Idylle à l’hôtel
Les yeux dans le vague, Marie regardait l’océan.
Rien ne pouvait lui faire oublier sa tristesse. Non, rien : ni les cocotiers qui se balançaient mollement dans l’azur, ni l’odeur de miel qui émanait des fleurs tropicales qui l’entouraient, ni la splendeur de ce décor de carte postale. Marie soupira. Elle referma son livre et plongea dans les eaux bleues de la piscine de l’hôtel. Elle avança jusqu’au bassin, suscitant sans même s’en apercevoir, une volée de regards envieux. Marie ne le savait pas, mais elle était une très jolie femme. Avec de longs cheveux blonds qui tombaient en cascade au creux de ses reins, ses yeux d’agate, sa silhouette digne d’un tableau du xixe siècle, elle faisait battre les cœurs partout où elle passait – sans s’en rendre compte, souvent.
Elle avait pris deux semaines de vacances sous les tropiques, au Sénégal. Histoire d’oublier ses récents déboires sentimentaux. Et si Marie était si triste aujourd’hui, c’était qu’elle n’aurait pas dû partir seule. Si les choses s’étaient passées normalement, elle aurait dû être en voyages de noces en ce moment même, avec, à son bras, le beau Raphaël…
Ils s’étaient rencontrés sur les bancs de l’université. Il l’avait séduite instantanément, avec ses fossettes rieuses, sa manière de parler avec ses mains et les regards si tendres qu’ils avaient échangés. Ils avaient emménagé ensemble à la fin de leurs études, avaient fait un long voyage en sac à dos à travers l’Asie du Sud-Est, avaient tous deux décroché des postes à responsabilité, prévoyaient d’avoir des enfants, ils discutaient des prénoms en se serrant fort dans les bras l’un de l’autre. Autant dire que pour les deux tourtereaux, le mariage n’était que la suite logique d’un bel amour sans tache. Et il fut donc programmé pour le printemps. Marie avait-elle été aveugle ?
Certes, Raphaël rentrait de plus en plus tard, semblait toujours plus absorbé par son téléphone – la faute, disait-il,
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