DANS LA LUMIÈRE DE CAMUS
ELLE NE L’APPELLE QUE « PAPA ». SOIXANTE ANS APRÈS LA MORT DE L’ÉCRIVAIN, SA FILLE CATHERINE NOUS RACONTE LE CHARME DE SON PÈRE ET LE POIDS EXALTANT MAIS COMPLIQUÉ DE SON HÉRITAGE
Sur la terrasse de Lourmarin avec Antoine, le petit-fils d’Albert
Quand elle est née, en 1945, Albert Camus n’était pas l’écrivain populaire qu’il allait devenir avec « La peste ». Il n’était qu’un brillant journaliste que d’anciens écrits sur les injustices de la colonisation en Algérie, mais surtout un magnifique premier roman, « L’étranger », avaient d’abord fait remarquer de l’intelligentsia. En 1943, il s’engage dans la Résistance. Mais l’unanimité autour de son nom cesse en 1951, avec « L’homme révolté » qui fait de lui… l’homme à abattre des marxistes. Catherine, qui porte le prénom de sa grand-mère, femme de ménage illettrée, se souvient que, à la question « Tu es triste, papa ? », il avait répondu : « Non, je suis seul. » Lucide mais paradoxal pour celui qui reste une gloire nationale.
Le Nobel, nectar de la gloire, a pour l’écrivain de 43 ans l’amertume de la ciguë. Voilà un an que sa plume est sèche et son moral en chute libre. Dans son discours de remerciement, l’auteur du « Malentendu » laisse percer sa mélancolie :
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