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Des anges ou neuf histoires qui percent le temps: Un recueil de nouvelles saisissantes
Des anges ou neuf histoires qui percent le temps: Un recueil de nouvelles saisissantes
Des anges ou neuf histoires qui percent le temps: Un recueil de nouvelles saisissantes
Livre électronique158 pages2 heures

Des anges ou neuf histoires qui percent le temps: Un recueil de nouvelles saisissantes

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À propos de ce livre électronique

Des hommes et des femmes racontent ces instants précieux où ils ont été touchés par un sentiment d'éternité.

En dehors de l’espace et du temps, une réalité merveilleuse nous aime. Elle sait être discrète, et sans s’imposer, elle nous accompagne, nous protège des dangers, nous aide dans les difficultés. Elle se montre rarement, seulement dans les moments spéciaux où l’on peut écarter les rideaux du temps. Ce sont des situations particulières où la nature nous intègre à elle pour nous faire sortir du cours linéaire de la vie en donnant à chacune des secondes qui passent un accès à une éternité. Quand on est en harmonie avec la nature, elle opère ainsi comme un médiateur qui nous fait entrer au contact du divin. Elle dispose de notre conscience et nous permet de percer les secrets échappant à la logique, dépasser les frontières du palpable et de ses modes d’expression, afin de toucher, subrepticement, en un clin d’œil, une vérité qui dure éternellement, celle qui donne sens à la vie.

Des textes émouvants et intrigants qui nous entraînent dans l’univers du merveilleux.

EXTRAIT

L’éternité d’un instant est ma cinquième dimension, c’est une dimension qui perce le temps. À huit ans j’étais ami avec un garçon d’un an plus âgé que moi et qui s’intéressait beaucoup à la chasse. Il m’invitait souvent les week-ends dans sa famille à la campagne, dans une région du centre de la France riche en forêts, plaines et étangs, propice au gibier et là où étaient organisées de grandes battues. La maison de mon ami était imprégnée d’une atmosphère particulière qui excitait nos sens. Les fusils, les sacoches à cartouches, les carniers, les vêtements de chasses, les chiens qui, mis en éveil, manifestaient leur impatience, exaltaient notre imagination et nous mourions d’envie d’atteindre au plus vite nos seize ans pour avoir le droit de tenir un fusil. À nos âges nous n’avions pas l’autorisation de suivre la chasse, mais nous ne manquions jamais le départ car quand le parcours s’y prêtait et qu’il n’y avait pas trop de monde, le père de mon ami nous permettait de l’accompagner pour la première battue, à condition que nous restions derrière lui.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Rodolphe de Maistre est né en 1969 en France. Il est ingénieur après avoir obtenu un MBA (INSEAD à Fontainebleau). Il a vécu en Chine lors de ses études en science physique à l'Université de Métrologie de Chine à Hangzhou, puis pour y travailler. Le métier d'ingénieur l'a emmené plusieurs autres années au Qatar et au Japon. Il a également connu l'Afrique et le Caucase. Passionné de littérature, d'Histoire et de civilisations anciennes, il écoute la musique classique, et aime passer son temps en famille avec sa femme et ses deux enfants.
LangueFrançais
Date de sortie18 juil. 2016
ISBN9782876835412
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    Des anges ou neuf histoires qui percent le temps - Rodolphe de Maistre

    Rodolphe de Maistre

    Des anges ou neuf histoires qui percent le temps

    ISBN 9782876835412

    Catégorie : Nouvelles

    www.compagnie-litteraire.com

    L’éternité d’un instant est ma cinquième dimension, c’est une dimension qui perce le temps. À huit ans j’étais ami avec un garçon d’un an plus âgé que moi et qui s’intéressait beaucoup à la chasse. Il m’invitait souvent les week-ends dans sa famille à la campagne, dans une région du centre de la France riche en forêts, plaines et étangs, propice au gibier et là où étaient organisées de grandes battues. La maison de mon ami était imprégnée d’une atmosphère particulière qui excitait nos sens. Les fusils, les sacoches à cartouches, les carniers, les vêtements de chasses, les chiens qui, mis en éveil, manifestaient leur impatience, exaltaient notre imagination et nous mourions d’envie d’atteindre au plus vite nos seize ans pour avoir le droit de tenir un fusil. À nos âges nous n’avions pas l’autorisation de suivre la chasse, mais nous ne manquions jamais le départ car quand le parcours s’y prêtait et qu’il n’y avait pas trop de monde, le père de mon ami nous permettait de l’accompagner pour la première battue, à condition que nous restions derrière lui. Mais la plupart du temps, dès le départ des chasseurs, nous nous précipitions main dans la main dans la campagne, rampant sous les clôtures, sautant les fossés, pour atteindre un bout de terre surélevé qui nous permettait de voir, en contrebas, les champs et les boqueteaux par lesquels la chasse devait passer. Mon ami m’y emmenait avec passion, et je suivais en partageant ses rêves. Les quelques fois où j’assistais à la chasse, il était tout à l’admiration de son père et j’étais livré à moi-même. J’étais très impressionné de la rapidité des salves quand les compagnies de perdreaux, affolés par les rabatteurs, fondaient sur nous, et j’étais intimidé par toutes les grandes personnes, postées en ligne devant le bosquet, qui tiraient des coups de fusil dont les cartouches s’éjectaient en dégageant l’odeur de la poudre brûlée, si bien qu’à chaque fois j’attendais avec un peu d’appréhension les rabatteurs se rapprocher, mais l’excitation de mon ami m’animait et je le suivais joyeusement.

    Ce ne fut pas tant la chasse qui me marqua qu’autre chose qui la conditionnait. Car le matin, à l’initiative de mon ami, nous nous réveillions très tôt, avant même que le jour fût levé, faisions une toilette rapide, sans savon pour ne pas stimuler l’odorat des animaux, puis passions dans la cuisine prendre un verre de lait et un bout de pain, et, avec une lampe de poche chacun, nous partions en nous enfonçant dans la nuit sur les chemins de campagne. L’air était frais et bon, un air mouillé de la nuit, pendant que le jour se levait et changeait le noir du ciel en bleu foncé. Nous allions repérer le gibier, les perdrix, les chevreuils dans les clairières, aux orées des bois, dans des champs aux longues herbes en jachère. Nous nous écartions des chemins en prenant des sentiers, puis nous nous enfoncions dans les bosquets, prenions le guet dans un fossé en lisière de bois, sans parler, les sens éveillés, attentifs à tout ce qui nous entourait. Mon ami connaissait le terrain. Il avait repéré les endroits, là où nous nous camouflions et attendions de voir passer les faisans. Nous étions deux enfants baignés dans les merveilles de la nature. J’étais sensible à tout, aux arbres, à l’herbe humide et sauvage, à l’odeur d’humus, aux feuilles mortes sous mes pieds, à la terre grasse, aux branches tombées par terre, à la brise qui caressait nos visages, aux vibrations des airs adoucies par les quelques nappes de brume en fond des vallées. Parfois une biche et son faon paissaient paisibles dans les herbes hautes d’une belle clairière, un lapin traversait le layon. J’aurais pu rester là éternellement. Et d’ailleurs, en quelque sorte, j’y suis encore et y resterai à jamais, car en ces moments de forte communion, je suis sûr d’avoir atteint quelque chose de grand qui dépassait la réalité et atteignait mon âme.

    C’était empli de ses merveilleuses impressions que je rentrai à Paris. Il ne fallait pas seulement réintégrer la ville, mais aussi l’école, et je m’y soumettais avec nostalgie. Je me surpris un jour à raconter à mes amis avec le plus grand sérieux que dans la campagne j’avais vu un ange. Je me souviens l’avoir décrit en détail. Il était grand et était habillé d’une tunique verte sur laquelle se déposaient ses beaux cheveux longs et bouclés. Son visage aux traits féminins exprimait une belle sérénité, une bonté ultime. L’avais-je inventé, comme semblaient le penser mes camarades, ou était-il réel ? S’il l’était, ce ne pouvait être que d’une autre réalité qui s’était manifestée au moment où, dans l’extase procurée par la nature, j’étais sorti du temps et m’emplissais d’éternité. Quoiqu’il en fût, je sus que je n’étais pas seul, que j’avais un accès à un monde qui nous garde et avec lequel la nature peut nous faire communiquer. En dehors de l’espace et du temps, une réalité merveilleuse nous aime. Elle veille, elle nous avertit, nous supporte. Elle sait être discrète, et sans s’imposer, elle nous accompagne, nous protège des dangers, nous aide dans les difficultés. Grâce à elle, toujours je passe les épreuves ; elle ne m’a jamais abandonné. Elle se montre rarement, seulement dans les moments spéciaux où l’on peut écarter les rideaux du temps. Ce sont des situations particulières où la nature nous intègre à elle pour nous faire sortir du cours linéaire de la vie en donnant à chacune des secondes qui passent un accès à une éternité. Quand on est en harmonie avec la nature, elle opère ainsi comme un médiateur qui nous fait entrer au contact du divin. Elle dispose de notre conscience et nous permet de percer les secrets échappant à la logique, dépasser les frontières du palpable et de ses modes d’expression, afin de toucher, subrepticement, en un clin d’œil, une vérité qui dure éternellement, celle qui donne sens à la vie. Enfant, j’étais ouvert et candide, dénué de tout préjugé, et tous mes sens furent éveillés à la pureté et à l’harmonie de la nature. Je les avais perçues et j’avais senti mon âme.

    Tout être humain, quel qu’il soit, criminel ou saint, miséreux ou nanti, misanthrope ou social, ressent un jour ou l’autre cette grâce. Les histoires qui suivent en sont des illustrations.

    L’Ange Bleu

    J’étais d’un caractère irascible, peu sociable, et fuyais la compagnie de mes semblables. Je n’avais plus rien à attendre de la vie ni des compagnons d’infortune qui côtoyaient mon quotidien malgré moi. Je vivais dans une grande ville et elle m’était devenue insupportable, d’une horreur sans borne, et, tel le pire des voisins, dès que je croisais quelqu’un je baissais la tête et accélérais le pas, car j’en étais venu à exécrer le contact humain plus que tout. Je vivais dans la foule comme une bête traquée. La densité des constructions, le béton et le goudron m’étouffaient. Les caniveaux et les méandres d’égouts des sous-sols au-dessus desquels je circulais, j’habitais, je dormais, me révulsaient. Je trouvais puéril ce rassemblement d’hommes et de femmes guidés par des soucis fonctionnels. J’exécrais plus que tout ces proximités desquelles je me retranchais. Mais quel était ce projet effarant que de vouloir vivre ensemble ! Plus qu’absurde, la ville m’apparaissait le symbole de la perdition de l’homme. Comment pouvait-il accepter de vendre sa liberté pour se vautrer dans l’accumulation des richesses, la multiplicité des vices, des fantasmes, et de tous les produits de son cerveau malade ? L’homme a peur de la mort, alors il se rassemble, s’exploite les uns les autres pour créer ses propres univers, s’illusionner sur sa condition, se donner l’impression qu’il pourrait y échapper, et, en tout cas, s’assurer de ne pas mourir seul. Dans la ville, il entretient sa folie et se perd dans la foule des illusions et des chimères. Oh combien aspirais-je à quitter cet endroit damné et vivre le rapport spécial à la nature dont il me semblait avoir besoin pour atteindre l’accomplissement de moi-même et de ma solitude ! Alors que la vie citadine m’était de plus en plus insoutenable au point que je désespérais d’avoir encore la force de vivre, j’eus la surprise d’hériter d’une propriété sur la côte nord de mon pays, là où la mer est fraîche et agitée, où le temps est gris et pluvieux. Et l’idée que ce fut la mort d’un parent qui m’apporta cette chance renforça ma conviction que les vivants ne valaient vraiment rien. À quarante-neuf ans, je démissionnai donc de mon emploi insignifiant dans cette capitale sordide, et, fort de mes économies et de l’héritage, je pris mes livres et quittai définitivement la ville pour aller m’installer dans ce lieu austère, là où j’étais certain qu’en toute saison je n’aurais été dérangé par personne. La vie n’ayant eu plus de sens pour moi, cette retraite anticipée me convenait parfaitement. Je projetais de me concentrer sur moi-même et sur la métaphysique, et d’étudier les livres. Je me faisais fort de démontrer ma conviction que la vie n’était rien d’autre qu’un calvaire, qu’elle ne valait rien, qu’elle n’apportait que misère et injustice et que nous eussions eu mieux fait de ne pas venir au monde, de laisser tranquille cet univers infini et froid. Ainsi m’attelais-je à ma tâche avec motivation et frénésie. Je fis rebâtir la vieille maison, proche d’un hameau peu habité, et m’y installai, enfin soulagé de trouver ma solitude pour laquelle je me croyais fait. J’y mis le confort nécessaire, un chauffage pour les longs hivers, une bibliothèque pleine de livres classiques, d’ouvrages de philosophie et de recueils de botanique, et organisai ainsi ma vie de façon à ne recevoir ni ne voir personne, excepté une vieille femme de chambre qui pouvait s’accommoder de mon caractère et qui passait deux heures par jour avant le déjeuner pour cuisiner et faire le minimum de rangement. Je suis un homme méthodique, autonome et qui se contente de peu. Je me levais à six heures régulièrement le matin, passais trois heures à mes études dans la bibliothèque, puis, après un déjeuner complet de pain, jambon, fromage et une tasse de thé noir, je partais pour une longue marche sur les falaises de calcaire qui bordaient la mer. Qu’il plût – et la plupart des journées dans cette région étaient pluvieuses – ventât, neigeât, je ne manquais jamais cette promenade. Par les plus fortes pluies, je mettais des bottes, un par-dessus imperméable vert, une capuche que je serrais fort sur ma tête, et partais du pas du marcheur à ma promenade matinale de dix kilomètres dans la lande et sur les bords de mers agitées, et cela calmait mon corps tout autant que mon esprit, si tant est que j’en eusse eu un, ce qui m’était inconcevable à cette époque. De retour à la ferme, après un frugal déjeuner, je reprenais quelques heures d’études, puis si le temps le permettait, travaillais dans mon jardin à mes études d’horticulture, et je trouvais la présence des plantes oh combien plus agréable que celle des hommes. Ce travail m’absorbait jusqu’au soir où j’avais l’habitude, après une soupe, de fumer un peu de tabac avant d’aller me coucher, régulièrement assez tôt. Je passais ainsi plusieurs années au calme avec moi-même, l’esprit encore agité de l’incondition de l’homme, mais avais pris un rythme solitaire, à l’abri de la bêtise humaine, et arrivais à me supporter moi-même. Je voyais très peu de monde. Les quelques habitants du hameau et les gens du village voisin ne m’apercevaient que très rarement, et je leur rendais bien, ne saluant jamais, et rentrant chez moi dès que je voyais une personne qui pouvait ne serait-ce que s’approcher un peu trop près de moi. J’avais une grande propriété, et dès mon arrivée, j’avais fait fermer les accès et retirer les terrains de la chasse municipale, ce qui fit grand scandale dans la région. Toutefois les multiples supplications et plaintes cessèrent rapidement vu que je n’acceptais de parler à personne, et si quelqu’un se présentait à ma porte, je répondais par un grognement sourd, et parfois menaçais de sortir avec mon fusil. Mon apparence physique s’était développée à l’image de mon caractère. J’avais une chevelure très fournie et d’une couleur très noire, et malgré l’âge, je n’avais pas un poil blanc, ni dans les cheveux ni à ma barbe. Avec le temps, ma tignasse était devenue énorme, et ma barbe hirsute. Tout cet ensemble pileux, joint à mes sourcils noirs broussailleux, avait pris possession de mon visage et je faisais peur à voir, ce qui me convenait tout à fait. Enfin, voilà, j’avais trouvé un équilibre de vie qui convenait à ma misanthropie, et je m’en contentais facilement. Je m’adonnais à ma passion botanique, n’étais content que parmi mes plantes et dans la lande sauvage par pluies et vents. Tout

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