CHARLOTTE VALANDREY DE BATTRE SON CŒUR S’EST ARRÊTÉ
Toute sa vie, l’actrice a lutté contre les maladies. Des épreuves qui lui ont façonné un caractère de guerrière
C’est la sœur que j’aurais dû avoir. Elle ne m’invitera plus, ne me raccrochera plus jamais au nez
Elle avait du cœur, même quand ce n’était pas le sien. Charlotte Valandrey est morte : elle n’était pas vraiment une amie ; plutôt la sœur que j’aurais dû avoir. Mais il aurait fallu que ses parents fussent les miens. Ça ne m’aurait pas déplu. Partager l’enfance avec elle, devenue adulte à toute vitesse, accélérée par la mort pendant toute son existence. « Charlotte Valandrey est morte » : cette phrase me fait mourir un peu. Il y avait tant d’humains à faire partir à sa place, tant de tyrans et de bourreaux, de violeurs et d’assassins. Mais c’est elle, Charlotte, qui vient d’emprunter, comme disait Michaux, « le chemin de l’éternel regret ». Oui, la lutte est terminée. Le combat est fini. Elle ne m’invitera plus jamais ; elle ne m’enverra plus jamais promener. Elle ne m’appellera plus jamais ; elle ne me raccrochera plus jamais au nez.
J’ai connu Charlotte bien avant de la rencontrer ; je l’ai rencontrée bien avant de la connaître. J’étais lycéen : sortant de la salle du Martroi, après la séance de « Rouge baiser », à Orléans, en 1985, je décidai de tomber amoureux, amoureux fou, de cette fille de mon âge, au teint diaphane, à la lèvre charnue, aux moues boudeuses, au front bombé. Ce front ! Je raffolai immédiatement, très transi, de ce front têtu, pratiquement buté, de cette énergie granitique provenant des face-à-face avec la mer et des nuits à écouter le noroît. Elle connaissait, comme Jarry, comme
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