    A l’intérieur des bâtiments austères, un couloir en alcôve minuscule, comme un passage secret, sorti tout droit d’un conte, et lieu de tous les fantasmes pour des enfants de sept ou huit ans, suivant, deux par deux, ses habitantes voilées en aube blanche. Des nonnes qui me semblaient avoir l’âge de mon arrière-grand-mère, qui, elle, atteindrait bientôt cent ans, dirigeaient l’établissement, accompagnées de civiles pour l’enseignement. La prière quotidienne rythmait la matinée, et la messe du vendredi dans la chapelle de l’école, lavait nos pêchés de la semaine.

    Les années se succédaient, heureuses, dans ce petit paradis ouaté de religion bienveillante jusqu’au jour de cette veille de vacances de Noël.

    Mademoiselle Houblon était professeur de notre classe de CM1. Vieille fille notoire elle vivait encore chez sa maman, Place aux Aires, juste en face de la pharmacie dans laquelle Maman avait trouvé une place de préparatrice. Elle prit un air solennel après la prière du matin, après que la bougie qui symbolisait Jésus, fut éteinte et que l’odeur de cire se répandit dans la salle de classe.

    Elle avait attendu que chacun regagne son pupitre, avait réclamé le silence, avant de nous annoncer qu’elle avait quelque chose de très important à nous dire.

    Elle quitta sa place. L’espace au sol était mince sur l’estrade sur laquelle elle évoluait. Sa main droite agrippa légèrement son bureau, longeant le plat du rebord, comme quelqu’un qui ne verrait plus bien et suivrait un chemin risqué, pour venir se poster juste devant nous. Elle prit une pause bien stable sur ses deux épaisses jambes gainées de bas gris opaque, les pieds joints dans ses souliers noirs, bras tendus en avant et doigts croisés vers le bas. Ses cheveux noirs ramenés en arrière en chignon sévère apportaient encore plus d’intensité à l’instant.

    Le silence se fit. Totalement.

    Nous étions excités à la veille des vacances et l’ensemble de la classe était maintenant figé.

    Mademoiselle Houblon attendit encore un moment, ses petits yeux rivés derrière les épais verres de ses lunettes.

    « Le père Noël n’existe pas ! » avait-elle lancé soudain.

    Consternation de l’assemblée d’élèves de huit ans. Elle nous aurait annoncé que nos parents étaient des extra-terrestres, cela n’eût pas été pire, puis elle continua sans se démonter. Il lui fallait nous révéler La Vérité pour ne pas compromettre notre foi en Dieu, Jésus, Sainte-Marie, Joseph….

    Nouvelle consternation….

    Alors que certains gamins s’étaient mis à pleurer, je n’entendais plus les paroles de la maîtresse qui déboulaient à flot. Mes yeux ne quittaient plus l’énorme poireau posé sur sa lèvre supérieure, juste en dessous de son nez, d’où s’agitaient plusieurs poils drus et noirs au fur et à mesure que sa bouche articulait des mots.

    Mademoiselle Houblon était une sorcière !

    Elle leva bientôt ses deux mains, les doigts écartés, et fit des signes pour apaiser la classe.

    Noël cette année-là fut différent et le premier d’une série assez pourrie.

    Noël était une fête que Maman mettait un point d’honneur à entourer les jours qui la précédaient, d’allégresse et de mystère, pour la rendre chaque année unique. Mère, sœur, frères, nièces et neveux venaient participer à son bonheur, nous inculquant au passage une certaine idée de la famille.

    Cette année-là, partagée entre l’accès au sérail de ceux qui savent, et être une dernière fois émerveillée lors du rituel réveil des enfants en pleine nuit, que l’on menait dans le noir, guidés par la seule lueur de chandelles jusqu’au sapin illuminé de véritables bougies, au pied duquel le sol était jonché de cadeaux, j’avais finalement préféré me retrouver, comme les années précédentes, couchée avec les plus petits de mes cousins.

    Cependant, je ne m’étais pas endormie comme eux. J’étais restée à l’affût des phrases suspectes, des bruits de fausses clochettes de rennes (ahaha, des rennes dans le Midi, la blague !). J’avais entendu pour la

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