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Le Mariage secret: Romance
Le Mariage secret: Romance
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Livre électronique182 pages2 heures

Le Mariage secret: Romance

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À propos de ce livre électronique

Une cartographe et un géographe vivent une relation étonnante dans le désert...

C’est l’histoire d’une interrogation.
Dans un pays du Sahel, deux experts expatriés, elle cartographe et lui géographe, se rencontrent. Une liaison s’installe, exacerbée par un environnement le plus souvent hostile : le désert, le vent, les autres… S’agit-il d’amour ? L’héroïne revient sur son aventure à la manière d’une spirale pour chercher le sens de cette relation énigmatique.
Le titre du roman fait référence à une coutume des habitants du désert.

Suivez les interrogations de l'héroïne de ce roman sur cette liaison inattendue, dans cette romance inédite qui vous fera découvrir un environnement hostile et les traditions de ses habitants !

EXTRAIT

Dans ces assemblées, bonhommes et bruyantes, ils se tenaient tacitement compagnie en se nourrissant de leurs pensées mutuelles qu’ils devinaient toutes. Une fois, ils étaient allés très loin dans la complicité. C’était lors de cette fameuse Saint-Sylvestre où ils étaient partis une bonne vingtaine réveillonner au bord de la mer. Ils étaient arrivés tard à destination et il avait fallu installer le campement à la nuit tombée. Le vent, qui s’était levé avec la marée, vers cinq heures, continuait à soulever le sable. Fourbus, ils s’étaient tous installés sous la tente, comme à l’accoutumée, autour des tables et du champagne. Les rires et les voix allaient grand train. Déjà, les bouteilles avaient généreusement circulé, le rose montait aux joues, et dans la lumière blanche des lampes tempête passaient les reflets rouges et bleus du plafond coloré de la tente. Il faisait chaud et les cœurs s’ouvraient comme la mer, là-bas, forcée par le vent à s’épanouir en vagues gigantesques.
Richard s’était assis à côté de Viviane. À moins que ce ne fût elle qui l’ait recherché et se fût installée là, tout contre, son bras gauche tout contre son bras droit à lui. Ils croisèrent chacun les bras en s’accoudant sur la table, et leurs mains se rencontrèrent, sa main droite à elle et sa main gauche à lui, naturellement cachées par les avant-bras posés sur la table.
Ils furent d’abord surpris par ce contact et par son caractère inouï dans ce contexte, au milieu de cette assemblée de gens que l’amour était loin de tenailler comme il les tenaillait eux, ravis de se toucher ainsi, à l’insu de tous. Et elle ne rêvait pas : il la caressait. Il ne rêvait pas : elle le caressait. Cela avait bien lieu, c’était une des premières fois où ils allaient aussi loin par le geste dans la reconnaissance mutuelle de l’attirance qu’ils nourrissaient l’un pour l’autre. Ce n’était pas un rêve : ils étaient bien là à se signifier l’un à l’autre qu’ils avaient du plaisir à se retrouver ainsi côte à côte, par-delà le bien et le mal, secrètement mais sûrement, d’autant plus sûrement qu’il y avait là un secret de nature si incongrue qu’ils avaient peine à croire à leur audace.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Après avoir travaillé comme professeur de lettres, formatrice en Français Langue Etrangère, metteur en scène et comédienne, Marie-Claire Mir se consacre à l’édition de ses œuvres depuis 2012. Ecrire est selon elle un mode de vie, un moyen de réparer la vie, une forme de réinvention vitale.

Du même auteur :

2012 : Première publication. L’Embellie - roman (éditions Publibook)
2013 : Les Vieilles histoires - nouvelles (Publibook)
2014 : Pas tout à fait jusqu’à la fin des temps mais presque… - roman (Publibook)
2015 : Après la lettre – roman (Mon petit éditeur)
2016 : Comme une seule femme – nouvelles (Mon petit éditeur)
2017 : Tout cela – roman (Société des écrivains)
2018 : Un Marin à terre – roman (Société des écrivains)
LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie3 oct. 2019
ISBN9791023612707
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    Aperçu du livre

    Le Mariage secret - Marie-Claire Mir

    1

    Lorsqu’elle eut acquis la certitude qu’il était perdu pour jamais,

    Quand elle fut convaincue qu’ils ne vivraient, finalement, jamais ensemble,

    qu’elle ne le toucherait plus,

    ne le prendrait plus par la main,

    ne le caresserait plus,

    ne palperait plus sa peau, là, derrière l’avant-bras, là où la peau s’amenuise vers la douceur jusqu’à l’aisselle …

    Viviane décida de chercher à faire son deuil de Richard.

    Richard…

    Peut-être allait-elle pouvoir rentrer chez elle comme si de rien n’était, reprendre, sans penser tout le temps à lui, Richard, la vie quotidienne, la vie familiale, avec son mari et ses enfants.

    Elle enfourcha son vélo et partit une nouvelle fois sur les pistes, le cerveau et le cœur oublieux soudain de l’idée fixe qui les avait assiégés si longtemps, l’esprit affranchi de devoir constamment penser à lui, Richard, l’âme éclaircie, balayée, aussi dégagée que le ciel du désert au matin de la nouvelle lune.

    Le long de la piste ameublie par le dernier vent de sable, des ordures traînaient, papiers nylon roses et bleus, ferrailles de toutes sortes, ossements desséchés, charriés là tantôt par la force des choses tantôt par des éboueurs de fortune, et cela faisait comme des balises pour le regard, l’empêchant de se perdre au loin, sur la frange noircie de l’horizon inculte, désolant, décourageant.

    Ah ! Les horizons !

    De temps en temps, au passage de certains amoncellements plus visibles et évidemment plus organisés, elle devait retenir sa respiration afin de ne pas se laisser envahir par des relents douteux, odeurs fades et putrides dont elle se retenait de définir l’origine, comme pour ne pas sombrer dans des pensées malsaines qui eussent rendu la promenade sordide, presque macabre. En plus. En plus de tout, de la dévastation du cœur et de l’écroulement de la force au centre des jambes, en plus de tout cela, il fallait bien se rendre à l’évidence de ce qu’il avait dit, oui, il avait raison, tout ici respirait la mort. Dans l’espace étendu aux pieds du ciel courbé, seul le sable poussait.

    Richard.

    Qu’est-ce qu’elle allait faire là-bas, avait demandé jadis sa mère, la mère de tous les devoirs, qu’est-ce qu’elle espérait trouver là-bas, dans le désert, un bled tout au plus: elle y dévasterait sa raison et finirait d’y consumer son ardeur. C’était peu avant que son père meure, désertant la place du témoin de sa vie qu’elle lui avait allouée depuis qu’elle avait l’âge de raison, justement, le rôle de l’œil caché dans les buissons, observant ce qui lui arrivait, à elle, et, plus tard, à ses enfants, à son mari, toute cette vie de rien qui s’abreuvait de routine, son père n’existait plus et elle ne savait plus très bien qu’entreprendre de vraiment significatif puisqu’il ne l’observait plus, elle avait perdu le sens du temps. Il avait été jusqu’à sa mort sa seule raison de rester en Europe. Après sa mort, elle avait pu s’en aller, accepter le poste, s’installer là-bas, à demeure.

    Elle éluda d’un mouvement de tête ce souvenir encombrant, priant sa mémoire de ne pas se mettre à ronronner toute seule, comme à son habitude, de ne pas s’emballer, de ne pas se mettre à radoter la vie comme une vieille mégère. Qu’est-ce qu’il venait faire là celui-là, le père, il n’était pas invité, lui c’était déjà accompli, le deuil de lui, du père, déjà fait, déjà loin la stupéfaction de l’avoir perdu, dehors le vieux mort, stop, pas le moment, hyperactivité mentale le soir avant de s’endormir, déferlement des souvenirs qu’elle croyait avoir jetés…

    C’était à chaque fois la même chose. Pour peu qu’elle monte sur ce vélo et parte un peu loin, que le temps s’étire soudain le long des pistes uniformes, alors, dans sa tête, et même dans son corps, jusque dans ses mollets qui devenaient soudain plus faibles et rétifs, une machine se mettait en route à son insu, fabriquant sans logique apparente, à la manière d’une mécanique obtuse et forcenée, des chapelets et des chapelets de souvenirs, des lambeaux d’histoires et des morceaux de jours, images impromptues d’une vie qui paraissait encore plus désordonnée et lourde à supporter, une vie étrange, à la fois pleine et irrémédiablement révolue, d’autant plus douloureusement révolue qu’elle s’affichait ainsi, sans qu’on lui ait rien demandé, comme une intruse, du haut de ce vélo sur lequel elle était clouée, aussi vainement pleine qu’un chapeau de magicien, qu’une corne d’abondance périmée.

    Pas gênée, la mémoire. Depuis quelque temps elle revenait en force, comme une vague plus grosse que la vague du souvenir de lui, Richard, si cela continuait il serait bientôt submergé par ce mélange d’alluvions, il fallait se dépêcher de penser à lui, à lui seul, se hâter de faire le tri dans tout cela, de comprendre pour oublier.

    Richard.

    Il y en avait tant, de ces souvenirs inutiles, tant de ces petits bouts de temps réduits à des pensées, comme des fumerolles qu’on cherche vainement à saisir, sur lesquelles on n’a aucune prise parce qu’elles sont diffuses et volatiles, mais qui s’emparaient de sa vigilance et la harcelaient, et l’obligeaient parfois à inspirer très fort l’air extérieur pour dénouer l’apnée, il y avait tant de vies vécues et d’histoires à se raconter dans cette unique vie dont elle avait peut-être déjà parcouru la moitié du chemin, qu’elle se sentait envahie par une fatigue sans nom, un découragement à pousser plus avant cette promenade dont elle avait décidé, pourtant, qu’elle lui ferait le plus grand bien.

    Un chien surgit brusquement des collines d’ordures et se mit à courir dans son sillage en aboyant rageusement. Peur du cœur qui cogne et respiration coupée, elle descendit de vélo en cherchant autour d’elle un secours. Mais il n’y avait personne; elle avait dû rouler longtemps; les premières maisons étaient loin maintenant; là-bas derrière, sur l’horizon frangé de terrasses grises, les minarets des mosquées s’alignaient sur le ciel opalisé par une luminosité qu’aux soirs des journées de vent de sable le soleil a rendue laiteuse et translucide. Elle saisit une poignée de sable qu’elle lança sur le chien qui, plus peureux que vraiment méchant, détala.

    Elle s’assit sur le sable, épuisée. Une sourde colère l’empêchait de remonter sur son vélo. Elle s’en voulait de s’être ainsi éloignée de la ville et d’avoir à parcourir tous ces kilomètres pour rentrer chez elle. Ce comportement absurde la mettait hors d’elle et elle se sentait ridicule, nulle, débile.

    Pas étonnant que Richard ne l’ait pas aimée.

    C’est son indignité à elle qui l’avait rendue indigne d’être aimée.

    Sa folie, ses enfantillages, ses comportements romanesques et ses emportements.

    Richard.

    Comme il avait dû s’étonner qu’à cet âge on pût ainsi s’exalter, lui toujours si policé, si ordonné, si organisé. Lui et ce petit frottement de gorge pour rétablir la sérénité quand l’émotion est trop forte. Lui, avec des yeux noirs bien fixement posés sur la cible des jours pour ne pas trop ciller quand le vent est trop fort.

    Et toutes les erreurs passaient en revue, main dans la main, en chapelet, le cortège des échecs et des ratages, une multitude de visages peuplaient l’intérieur de son crâne, tous ces gens disparus à jamais, tous ceux qui s’étaient éloignés d’elle parce qu’elle les avait harcelés, parce qu’elle avait trop exigé, parce qu’elle avait voulu qu’ils l’aiment, tous ceux dont elle avait attendu de la tendresse, le vilain mot, ceux qui avaient ployé sous la demande.

    Elle eut envie de pleurer et de s’apitoyer sur son triste sort.

    Ah ! Le triste sort !

    Triste sire que lui qui ne l’avait pas aimée quel dommage, pauvre misère que cet amour aucun jour vraiment à l’aise dans l’entournure trop courte des baisers, cœur de lion sans courage, homme sec et ténébreux.

    Elle avait lu nombre de romans où les personnages masculins se consumaient dans une passion fatale pour des femmes inaccessibles, longtemps désirées, enfin possédées, quel bonheur alors, tout cela passait pour une quête héroïque de l’amour fou.

    Être aimée.

    Dans la vraie vie les hommes lui semblaient fuyants, peu enclins à souffrir, pâtir, sentir l’amour jusqu’à en crever, ils étaient très différents de ceux qui, dans les romans, disaient des paroles qui étaient comme des offrandes et faisaient chavirer d’envie.

    Aimer.

    Les femmes amoureuses des romans étaient bien moins héroïques, elles poursuivaient, harcelaient, étaient exigeantes comme des fillettes capricieuses et terriblement déplacées. Peut-être une femme amoureuse l’était-elle trop, ou bien l’était-elle de telle sorte que cet amour devenait très vite encombrant, trop grand, trop enveloppant, trop plein d’autre chose peut-être que de l’amour de la personne proprement dite.

    Et elle s’accusait de ne pas avoir aimé que lui, de ne pas avoir aimé en lui que lui-même. Ce n’est pas lui qu’elle avait aimé, mais l’amour qu’elle pouvait avoir pour lui ou qu’il aurait pour elle. Peut-être ne s’était-il pas senti concerné, suffisamment aimé pour lui-même. Cela ne l’avait pas intéressé.

    Elle ne l’avait pas suffisamment aimé.

    Il lui avait dit qu’il avait besoin d’elle, très exactement il lui avait dit qu’il avait besoin de son ouverture sur autre chose que lui-même, ce qui signifiait tout simplement qu’elle le divertissait de lui-même, il lui avait dit « bien des choses » qui – il fallait le reconnaître, encore que peut-être, oui, enfin … – auraient pu être interprétées, un peu hâtivement et par n’importe qui comme des mots d’amour, et même si, il fallait le reconnaître, il avait une manière bien à lui, détournée, laconique, non dénuée de douceur, de dire qu’il était heureux de la connaître, il lui avait bien dit qu’il avait besoin d’elle. À sa manière.

    N’importe qui.

    De là à penser, croire, qu’il l’aimait…

    Comme ces mots-là étaient un peu usés, patinés, il était resté prudent, oui, il avait dit « les choses » autrement, avec pudeur, il avait parlé de besoin, d’ouverture, d’autre chose que d’amour.

    N’importe quoi.

    Peut-être avait-il fini par regretter son audace, peut-être était-il comme tous ces hommes bien rangés dans la vie qui s’égaraient sincèrement lorsqu’ils disaient qu’ils aimaient, mais retrouvaient très vite la voie de la raison, une raison qui parlait de tranquillité d’esprit, de confort matériel, de vie, tout simplement. Il était marié, lui aussi, il avait des enfants, il avait « sa vie », comme on dit, ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait « quelqu’un », enfin quoi, il avait déjà vécu cette situation, il fallait faire attention à ce qu’il disait, ne pas « s’emballer », comme on dit.

    S’il s’agissait de cela, alors elle devait se reprocher d’avoir été victime, à son âge, d’un séducteur. En bon guetteur, il avait repéré chez elle cet amour de l’amour qu’elle ne parvenait pas à étancher, il connaissait bien cela lui aussi, son regard noir explosait chaque fois qu’il la voyait, il l’aimait parce qu’elle aimait l’amour, comme lui, et cette analogie, peu à peu portée aux nues après quelques rencontres et quelques soirées de bal où la danse permet de frôler dans les corps le bon augure d’un plaisir inédit, l’avait entraîné hors du cadre un peu malgré lui, il s’était égaré et l’avait égarée, jusqu’au jour où, repris par quelque instinct de conservation, il s’était demandé ce qu’il voulait exactement, ce à quoi il tenait le plus et s’il valait la peine de s’engager dans une aventure sentimentale au risque de tout chambouler.

    Il ne l’avait pas suffisamment aimée.

    Et puis il y avait ce concours qu’il préparait, un concours administratif de haut niveau, et là il avait besoin d’elle pour l’aider dans ses recherches, et, surtout, pour l’aider à préparer cet entretien auquel il avait échoué déjà deux fois, le concours était difficile, il reposait avant tout sur la maitrise d’une certaine rhétorique, il devait s’entraîner, elle avait déjà été membre du jury pour ce concours-là, quelle aubaine, elle allait pouvoir lui donner des conseils.

    Il n’avait peut-être fait que l’utiliser.

    Elle décida de monter sur la dune et de l’emmener dans son sillage, à l’orée de l’océan.

    Du haut du promontoire de sable poussiéreux sur lequel elle se sentait autrement échouée, comme une algue déroutée, la pensée de n’avoir à survivre que dans cette pensée lui parut soudain insupportable. Si elle s’était mise à crier, les chiens, jamais trop éloignés, se seraient mis à aboyer. Alors elle se tut.

    Pouvait-elle entrer vivante dans cette réalité ? Était-il possible que tout n’eût été entre eux qu’une question de relation de maître à élève ? Que tout n’ait été, après tout, qu’une question d’intérêt ? L’avait-il séduite uniquement parce qu’il avait besoin d’elle pour s’entraîner à la rhétorique ? S’était-elle laissée séduire sans vraiment deviner que c’est à son intelligence qu’il en voulait, à son expérience aussi, après tout, elle avait été formatrice avant d’ « échouer » à l’Institut – c’était son mot, comme il aimait tenter de la persuader que vivre et travailler ici avait quelque chose à voir avec la déchéance !

    Peut-être n’avait-il cherché auprès d’elle qu’à progresser dans l’aisance verbale…

    Et d’ailleurs, comment avait-il su, déjà, qu’elle avait été membre du jury... Elle ne se souvenait pas de l’en avoir informé elle-même…

    Si toutefois, pourtant, malgré tout, il avait vraiment, au moins pendant quelque temps, été question d’amour entre eux, elle avait besoin de savoir si elle n’avait pas dérogé, si elle ne l’avait pas déçu, si tout ne s’était pas terminé dans le mépris qu’avait déclaré la prise de conscience qu’ils s’étaient mépris. Elle avait besoin de tout passer en revue.

    Prise au creux de l’estomac par cette angoisse sourde que lui donnait le regret de ne pas s’être expliqué auprès d’un mort quand il était encore vivant, par la culpabilité, il faut bien le dire, de n’avoir pas tout dit de soi – tu sais, je valais mieux que cela, si tu m’avais laissé le temps je t’aurais épaté, tu m’aurais mieux aimée, tu m’en aurais moins voulu – prise au corps par des larmes malsaines, elle s’insurgea de sombrer dans une nostalgie qu’elle savait empoisonnée par l’aliénation.

    De savoir qu’elle ne pourrait plus jamais en parler avec lui la fit se lever brusquement comme si elle venait de se rappeler une course urgente.

    Il fallait faire le point, tout reprendre depuis le départ, rentrer calmement à la maison et écrire cette histoire, faire un plan pour ne pas tout mélanger, fabriquer du sens, organiser tout cela pour ne pas perdre la raison.

    Cette résolution lui donna la force suffisante pour prendre le chemin du retour et la présence d’esprit de prendre un raccourci. Elle redescendit vers la plage et s’attarda un moment à chercher les enfants des rues vers l’épave du Cenenmar Quatro. Ils n’étaient pas là. Il fallait vraiment rentrer, revenir, rentrer à la maison et tenter de tout rassembler, de faire le récit de cet amour lointain qui l’avait tant obsédée. Elle expliquerait à son entourage qu’elle avait du travail, qu’elle devait terminer le mémoire

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