le passé peut être beau
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À propos de ce livre électronique
marcello pandolfi
Marcello Pandolfi est né en 1954. Il est l'auteur de récits, de nouvelles, de deux essais de société en collectif, de trois romans, dont un pour la jeunesse. Tous ces ouvrages ont été publiés à l'étranger ( Canada), voire en France.
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Aperçu du livre
le passé peut être beau - marcello pandolfi
PANDOLFI
Titre
LE PASSE PEUT ETRE BEAU
et autres textes
LE PASSE PEUT ETRE BEAU
et autres textes
LE PASSE PEU ETRE BEAU
ou
(Passage de l’été)
Il faudrait lire cette histoire en été.
Cette histoire se passe dans les années soixante.
On y parle de l’été, de rencontres amicales ou amoureuses, de touristes épuisés par la chaleur, d’amours ratées, et peut-être d’un homme.
Mais comment ne plus penser à cette histoire vécue ou fictive, une fois le livre refermé, lorsqu’on sait que dans toutes fictions une part de réalité s’y cache ?
Lorsque la nuit tombe et que la journée a été chaude pour les touristes et les habitants du village, la vie commence.
Ils ne savent plus où se mettre ; s’il faut encore se protéger de la chaleur ou plonger dans la mer, lorsque celle-ci est à quelques centaines de kilomètres d’ici.
Comme un rêve.
Voilà.
Un homme est recherché.
On ne connaît pas vraiment son identité.
On l’appellera Germain.
Très peu connu des habitants du village.
Il aurait épousé une très jeune femme, un jour de la semaine, pour passer inaperçu.
Oui, il paraît qu’on recherche un homme, plus très jeune, mais encore séduisant, semble-t-il, d’après les premiers mots échangés par des femmes qui ont été interrogées par les estivants là où a eu lieu ce délit.
Les gens appellent cela un délit.
Auraient-elles été amoureuses de lui, au moins une fois dans leur vie ?
Le temps s’assombrit subitement.
Une première averse.
Cette pluie fait suite à un gros orage qui a eu lieu voici quelques minutes, à une dizaine de kilomètres d’ici, annoncé à la radio.
Les rafales de vent pourraient empêcher le travail minutieux des policiers.
Néanmoins, il feront ce qu’ils pourront ; combattants jusqu’au bout de leurs forces.
Quelques voitures sont garées sur une petite place ; pour certaines à l’ombre des arbres, pour d’autres en plein soleil.
Voilà que le soleil disparaît derrière un banc de nuages noirs.
Au loin, des orages isolés se font entendre.
L’hôtel des Voyageurs est le seul établissement ouvert le dimanche toute la journée, dans ce petit village.
C’est une pension de familles.
Une halte pour les gens de passage.
Dès qu’on y entre, une odeur de cave emplit les narines ; comme un parfum de vin frais.
La patronne, Fernande, la soixantaine environ, est une femme discrète , qui parle peu.
La lumière diffuse un éclairage jaune dans toute la salle.
Lorsqu’une femme , la quarantaine, apparut.
Elle commanda une boisson .
Face à elle, un homme accoudé au zinc, la cigarette fichée aux lèvres.
C’est ma tournée, dit-il à la femme.
Cette boisson désaltère la bouche, puis la gorge, et tout le corps ensuite.
Elle la but avec un certain plaisir.
Il scruta ses moindres gestes, d’un oeil discret.
Nous sommes au cœur de l’été.
Les vacances c’est pour tout le monde, dit-il.
La femme lui fait un signe de la tête.
Elle est d’accord.
Et il poursuit : « Presque dans tous les pays du monde, c’est les vacances. »
On peut se l’imaginer, dit-elle.
Maintenant, la pluie a cessé de tomber.
Les ruelles sont trempées, boueuses, fumantes, de cette chaleur moite qui s’est abattue en cette fin d’après-midi.
On a ordonné à la police d’effectuer des recherches, partout où il est possible d’y accéder : dans les jardins des maisons fermées, dans les granges abandonnées, dans les fossés. Une inspection minutieuse menée au peigne fin, et même dans les petites rues sombres inhabitées , partout où une personne pourrait s’y cacher.
Très respectueuse de la population à protéger.
Elle ne pose aucune questions pour l’instant, ni aux touristes, ni aux habitants.
Tout en faisant leur travail consciencieusement, les fonctionnaires parlent de leurs futures retraites, de leurs salaires qui stagnent, des conditions de travail, de la chaleur insupportable, et de la dernière guerre.
Les hommes sont fatigués.
Mais ils se doivent quand même d’assurer chacun leurs fonctions.
Il est six heures du soir .
Des enfants jouent avec la terre boueuse à construire des châteaux dans les rigoles ; ils en ont plein les mains et le visage.
Ils crient ; sautent de joie.
Heureux.
Comme dans les cours de récréation.
Insouciants.
Tout le monde est épuisé par cette chaleur insupportable en ce mois de juillet.
Sur toutes les plages du globe, les gens se reposent, lisent ou nagent des heures entières jusqu’au dégoût.
Sûrement.
Sur leurs lèvres : des parfums de glaces , des traces de sucre, de boissons fruitées.
Des corps qui transpirent.
Certains repensent à des balades qu’ils ont faites jadis, voire encore hier, à travers la campagne, sur des chemins trempés, ou broussailleux ; à travers les prés où paisse le bétail.
D’autres ont marché sur des petites routes qui mènent tantôt à des hameaux perdus dans la montagne, ou débouchant sur une nationale.
Ce sont aussi des vacances.
La femme semble se souvenir de quelque chose.
En cet instant, elle regarde les petites collines, dans le lointain, verdoyantes au printemps, aujourd’hui jaunies par le soleil brûlant, avec une certaine émotion, et beaucoup de plaisir aussi.
Des gouttes de sueur perlent sur son visage bronzé, déjà.
Elle se l’éponge à l’aide d’un mouchoir, lentement, accoudée au bar, devant son verre.
L’homme s’est détaché du comptoir pour aller scruter dans la rue le ciel qui change de couleurs d’une minute à l’autre.
Il secoue la tête : « Profitons de l’été. »
Elle pousse la porte des toilettes.
Quelques minutes s’écoulent.
Elle en ressort toute revigorée ; le visage, le cou, les bras rafraîchis.
L’homme tire sa dernière bouffée de cigarette, puis la jette au sol avec force,
salue la patronne et disparaît dans une ruelle adjacente.
La radio vient juste d’annoncer qu’un vol a eu lieu dans une contrée retirée, sans préciser où et comment s’est déroulée la scène.
La femme demande : De quel genre de vol s’agit-il ? Puis elle poursuit : C’est peut-être un vol d’amours…
Personne ne lui répond.
Elle se sourit à elle-même.
Elle n’a pas eu le temps de le détailler complètement.
Mais elle se souvient de ce visage qui ne lui est pas du tout étranger.
Mais pas totalement familier non plus.
Serait-ce un visage aperçu un jour ?
Pour le moment, elle préfère garder le silence.
Voulait-elle qu’il s’exprime le premier sur ce sujet ?
Eprouvait-elle le désir de le détailler plus encore à ce point ?
Elle demande une deuxième consommation qu’elle avale d’un trait en fermant les yeux.
Puis elle salue la patronne d’un signe de tête, et quitte le café en chantonnant.
Elle se souvient d’être passée dans ce village, la toute première fois, il y a quelques années, lorsqu’elle était étudiante, pour rejoindre une amie en Italie.
Elle avait adoré cette saison-ci dans ce pays ; elle avait adoré aussi les couleurs vives des façades des maisons et surtout la beauté des cyprès.
Cela l’avait laissée sans voix durant des semaines.
Autant de couleurs que de musiques, avait-elle dit.
Sa voiture est garée sur la petite place ronde.
C’est une voiture noire.
Faite pour elle.
Qui lui ressemble.
Elle marche lentement jusqu’à elle, ouvre le coffre, en sort une petite valise, puis se dirige d’un pas rapide vers l’Hôtel des Voyageurs.
Elle avait réservé sa chambre par téléphone voici deux semaines.
Est-elle mariée ?
L’a-t-elle été ?
Ou jamais ?
Accoudée à sa fenêtre, une cigarette fichée à ses lèvres peintes, elle contemple le paysage.
Au loin, de la brume de chaleur recouvre le sommet des collines.
Quelques éclairs fendent encore le ciel.
Un magnifique spectacle.
Elle reste ainsi, dans cette posture quelques minutes, puis elle entre