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Lettre à mon frère: Roman
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Livre électronique164 pages1 heure

Lettre à mon frère: Roman

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À propos de ce livre électronique

Sabrina, d'origine algérienne, est tiraillée entre traditions familiales et modernité.

Sabrina, jeune femme originaire d’Algérie, est prise entre plusieurs feux : son homosexualité, sa relation avec son grand frère et sa foi.
Elle doit faire un choix entre son bonheur et celui des autres. Entre sexe, passion, famille, religion et amour.
L’amour avec un grand A est traité dans cet ouvrage sous ses formes les plus vicieuses et résonne en chacun de nous.

Découvrez, sans plus attendre, un roman poignant dans lequel une jeune femme doit faire des choix lourds de conséquence.

EXTRAIT

Cela fait maintenant quelques années que celle qui se fait appeler Sab par ses amis cache ses tatouages quand elle va voir sa famille. Aucun d’eux ne comprendrait la raison de ses marques indélébiles, peut-être son père, et encore. Au même titre que ses écrits, elle se mutile pour se souvenir, telle une autobiographie corporelle. Des vestiges du passé et du futur, des espoirs et des échecs, des débris d’elle-même qu’elle essaie de recoller à la manière d’un vase cassé. La sensation qu’elle ressent à chaque passage de l’aiguille sous sa peau n’est comparable à aucune autre, comme désinhibante. Elle n’imagine même pas leur réaction s’ils voyaient toute la partie gauche de son corps pleine d’encre, comparable à la guerre de 100 ans sans nul doute. Alors c’est pull à manches longues et col roulé à chaque visite.
Comme d’habitude, la discussion tourne autour d’elle et de son célibat. Sa mère et son frère craignaient qu’elle souhaite vivre seule sans se marier avant. Ils ont peur de ce que pourraient penser les gens de la cité.
« Bon, tu te maries quand Sabrina sérieusement ? T’as 24 ans quand même, faudrait penser à te bouger ma grande ».
La même question était posée lorsqu’il y avait un rassemblement familial. La réponse restait identique, avec ce même ton nonchalant qui la caractérisait :
« toujours personne hein ».
La jeune femme mentait depuis quelque temps, elle était bel et bien en couple et projetait peut-être même de se marier, un jour qui sait.
LangueFrançais
Date de sortie19 oct. 2018
ISBN9782378774066
Lettre à mon frère: Roman

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    Aperçu du livre

    Lettre à mon frère - Sarah Arsane

    Sarah Arsane

    Lettre à mon frère

    Roman

    https://lh4.googleusercontent.com/ycRfQ7XCWLAnHKAUKxt--ZgA2Tk9nR5ITn66GuqoFd_3JKqp5G702Iw2GnZDhayPX8VaxIzTUfw7T8N2cM0E-uuVpP-H6n77mQdOvpH8GM70YSMgax3FqA4SEYHI6UDg_tU85i1ASbalg068-g

    © Lys Bleu Éditions—Sarah Arsane

    ISBN : 978-2-37877-406-6

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    À deux doigts de tout quitter pour être celle dont tu as toujours rêvé.

    Ne trouves-tu pas tout cela dommage ?

    Entre ton bonheur et le mien, j’hésite.

    Tu me manques tellement.

    Chaque matin, je me demande ce que tu fais.

    Toutes les nuits j’espère que tu dors bien.

    Chaque nouvelle, bonne ou mauvaise, j’aimerais te la confier.

    Tous mes moments difficiles je voudrais que tu m’aides à les affronter.

    Avec toi je n’ai jamais eu peur de rien.

    Sans ta présence depuis toutes ces années je me sens comme désarmée.

    Mon gilet pare-balles, mon gilet pare-vie.

    Je rêve de ce jour où tu te rendras compte que cela n’a servi à rien.

    Qu’on aurait pu conquérir le monde, toi et moi, main dans la main.

    Je suis tellement désolée d’être celle que je suis.

    J’essaie de t’effacer de ma mémoire.

    Rien n’y fait, je n’y arrive pas.

    Est-ce que tu penses à moi tous les jours toi aussi ?

    Est-ce que tu te souviens comme c’était plus simple avant ?

    Pourquoi n’arrives-tu pas à passer outre ?

    Je t’ai trahi sans le vouloir je te promets que rien de tout ça n’était prémédité.

    Ce lien invisible qui relie nos deux cœurs ne veut pas s’immoler.

    Mais, le ressens-tu toi aussi ?

    Serai-je folle ? N’existé-je donc plus pour toi ?

    Ne te souviens-tu pas comme l’on s’aimait ?

    Je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie.

    Alors je continue de te faire vivre,

    Dans mes pensées, dans mes écrits,

    Dans mes paroles, dans mes souvenirs.

    Je n’arrive plus à faire comme si tout allait bien.

    Comme si je vivais cette situation avec tranquillité.

    Je sais ce qu’il faut que je fasse pour qu’on essaie de tout oublier.

    Mais je t’en supplie met toi à ma place.

    J’aurais tout accepté de toi, vraiment tout et tu le sais.

    Pourquoi ne pas faire comme si de rien n’était ?

    Je sais que tu m’aimes et tout comme moi ça te fait mal.

    Je répondrais même à ma question et suis sûre que tu penses souvent à moi.

    Notre relation était si particulière, pas comme toutes ces fratries obligées de se supporter.

    Trop droit, ou sûrement trop borné.

    Oublie tout, je t’en prie.

    Mais ne m’oublie jamais, par pitié.

    Ce n’est qu’une des nombreuses odes à son nom qui vivent dans ses carnets, dans ses mémos, dans ses notes, sur n’importe quel post-it mais surtout dans sa tête.

    Comme machinalement, elle n’arrive pas à cesser d’écrire tout ce qu’elle ressent quand elle pense à lui.

    Qu’est-ce qui lui manque ? Son être ou leur relation ? La sécurité qui en ressortait ou la force qu’elle avait en sa présence, peut-être ?

    Son nom ne sera pas cité mais il sait qu’elle s’adresse à lui, à travers tous les yeux qui liront ces écrits, elle ne voit que les siens.

    *

    Mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, elle a huit ans, lui douze.

    Il l’attrape et la pousse quand on entend, par la fenêtre, tous ces bruits de cuillères en bois et de casseroles, tous ces klaxons, tous ces cris, ces youyous, on comprend que la France vient de gagner la coupe du monde grâce à un mec comme eux. Tout le monde autour d’elle semblait heureux, alors elle l’était aussi. Une sorte de renouveau, l’impression qu’ils auront eux aussi, un jour leur chance de sortir du lot, grâce à ce n° 10 qui les représente toutes et tous.

    Elle atterrissait sur les gros coussins du canapé à chaque fois qu’il la poussait en arrière, car même s’il était plein d’excitation, il faisait quand même attention à ce qu’elle n’ait pas d’égratignure. Elle sait que jamais il n’a voulu lui faire du mal intentionnellement, et ce depuis le début.

    Cigarette à la bouche

    Place de la République

    Les cendres se touchent

    Laissent place au public

    Regard triste et pensif au loin

    Tous autour à s’esclaffer

    Je repense au mien

    Qui ne sera plus jamais ma moitié

    Je n’ai que son prénom en tête

    Déjà quelques années que

    Je ne fais plus la fête

    Deux mille, il a de l’argent de poche pour la première fois de sa vie et décide d’en faire profiter Sabrina. Ils vont tous les deux au centre commercial pas loin manger une glace, quand elle croise Didier, un garçon qui est dans sa classe. Un petit bonjour gêné car elle ne veut pas le faire attendre, apparemment c’est déjà trop. Une crise éclate entre ces deux petits bouts.

    « C’est qui ce type !? Pourquoi est-ce que tu parles avec des garçons, je t’ai déjà dit quoi ? Tu sais quoi, on rentre à la maison c’est bon, tu m’écoutes pas je vois pas pourquoi je devrais être gentil avec toi ».

    C’est vrai qu’aussi loin qu’elle se souvienne, il lui avait toujours répété de ne pas parler avec un individu de sexe masculin, qu’importe son âge ; tu-ne-parles-pas-aux-garçons !

    Elle n’a pas essayé de lui faire comprendre que ce n’était qu’un simple camarade de classe, qu’un simple sourire poli, qu’un simple petit bonjour logique quand tu croises une connaissance dehors. Peut-être car elle n’avait que 10 ans et que les mots ne sortaient pas comme on le voulait à cet âge. Mais surtout parce qu’elle savait qu’il était beaucoup trop borné et qu’il ne comprenait rien qui n’allait pas dans son sens. Elle ne lui en voulait même pas, continuait de le suivre faisant le chemin du retour, alors qu’ils n’avaient même pas atteint l’arrivée. Convaincue depuis sa plus tendre enfance qu’il ne faisait que la protéger, peut-être maladroitement, mais c’était fait avec amour alors pourquoi lui en vouloir ? L’amour n’est-il pas plus fort que tout ? En tous les cas, elle grandit avec cette conviction que ce sentiment était immortel, que rien ni personne ne pouvait le brûler. C’est son fil d’Ariane dans ce labyrinthe qu’est la vie.

    Dans la même année, Sabrina arriva première de son école en classes de cours d’arabe et de cours coraniques. Elle n’avait encore jamais vu toute sa famille réunie autour d’elle et aussi fière. Son sourire ce jour-là, ses yeux qui brillaient, elle ne les oublierait pas même après la mort.

    Elle dut faire un discours sur la scène de la salle que l’École Al-Irshad avait louée pour l’occasion. Du haut de ses dix petites années. Elle n’avait rien préparé, ne savait même pas qu’elle allait gagner contre toutes ces petites filles qu’elle voyait tous les mercredis après-midi, dans ce garage qui servait d’école arabe. À ce moment-là, quand ses pieds se posent sur l’estrade, qu’elle voit tous ces visages rivés sur elle, le sourire jusqu’aux oreilles de sa maman qui la regardait avec contentement, son père qui avait fait le déplacement de son canapé qu’il ne quittait jamais, son grand frère au regard satisfait, elle ne put s’empêcher de se demander ce qu’elle faisait là. Même si toutes les circonstances prêtaient à une merveilleuse et belle après-midi en son honneur, étrangement, elle ne se sentait pas à sa place.

    Aller dans ce garage tous les mercredis après-midi l’embêtait plus qu’autre chose à vrai dire, pendant que tous ses camarades jouaient au parc ou restaient chez eux, elle était obligée de mettre ce fichu sur la tête pour cacher ses cheveux et marcher pendant une vingtaine de minutes.

    C’était plutôt ça qui la dérangeait, elle ne pouvait pas faire la coiffure que sa maman Maya avait l’habitude de lui réaliser, de jolies petites couettes hautes, avec des anglaises. Ça lui faisait une forme de tête bizarre quand elle mettait le voile, les boucles se défaisaient et ne ressemblaient plus à rien.

    Après de timides remerciements, le directeur en personne lui fila son diplôme, qui n’en était pas vraiment un. Plutôt un papier pour la forme. Enroulé et attaché à l’aide d’un nœud rouge, un peu comme au Festival de Cannes. Où était imprimé « SABRINA TOUATI, ANNÉE SCOLAIRE 1999-2000, N° 1 CORAN ET ARABE LITTÉRAIRE » qu’elle aurait pu réaliser elle-même sur Paint.

    Encore une fois, elle était contente car ceux autour d’elle l’étaient aussi. Tous la prenaient dans leurs bras, la félicitaient, lui demandaient de réciter une sourate, ou deux, ou trois. D’autres venaient avec leurs enfants, leur montraient comment il fallait être, arrêter d’être dissipés et d’être plus comme était Sabrina. Gentille et douce, assidue et intelligente. Mais était-ce vraiment le cas ? Même elle ne pouvait pas répondre à cette question, elle était ce que les autres voulaient qu’elle soit. Le sourire constant sur leurs visages et l’amour qu’elle ressentait quand ils la regardaient valaient plus que tout ce qu’elle était réellement.

    *

    Quelques années plus tard, la petite fille aux couettes a bien changé. Elle rentre du collège, vêtue d’un ensemble de survêtement Adidas noir plutôt large. Cheveux tirés et plaqués, entremêlés en un chignon approximatif. Ce soir sa mère a rendez-vous avec le directeur adjoint, car c’est la troisième fois que l’ancienne première de l’école arabe n’a pas rendu les devoirs maison attendus.

    Encore une fois sa mère n’ira pas car elle travaille trop dur. Encore une fois son père déclinera l’offre parce qu’il doit faire évoluer son Tauren niveau 79 sur Word of Warcraft.

    Si même la punir et la gronder ils n’y arrivent pas, que lui reste-t-il de son enfance ?

    Avant c’était lui qui allait à toutes les réunions parents/profs à leur place, mais cette année est celle du bac alors il charbonne sur les révisions. De toute façon, depuis qu’il est au lycée, il n’a plus autant de temps qu’avant pour elle.

    Elle aime bien s’en plaindre mais ne précise jamais que tous les dimanches ils les passent ensemble. Ce fou continue de l’entraîner à se battre dans sa chambre qu’il ferme à clef, volet et fenêtres clos. Ces entraînements maison ont commencé à ses 11 ans, elle pensait initialement qu’il faisait ça pour ensuite la faire combattre dans une cage contre de l’argent. Ça doit bien exister des enfants qui se battent jusqu’à ce que mort s’ensuive, pour un paquet de billets, peut-être qu’elle en ferait partie et qu’ils seraient enfin riches grâce à elle ! Rien de tout ça, il voulait seulement que jamais elle ne se laisse faire. Qu’à chaque situation un peu compliquée elle sache répliquer. Que personne n’ait l’ascendant sur elle. N’importe quand, n’importe qui, n’importe où. Il la voulait plus forte que tous les êtres humains qui l’entoureront, qu’ils soient simplement de passage tels des collègues de job d’été, ou le restant de sa vie. Alors chaque jour saint de la semaine, il lui réservait une séance de trois ou quatre heures. La cloîtrait dans sa chambre, ni lumière du

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