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Je suis tel que vous m'avez défait
Je suis tel que vous m'avez défait
Je suis tel que vous m'avez défait
Livre électronique126 pages1 heure

Je suis tel que vous m'avez défait

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À propos de ce livre électronique

Violence familiale, agression sexuelle, harcèlement scolaire, sexe, drogue, sida, homosexualité sont les thèmes abordés sans ménagement par l’auteur pour décrire sa vie. Il ne nous épargne rien ! Ne s’épargne rien de sa cruelle descente aux enfers. En littérature, il faut boire la coupe de l’amertume jusqu’à la lie. Une famille pathogène. Un homme malheureux, amoureux fou d’une
mère toxique, manipulatrice, perverse, culpabilisatrice ; par un amour passionnel et destructeur. Michel nous plonge à travers son histoire dans les cinquante dernières années.

La résilience à toute épreuve d’un homme de projets terrassé par ses démons, qui se livre par défi : pour faire la paix avec lui-même, mais aussi pour apporter des réponses à ceux qui, comme lui, se sentent trop souvent seuls et désarmés.

Un livre, lucide, puissant, violent, qui remue les tripes. Ce livre ne vous lâchera qu'au point final.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie20 janv. 2023
ISBN9782384545636
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    Je suis tel que vous m'avez défait - Michel Zaccaro

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    Je suis,

    tel que vous m'avez défait

    avec la collaboration de Claudine le Tourneur d’Ison

    Michel Zaccaro

    Je suis,

    tel que vous m'avez défait

    Pensez la vie, la source de votre vie.

    À mon Père, Emanuele

    come la prima volta, Papa, je t’aime.

    Premiers émois au soleil

    I

    Je me souviens de cette lueur qui m’aveugle. Elle est scintillante, chaude, claire, éparse et très intense. Je ne comprends pas bien ce qui se passe. Je viens de passer de l’ombre à la lumière et au même moment, je me détache de cette lueur qui prend soin de m’entourer, me caresser, m’étreindre. Je ressens tout à coup une harmonie, cette lueur se diffuse, et s’estompe me laissant l’impression de plusieurs images indélébiles. Il me semble déjà connaître mon existence et les personnes qui vont la composer comme une partition qui me brûle les doigts, me rappelle de faire attention et de continuer à me battre. Ce que je viens de vivre ne sera que le commencement d’une suite d’événements. Et aucun de ces événements ne sera jamais le fruit du hasard. Cette histoire se répétera de façon inexorable. Cette ligne de vie est un rythme, des fréquences identiques à celle de la musique, enlevées, légères et parfois douloureuses. À ce moment coulent mes premières larmes. Goût d’amertume, de regrets et déjà de nostalgie. Pourquoi ne puis-je pas rester dans cette lueur protectrice ? Je me sentais bien au chaud. Mais je comprends qu’on en a décidé autrement, et que mon destin est déjà en marche.

    Nous sommes le vendredi 25 mai 1962, et cette journée devrait être comme une journée familière, paisible et calme. Comment aurai-je pu savoir qu’elle serait le commencement d’une existence tourmentée, riche et inquiétante ?

    Nous devons être au printemps mais le temps est presque hivernal. Les températures sont basses pour la saison. On rallume même le chauffage pour contrer les gelées de la matinée alors que l’on devrait pouvoir se promener en chemise dans les rues d’une ville provinciale, marquée d’une empreinte bourgeoise, prétentieuse et très catho. Pourtant à l’époque, tout le monde veut résider à Versailles, ville royale, ville soleil, où les familles rêvent de conserver leur lustre d’antan. Un lustre plutôt semblable à l’état délabré des pavés ayant supporté le carrosse du roi soleil, et de tant d’autres personnages illustres. Des chaussées au triste et misérable relief gris.

    Tout va vite autour de moi. Je panique, bien qu’étant toujours dans cet univers familier. Je commence à me paralyser. Je tente de conserver mon équilibre en respirant cette odeur, ce liquide qui appartient à mon ancien environnement, mon lieu de vie, ma mère. Dans cet univers protecteur, je flottais légèrement, entortillé autour d’un cordon et ainsi bien arrimé, je tentais de trouver la position la plus confortable. Tout à coup, je réalise que le lien est rompu. J’en ai le souffle coupé. Je me sens abandonné. Les yeux écarquillés, je ressens un grand vide.

    Après cette étrange et effrayante dégringolade dans le monde, je me retrouve dans les bras d’une femme, ma mère. Elle me serre très tendrement sur son ventre, me caresse la tête, essaie de me rassurer. Pour la première fois, j’entends un son, une exclamation, un homme me saisit et dans un murmure ému, s’exclame : « MICHEL » !

    Quelques jours plus tard, alors que je suis bien protégé, lové dans une belle couverture, je prends peu à peu la mesure de la réalité, celle de l’univers où je me débats et je comprends assez vite les vicissitudes de l’existence qui va être la mienne. Un visage me devient familier, celui de mon père. Il m’emporte avec ma mère. Après le soupçon d’un abandon programmé, après la séparation de la mère et du fils, une nouvelle aventure se profile, mon chemin se fraie à travers l’affection de ceux qui sont devenus « mes parents ». Mon père c’est un peu Lino Ventura. Originaire d’Italie lui aussi, de la province de Bari dans les Pouilles, région agricole qui laissera une empreinte profonde sur ses valeurs d’homme et son mode de vie. Seul garçon d’une fratrie de quatre enfants, Emanuele, jeune homme élégant est un beau et fier cavalier sur sa jument Libellule, sa passion. Sa mère Angèle est issue de l’Italie la plus authentique, gantée de terres rugueuses et de destins absurdes. Dès mon enfance, je suis bercé sur les mélodies de nombreuses et différentes recettes ancestrales, préparées avec précaution et délicatesse par une grand-mère attentionnée, hantée par le souvenir d’un terroir lointain rugueux, âpre, mais si cher à son cœur. Je n’ai d’autre regard que pour admirer le savoir-faire culinaire de cette succulente grand-mère, que j’aime surnommer « mémère Zaccaro », je trouvais cela très certainement plus intime, plus tendre, plus rassurant peut-être. Je me laisse porter sur un concerto maggiore, par l’andante des épices, l’allegro des senteurs, le largo d’une eau bouillonnante prête à recevoir les pâtes fraîches minutieusement découpées et façonnées à l’aide de son petit pouce, mémoire d’un savoir-faire familial. Les multiples recettes s’enchaînent, et aucune essence ne parvient à échapper à mes narines qui s’ensoleillent tout au long de la journée. Toutes ces odeurs s’incrustent dans mon esprit, me transportent sur une gamme de différentes notes épicées et gourmandes, souvenirs d’une tendre enfance au cœur d’une famille italienne chaleureuse et aimante. Son père, Michel, d’une humilité sans failles et d’un courage sans limites, possède des mains d’orfèvre. La famille quitte l’Italie de Mussolini dans les années 1930 pour trouver refuge en France. Particulièrement adroit de ses mains, il est de petite taille et dégarni, courageux, c’est un homme humble et simple ; il le prouvera lors de leur immigration en direction de la France dans les années 1930, c’est la période où l’Italie se targue entre 1925 et 1945 de gouverner avec un parti unique (le parti national fasciste de Benito Mussolini). La vie n’est plus possible, le coût de la vie a augmenté de plus de 400 %.

    Il n’y a pas de travail et plus d’avenir pour ses enfants. L’Italie doit maintenant et rapidement panser ses plaies, mais les enfants doivent vivre et s’assurer un avenir, et cet avenir : c’est devant ! Et la décision est prise de tenter sa chance en France.

    En mal d’existence, le cœur meurtri mais visionnaire, Michel installe sa famille rue du Faubourg-Saint-Antoine, dans le 11e arrondissement. Dans un petit atelier de fond de cour, ses mains sont son gagne-pain et le bois sa ligne de mire. Il est ébéniste. Enfant, mon père est imprégné par cette modestie qui restera la marque indélébile de son caractère. Après des études aussi modestes que l’expression bleutée de ses yeux, il devient représentant dans une société de fournitures industrielles où il se sentira à son aise. Il est sérieux, bel homme, élancé, d’une élégance naturelle. Séduisant mais pudique, maladroit. Malgré son regard parfois sévère et sa voix forte, c’est un peu le Lino au grand cœur. Père exemplaire, privé de tendresse, il ne sait pas exprimer ce qu’il n’a pas connu tout en se montrant magnifiquement aimant et généreux.

    Ma mère est très belle, des yeux clairs et brillants comme des émeraudes. De grandes boucles blondes encadrent son visage. Élève studieuse, elle tente le concours du conservatoire de musique ainsi que le concours d’entrée à l’Éducation nationale. Elle obtient ses diplômes mais fera un passage éclair dans l’enseignement. La musique, mais est-ce une passion ? Après quelques concerts et quelques enregistrements microsillon, elle arrête. Son désir de s’évader loin du giron familial, d’un père accaparant, égoïste, préférant la femme des autres à la sienne, l’emporte sur ses passions. À 17 ans, ma mère épouse l’employé italien de son père. Il en a trente-cinq. Une manière d’exprimer sa révolte et ses frustrations. Elle est partie « avec son slip et son soutien-gorge » aime-t-elle à dire. « Bon vent ma fille, tu n’auras rien, pars avec ton Rital ! Tu mangeras des pâtes toute ta vie » a hurlé son père ! Il a tenu parole et ne lui laissa pas un sou.

    II

    J’habite avec mes parents dans un bel appartement bourgeois du quartier Saint-Louis à Versailles. Non loin, la cathédrale construite sous le règne de Louis XV, où je fus baptisé. Ce jour-là, j’ai revu de façon étrange cette lueur qui m’accompagnait dans le cocon doré de ma mère, mais les souvenirs étaient diffus et troubles, comme si j’avais passé un coup de chiffon sur une ardoise.

    À peine installé dans cet appartement du premier étage, quelle n’est pas ma surprise de constater que la place est déjà occupée par une autre locataire, ma sœur. Une petite fille brune, éveillée, belle et gracieuse, née en 1958. Je me suis aussitôt demandé comment nous allions pouvoir organiser notre cohabitation. Si je suis très à l’aise dans ce nouvel univers, je comprends qu’il n’en est pas de même pour la petite fille de 4 ans. Ma présence la contrarie. Tous les dimanches la maison se transforme en maelström de stress et d’excitation. Nous recevons la famille. Le matin, après le biberon, on me change sans m’épargner les claques sur les fesses, ces claques qui deviendront au fil du temps de plus en plus fréquentes et de plus en plus fortes. L’unique salle de bains est prise d’assaut tandis que les toilettes se trouvent encore sur

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