Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

La Poursuite
La Poursuite
La Poursuite
Livre électronique243 pages3 heures

La Poursuite

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

L'histoire
Marie est une jeune femme attirante, mystérieuse, collectionnant apparemment tous les succès.
Mais elle doit repousser les hommes pour les protéger d'un terrible passé.
Ces empreintes du communisme qu'elle croyait à jamais effacées menacent de nouveau sa vie, comme dans un cauchemar...
Une chasse à l'homme, une histoire d'amour entre doute et passions où le passé vient heurter violemment un bonheur naissant sont les ingrédients d'un premier roman où l'auteure brosse un portrait sans concession des débuts tumultueux de la jeune démocratie roumaine.
Extrait
Marie sortit de l’immeuble de Stewart vers cinq heures du matin et se dirigea vers sa voiture. Absorbée dans ses pensées, essayant de passer en revue l’organisation de la journée, elle crut entendre le bruit d’une voiture qui venait juste de freiner violemment à côté d’elle. Elle eut juste le temps de tourner la tête avant que deux individus ne la saisissent à bras-le-corps et la jettent dans une limousine noire qui démarra aussitôt.
Marie n’eut même pas le temps de crier, encore moins celui de protester ou d’essayer de s’échapper. Dans la limousine elle retrouva Marinescu, assis à l’arrière, à ses côtés, qui lui lança un regard glacial.

LangueFrançais
Date de sortie26 juin 2016
ISBN9781521055649
La Poursuite

Auteurs associés

Lié à La Poursuite

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Thrillers pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur La Poursuite

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    La Poursuite - Patricia Mayer

    L'auteur(e)

    Il faisait nuit... Elle entendait et sentait le frémissement de l’ombre immense qui s’étalait à ses pieds. L’obscurité semblait trembler et lui donnait la sensation d’un écho trop lourd à supporter. Était-ce la mer ? Était-ce le ciel noir infini couvert de nuages qu’elle devinait ou son propre coeur qui battait trop fort, comme une vieille cloche dans une petite église oubliée ? Était-ce le passé qui venait l’envahir, des sensations cachées, oubliées, enfouies dans ce que l’on appelle la mémoire ?

    ***

    Il y avait jadis une fillette qui vivait pleine de joie les jours dits ensoleillés de son enfance. Elle aimait être prise par la vague de l’existence, mais ne voulait pas perdre l’innocence de son âge. C’était une lutte quotidienne sans fin, lutte qu’elle aimait et détestait à la fois — jouer deux rôles pour ne pas se sentir écrasée par sa propre nature.

    ***

    Marie s’effondra dans son fauteuil blanc avec la sensation qu’elle se baignait dans les douces plumes d’un cygne. Elle adorait cette pièce de mobilier oubliée dans un coin de sa grande chambre à coucher. Il faisait note discordante avec l’aspect solennel des boiseries auburn, mais sa simplicité adoucissait l’atmosphère, lui conférant un étrange mystère que seule Marie paraissait connaître.

    Le téléphone sonna, l’extirpant de sa rêverie. Elle tendit la main vers le combiné et répondit d’une voix aussi lascive que son état. En quelques instants elle devait mettre fin à sa torpeur et abandonner son cher fauteuil.

    Elle avait oublié le dîner auquel elle était invitée. Même si elle adorait sortir, ce soir elle n’avait vraiment pas envie de quitter l’atmosphère paisible et faiblement parfumée de sa chambre. Elle pensa à Alex et sa confusion commença à se dissiper.

    En se dirigeant vers l’armoire, son négligé glissa doucement, mais elle ne se pencha pas pour le ramasser. Après avoir choisi une de ses nombreuses robes, elle retrouva la ligne de son corps bien fait dans le miroir et le contempla oubliant tout ce qui l’entourait.

    L’horloge la réveilla cette fois, aussi brutalement que la sonnerie du téléphone. Elle devait partir, il était déjà neuf heures. Elle mit sa robe bleu ciel et un collier de perles blanches autour de son cou qui rappelait vaguement celui d’un cygne souple et gracieux. La peau mate contrastait avec le blanc immaculé des perles, ce qui la rendait encore plus belle. Elle passa vite le peigne dans ses cheveux longs, châtains avec des reflets roux, qui lui couvraient les épaules, sans diminuer la beauté de son cou et la ligne un peu dure de ses épaules.

    Chapitre 1

    La voiture l’attendait déjà devant la porte. Peter l’avait emmenée comme à chaque fois. Il n’oubliait jamais un rendez-vous de sa maîtresse et l’accompagnait discrètement depuis cinq ans. Il savait être là tout en étant invisible pour ne pas toucher à l’intimité de Marie.

    Elle l’avait engagé par hasard. Il lui fallait quelqu’un pour s’occuper de la maison, de toutes les tâches qu’elle n’arrivait plus à faire comme avant. Son travail lui prenait trop de temps et même si elle adorait sa maison, son jardin et ses fleurs, la fatigue lui coupait trop souvent l’envie de se faire plaisir en s’occupant de toutes ces choses. Pourtant elle ne cherchait personne, elle ne voulait pas céder ce dernier loisir, ce jardin secret qui la rendait si sereine.

    Un jour, elle s’occupait de ses frésias. C’était sa fleur préférée, son parfum doux et fort en même temps l’enivrait. Les premiers boutons du printemps venaient de s’ouvrir et Marie était à genoux, dans la terre, en train de se laisser envahir par leur odeur encore timide mais qui la pénétrait et lui donnait des frissons. Elle leva la main et toucha une fleur jaune-violet quand une voix sévère derrière elle lui dit :

    — Elle va mourir maintenant.

    Marie sursauta et tourna la tête.

    — Qui êtes-vous d’abord ? Son ton était assez déterminé, mais elle ne se sentait pas du tout agressée par l’intrusion de cet étranger. Au contraire, elle avait aimé cette voix masculine. Il y avait quelque chose de rassurant dans ce timbre grave.

    — Je m’appelle Peter.

    C’était tout ce qu’il avait dit ce jour-là et il partit aussi rapidement qu’il était venu. Marie ne se rendit même pas compte que l’homme avait disparu.

    Le lendemain, Marie fut très surprise en allant dans le jardin retrouver ses frésias : il n’y avait plus qu’une seule fleur prête à bourgeonner. Toutes les autres étaient coupées et avaient déjà commencé à se mélanger à la terre. Elle sentit le sang lui monter au visage et un cri de furie explosa de sa bouche. Elle s’agenouilla et recueillit quelques pétales. Elle cherchait leur parfum, sans succès. Des larmes lui coulaient sur les joues et elle n’était pas capable de les arrêter. En fait, elle n’avait aucune envie de les faire cesser, son âme était blessée et avait besoin de se décharger. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas pu pleurer !

    Non, sa fierté l’empêchait à chaque fois de laisser libre cours à ses émotions. Elle s’était imposée cette conduite pour ne pas souffrir. Maintenant elle était toute seule, à l’abri des regards, du moins c’est ce qu’elle croyait. Elle s’allongea dans l’herbe, se plongea le visage dans les pétales morts et pleura.

    Elle ne savait pas combien de temps s’était écoulé, mais une odeur forte et agréable la réveilla. Elle leva la tête... un énorme bouquet de frésias rouges et blancs était posé juste à côté, dans un vase de cristal. Marie regarda aux alentours mais n’aperçut personne. Sa pensée vola vers le visage de cet inconnu qu’elle avait rencontré un jour auparavant. Comment s’appelait-il ? Elle ne s’en souvenait plus, mais en regardant les frésias, ses lèvres murmurèrent son nom : « Peter. Oui il s’appelait Peter. »

    Elle essaya d’esquisser son portrait : un homme élancé, la figure halée aux traits durs. La seule chose qui dégageait de la chaleur chez lui était ses yeux marron clair, comme taillés dans du velours, humides et timides tels ceux d’une biche apeurée. « Ce n’était pas un bel homme », se dit-elle après avoir entièrement reconstitué l’image de ce personnage bizarre. Seul le souvenir de son regard profond lui avait permis de se rappeler si aisément le visage de Peter.

    Le parfum fugace des frésias devenait de plus en plus intense, à tel point que Marie sentait sa tête qui tournait. Un sourire lui éclaira le visage. Elle venait d’oublier tout ce qui s’était passé et une quiétude douillette s’installa en elle. Toute son âme s’était vidée des regrets, douleurs ou souffrances. Elle se sentait légère et heureuse. Le bonheur de sentir son coeur renaître, aussi intact que le premier jour de sa vie, la fit se relever et jeter ses sandales. Elle commença à courir dans l’herbe encore humide de la rosée du matin. Le vent jouait dans ses boucles rebelles et le soleil se glissait dans ses cheveux, lui donnant des reflets rouges de braise.

    Marie se dirigea lentement vers l’endroit où elle avait laissé ses frésias. L’euphorie était passée et une douce mélancolie l’envahit. Elle ne pensait à rien mais espérait au plus profond d’elle-même trouver Peter là-bas. Il était là, assis tout près du vase en cristal et la regardait.

    — Bonjour Peter.

    — Bonjour...

    — Je m’appelle Marie Lansay.

    — Bonjour Marie. Vous n’êtes plus furieuse ? demanda-t-il en regardant les pétales. Hier vous avez les avez touchées, une à une, sans y faire attention. Aujourd’hui elles seraient mortes de toute façon. Si vous touchez la fleur d’un frésia, le lendemain elle sèche et ne fleurira plus que l’année prochaine. Elle est aussi fragile qu’une femme. Un frésia ne peut pas pleurer cependant ; il meurt et renaît seulement après le printemps. Ne laissez jamais une telle fleur sécher, coupez-la avant, ainsi vous pourrez la revoir aussi longtemps que le soleil lui prodiguera sa chaleur.

    — Comment savez-vous tout ça ? — la question n’avait aucun sens et elle s’en rendait compte. D’ailleurs, elle n’avait même pas envie de la poser. Elle voulait juste qu’il reste encore un peu avant de disparaître. Vous aimez les frésias ?

    — J’aime toutes les fleurs. Elles nous donnent tant de choses et ne demandent que si peu.

    — Et que me donne ce bouquet de frésias ? demanda Marie comme une fillette gâtée qui ne se laisse pas facilement convaincre.

    — Je savais qu’elles vous feraient plaisir et sècheraient vos larmes. La tristesse aussi. Je vous ai dit, elles nous donnent tant de choses...

    Marie sentit le sang lui envahir les joues. Elle savait qu’il ne pouvait pas le remarquer car son teint mat ne la trahissait jamais dans ces situations. Il avait tout vu, il l’avait espionnée. Que voulait-il à la fin ? Peut-être était-ce mieux ainsi — elle se sentait souvent trop seule avec ses larmes. Elle aurait voulu que quelqu’un puisse la consoler ; mais elle savait que ce n’était pas à Peter de le faire.

    Elle plongea ses yeux dans les siens mais sentit rapidement une barrière. Elle ne pouvait pas avancer au plus profond de ce regard masculin si particulier comme elle le faisait avec la plupart des gens qu’elle connaissait ou rencontrait par hasard. Il y avait chez Peter comme un mur au-delà duquel elle n’était pas autorisée à voir. Cependant, elle avait décelé de la discrétion. Elle ne se sentait pas violentée par le regard de cet homme qui l’avait vue pleurer, comme elle aurait pu le ressentir avec n’importe qui d’autre.

    — Peter, j’aimerais vous embaucher : j’ai besoin de quelqu’un — d’un assistant, d’un jardinier, d’un chauffeur de temps en temps, de quelqu’un pour payer les factures, pour faire les courses. Vous fixez vous-même le salaire et les horaires de travail à condition que tout soit fait dans les temps. Êtes-vous d’accord ? Vous avez trois jours pour réfléchir ensuite je veux une réponse.

    Elle avait dit tout cela d’une voix ferme et décidée. Elle parlait comme si elle mettait au point les conditions indiscutables d’un contrat. Elle était redevenue la Marie sûre d’elle, claire, concise, qui laisse rarement à son interlocuteur une quelconque possibilité de commentaire. C’était le comportement qu’elle avait dans son travail avec tout le monde, que ce soit avec sa propre secrétaire ou bien avec le directeur de la plus importante firme d’Europe ou du monde entier, homme ou femme, jeune ou vieux. Rien ne faisait la différence quand il s’agissait des affaires. C’est cette manière d’être qui l’avait aidée à s’imposer et qui la rendait respectable et respectée. Cette façon d’aller droit au but de la manière la plus naturelle du monde faisait que son interlocuteur ne se sentait ni vexé ni mal à l’aise. Bien au contraire : les cartes étaient toujours sur table, du moins c’est ce qu’elle laissait croire en toute circonstance.

    …/…

    Marie démarra la voiture et appuya violemment sur l’accélérateur. Elle était en retard, mais cela était devenu presque habituel et ne la dérangeait pas. Elle savait que sa présence était souhaitée, sa subtile présence ravivait l’atmosphère de tous ces repas ou cocktails d’affaires. Les femmes y étaient rarement présentes et quand c’était le cas elles accompagnaient leurs maris ou amis. Marie savait donc que sa présence était attendue et se faisait désirer. Ceux qui la connaissaient déjà l’admiraient pour sa prestance, sa classe et sa beauté discrète.

    Marie était consciente de ses atouts et détestait la fausse modestie : elle savait parfaitement ce qu’elle valait et cela lui suffisait amplement.

    Elle regarda sa montre. Neuf heures vingt. Elle venait juste de rentrer dans la ville et était dans les temps. Même si elle ne se souciait pas d’être en retard, elle n’aimait pas dépasser les limites qu’elle s’était fixées. Une demi-heure de dépassement au maximum, c’était le délai qu’elle s’était accordée ; plus de trente minutes et ce serait un affront ou du snobisme, et elle n’aimait pas traiter ses hôtes de la sorte.

    Heureusement, en ce soir de 1996, il n’y avait pas beaucoup de circulation et Paris était incroyablement calme et silencieux. Marie n’aimait pas cette ville, mais elle n’avait pas le choix, elle devait y être. Elle n’aurait jamais pu y habiter de façon permanente. C’est pour cela qu’elle préférait sa maison, loin de cette capitale bruyante à l’air irrespirable, où la plupart du temps on a du mal à avancer, en voiture comme à pied. Cependant, elle s’était achetée un petit appartement, rue des Belles Feuilles, où elle passait la nuit de temps en temps, quand elle était trop fatiguée pour rentrer ou invitait des connaissances à prendre un verre.

    Elle était enfin arrivée. Il n’y avait pas de place pour se garer dans la rue Balzac.

    Alex habitait une jolie villa, mais qui était trop impersonnelle aux yeux de Marie. Elle arrêta la voiture devant le portail, ouvrit son petit sac en cuir blanc et sortit la clé qu’Alex lui avait donnée il y avait bien longtemps. Elle appuya sur le petit bouton du porte-clés et la grande porte s’ouvrit. D’habitude, elle préférait laisser sa voiture dehors. C’est vrai qu’ils étaient amis depuis longtemps, mais elle n’aimait pas se comporter comme si elle était chez elle. Elle ne voulait pas s’imposer chez les gens, surtout chez ceux à qui elle portait des sentiments particuliers d’amitié. Tant pis, elle n’avait pas envie ce soir d’aller chercher une place dans une rue parallèle, ni de marcher. Elle aurait préféré rester chez elle, dans son fauteuil blanc.

    Chapitre 2

    La porte s’ouvrit et Alex l’accueillit :

    — Bonsoir Marie, on t’attendait. Tu vas bien ? T’as l’air un peu fatiguée.

    — Non, ça va Alex. Bonsoir.

    Ils s’embrassèrent délicatement, mais amicalement. Alex prit sa pèlerine blanche et tous les deux s’avancèrent dans le salon.

    — Bonsoir à tout le monde — dit Marie d’une voix ni trop haute, ni trop basse.

    Elle n’avait pas besoin de parler fort car tous les yeux s’étaient dirigés sur elle après avoir franchi le seuil de la pièce. Les conversations avaient presque cessé, seuls deux ou trois petits groupes continuaient à discuter à voix basse. Marie se dirigea vers un fauteuil vide qui vraisemblablement l’attendait. Elle regarda discrètement les personnes qui avaient continué à parler quand elle avait salué. Trois hommes qu’elle ne connaissait pas se tenaient dans un coin de la salle. Ils avaient à peine levé les yeux lors de son arrivée et maintenant continuaient leur conversation brièvement interrompue. Plus loin à côté de la cheminée un autre petit groupe — deux hommes et une femme s’entretenaient autour d’une table en buvant leur petit verre d’alcool et en croquant des amuse-bouches. Elle ne les connaissait pas non plus.

    Alex mit fin à l’examen visuel de Marie :

    — Nous ne t’avons pas attendue pour l’apéritif. Tu veux boire quelque chose ?

    — Un jus d’orange m’ira très bien. Avec des glaçons s’il te plaît.

    — Bien entendu. Comment aurais-je pu oublier les glaçons ? Tu m’insultes, Marie !

    — Non je te fais marcher.

    Elle s’était assise dans le fauteuil qu’Alex lui avait réservé : c’était le « sien » et cette attention la touchait. Elle lui jeta un sourire discret et coquin en prenant le verre de jus d’orange que son ami lui avait apporté. Peu de temps après, il vint la chercher :

    — Viens Marie, je vais te présenter les gens que tu ne connais pas.

    Elle se leva, son verre à la main, et accompagna son hôte vers le groupe des trois hommes qu’elle avait aperçu toute à l’heure.

    — Marie, laisse-moi te présenter le sénateur Delfosse. Sénateur, je vous présente une de mes meilleures amies et une des plus charmantes femmes d’affaires de Paris.

    Marie attendit que le sénateur tende la main pour pouvoir se présenter, et ceci non pas eu égard à sa fonction, mais surtout à son âge.

    — Marie Lansay, dit-elle avec un léger sourire, enchantée de faire votre connaissance Monsieur Delfosse.

    — Appelez-moi André et surtout pas Monsieur le Sénateur, comme ce brave Alex.

    — Entendu André.

    La sonnette se fit entendre et Alex s’excusa :

    — Je vous laisse faire connaissance, je vais m’acquitter de mon rôle d’hôte.

    Le deuxième homme tendit la main vers Marie et dit d’une voix cassée mais néanmoins assez chaleureuse :

    — Je m’appelle Stewart Gray — il avait un léger accent britannique, mais parlait un français impeccable comme Marie put s’en rendre compte peu de temps après.

    À son tour, Marie tendit la main et Stewart la prit délicatement en approchant ses lèvres et s’inclina légèrement. Elle fléchit imperceptiblement les genoux et fit un petit mouvement de la tête. Cela changeait bien sûr de la bonne poignée de mains du sénateur et elle le lui fit comprendre par la seule expression discrète de son regard.

    Elle s’exprimait beaucoup avec son regard et même le préférait à la parole dans certaines situations. Elle savait aussi que rarement son interlocuteur pouvait y répondre car trop peu de gens étaient assez fins pour une telle communication. Elle n’aurait donc pas été surprise de ne pas déceler de réaction dans les yeux de Stewart Gray. Pourtant elle constata en une fraction de seconde que sa pensée était arrivée à destination et cela lui fit plutôt plaisir.

    — Ravie de vous connaître, Monsieur Gray — dit-elle en souriant, cette fois bien différemment de la première. La tonalité avait légèrement changé en prononçant « Monsieur Gray », mais ceci était passé inaperçu pour le sénateur et pour le troisième homme qui à son tour se présenta sur un ton très décontracté :

    — Et moi, c’est Mathieu Rossini, et je suis vraiment content de faire la connaissance d’une aussi jolie jeune femme. Vos yeux noirs m’ont charmé dès l’instant où vous êtes rentrée dans la pièce.

    — Ah oui, vraiment ?! J’avais cru remarquer qu’au contraire mon salut vous avait laissé plutôt indifférent. Je vous remercie tout de même pour le compliment.

    Sur ces mots, Alex se leva :

    — Je vous invite à passer dans la salle à manger, le dîner nous attend.

    Il y avait ici un peu plus d’une vingtaine de personnes. C’était un petit dîner, car Alex avait l’habitude d’inviter plein de gens. Ses soirées mondaines avaient la réputation d’être les meilleures de la ville. On venait chez lui plutôt par plaisir que par obligation, et même si l’on ne connaissait personne, il était bien facile d’y passer du bon temps. L’ambiance avait quelque chose de spécial, et rien d’artificiel. Alex était sans l’ombre d’un doute fait pour organiser de telles soirées et pour créer une ambiance agréable et amicale mettant à l’aise tous ses invités.

    Malgré sa position et sa profession, très peu de gens venaient chez lui par intérêt. Et cela parce qu’Alex adorait son métier, et surtout il le faisait d’une manière objective, sans faveurs, ni états d’âme — seulement avec professionnalisme. Il était le directeur d’un grand journal national, et son équipe était parmi les meilleures d’Europe. Son journal avait réussi à entrer dans l’impénétrable milieu

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1