Summer Lodge
Les pleurs de Sherry traçaient des sillons sur ses joues livides. Le regard qu’elle attachait au duc émut celui-ci plus que des mots ne l’auraient fait. Sa réserve hautaine fondait devant le chagrin de son épouse. Il s’assit à côté d’elle sur la bergère. D’un mouvement très doux, il attira à lui les épaules de la jeune femme. Elle résista à peine à cet appel. Avait-elle fini de lutter, de ressasser ses griefs ? Dans les yeux de son époux, que découvrait-elle ?
Sherry profitait intensément de cette halte heureuse. Certes, leur trêve ne pouvait durer que le temps d’un bref abandon. Mais il leur appartenait de la prolonger. Hilary se prêterait-il à cette expérience ?
– Voyez-vous, my dear, vos colères ne vous mettent pas à l’abri de cette sentimentalité que vous cherchez à étouffer parce qu’elle vous semble indigne de vous ! Quelle haute idée du devoir vous vous faites ! Hélas ! l’objectif que vous vous êtes fixé n’est pas le bon ! – Et, l’empêchant de protester : – Confiez-moi la direction de votre vie, au lieu de me la disputer. Laissez-vous bercer, aimer. Est-ce vraiment trop vous demander ?
Une petite flamme taquine s’agitait de nouveau dans ses prunelles grises. Ce regard volontaire, imposant, savait s’adoucir, pétiller de gaieté, exprimer la tendresse. Elle soupira, et son soupir témoignait davantage de son bien-être que de sa tristesse.
– Hilary, vous affirmez que vous obtenez toujours tout ce que vous désirez. Avez-vous souhaité cet enfant, malgré…
Elle hésitait à poursuivre.
– Malgré votre incompréhension ? Oui, Sherry.
– Pensez-vous qu’« il » nous réunira ?
– Bien heureux celui qui pardonne. Plus heureux encore celui qui ne se souvient pas d’avoir quelque chose à pardonner, ai-je lu récemment. J’espère que ce sera votre cas.
Sherry ne répliqua rien.
Oscillant entre un profond désarroi et le besoin d’amitié que ce sentiment provoquait en elle, elle
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