Un choix difficile

Depuis mon enfance, j’attends toujours les vacances scolaires avec impatience. Comme lors de ce fameux printemps qui a précédé mon entrée au lycée. J’avais alors quinze ans, je m’en souviens comme si c’était hier…

Ce jour-là, quand je prends le car à Noyon, la conductrice me reconnaît et me fait un petit signe :

– Alors Marion, tu vas chez ta tante ?

– Comme d’hab ! dis-je en souriant et en allant m’asseoir au fond du car, la place que j’affectionne.

Le trajet jusque chez ma tante est de cinq kilomètres, mais les nombreux arrêts me le font paraître beaucoup plus long. Nous longeons les champs de blé et d’orge de cette partie de l’Oise, recouverte de plaines boisées. Tout à mon plaisir de redécouvrir ce paysage printanier, j’oublie instantanément les bruits de la ville. Je contemple les prés et les premières fleurs d’avril. Des rangs de coquelicots et de boutons d’or semblent dresser une haie d’honneur jusqu’au prochain arrêt du car, dans le village de tante Évelyne.

Évelyne est la sœur cadette de ma mère, Josiane. Elle m’attend à la grille de la ferme, accompagnée de Lasko qui aboie pour saluer mon arrivée. Je n’ai même pas le temps de pousser la porte qu’il est déjà dans mes bras et me lèche le visage.

– Ça suffit, Lasko ! laisse Marion tranquille, tu vas l’étouffer !

– Oh, je suis simplement toute mouillée ! lui dis-je en riant, tout en lissant tendrement la robe noire du beauceron.

– Viens t’installer, Valentin n’arrive que ce soir ! s’exclame-t-elle en m’entraînant vers la maison.

Un peu déçue, je lui demande :

– Clément est chez lui ?

– Ses parents m’ont téléphoné pour me dire qu’ils seraient là demain !

Sa réponse me rassure. Mes vacances ne sauraient être parfaites en l’absence de mes deux compagnons. Je considère Valentin et Clément comme mes meilleurs amis. Avec Valentin, cela remonte à mon plus jeune âge. Nous sommes cousins germains. Mon amitié