Théâtre au village
5 – RÉSUMÉ : Sacha Péry, le comédien parisien qui doit remplacer au pied levé le metteur en scène Marc Lafaille arrive enfin à Bussang. Il est heureux d’être là, d’avoir à relever un défi théâtral. Au village tout le monde le scrute, l’observe et finit par en conclure que le Parisien est « moins pire » que prévu. Les répétitions commencent aussitôt. Sacha a tenu à mettre tout le monde à l’aise, mais au bout d’une heure, il est convaincu d’une chose: la pièce court à la catastrophe, Sylvie n’est pas la princesse Tonia, et Firmin en fait trop ! Alors qu’il se perd dans ses réflexions, Marlène surgit devant lui, en quête d’un autographe. Sacha se plie gentiment à l’exercice et engage la conversation avec la midinette. (Voir Veillées nos 3487 et suivants.)
Le metteur en scène abordait à présent la notion de lutte des classes dont Marlène ignorait tout et se fichait éperdument.
– C’est une notion très présente dans Le Prince et la Souillon, vous savez. Ce cuisinier qui abuse de son petit pouvoir, et subit en revanche celui, despotique, du seigneur du château, cet aristocrate perdu dans la forêt norvégienne qui…
Sacha Péry s’interrompit net.
– Mais je me demande si je ne ferais pas mieux de monter une autre pièce, pendant qu’il en est peut-être encore temps.
– Eh oui, il y a des problèmes avec Sylvie… dit Marlène d’un air faussement compatissant.
– Ah ! vous êtes au courant ? s’étonna-t-il.
Elle éclata de rire. Avait-il conscience qu’il avait atterri dans un bled où les nouvelles se propageaient à la vitesse de l’éclair ? Puis elle sembla réfléchir quelques instants, fixant intensément le metteur en scène.
– En fait… j’avais été pressentie pour le rôle de la princesse, dit-elle à voix basse, en rapprochant sa chaise.
Ignorait-elle que tout le village pouvait la démentir sur ce point ?
– Mais j’avais d’autres obligations au moment où le travail a commencé. Et puis, Sylvie, qui est ma meilleure amie, semblait tellement y tenir
