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Portrait de famille en noir et blanc
Portrait de famille en noir et blanc
Portrait de famille en noir et blanc
Livre électronique169 pages2 heures

Portrait de famille en noir et blanc

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À propos de ce livre électronique

Ce récit sensible, décrivant le parcours de la fillette devenue femme, oscille entre force et fragilité. Il explore avec pudeur les nuances d’un visage, à la fois noir et blanc, qui se reflètent dans le miroir de la vie. Entre les non-dits, les mensonges, les joies et les peines, cette histoire se déroule comme une danse sur un fil tendu au-dessus du vide laissé par l’absence d’un père. Il s’agit d’un fil familial, un lien indéfectible qui guide à travers les épreuves et qui démontre que la vie mérite d’être vécue.




À PROPOS DE L'AUTRICE




Les mots révèlent ce que l’âme aime à suggérer… Cet écrit a profondément marqué la vie de Tatiana Henius. La puissance des mots réside dans leur capacité à exprimer les tourments intérieurs, souvent inavoués, liés à nos expériences et à nos émotions. En les lisant, nous progressons sur le chemin de la compréhension de soi, nous sommes pris au dépourvu, surpris, et finalement, nous nous acceptons. Ce qui peut sembler un sujet très personnel et intime revêt une dimension universelle lorsqu’il est couché sur une feuille blanche.
LangueFrançais
Date de sortie20 déc. 2023
ISBN9791042209087
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    Aperçu du livre

    Portrait de famille en noir et blanc - Tatiana Henius

    Tatiana Henius

    Portrait de famille en noir et blanc

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions – Tatiana Henius

    ISBN : 979-10-422-0908-7

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    Préface

    Il était une fois… ainsi commencent les contes de fées… l’histoire qui suit, par certains de ses aspects et de la manière dont elle nous est contée, pourrait y ressembler si l’on se contente d’une lecture superficielle.

    Cette histoire parle de château, de chambres magiques, de voyages, d’amour, et pourrait, grâce au style narrateur autobiographique très détaché, nous faire passer à côté de l’essentiel, la profondeur inhérente à cette tranche de vie mise à nu.

    Mais, beaucoup de contes de fées qui nous paraissent si magiques cachent bien souvent des secrets absurdes et difficiles à porter…

    Il était une fois… un petit village de Lorraine, si rural comme tant d’autres, perdu au pied d’une colline et au milieu des champs, un petit cours d’eau qui faisait tourner un moulin, une église plantée fièrement en son centre entourée de grandes fermes ouvertes à la vie, où le temps s’écoulait paisiblement au rythme des moissons, des orages et du foin qu’on ne pourra pas rentrer, des bêtes allant quotidiennement à l’abreuvoir, du froid de l’hiver.

    Organisée en clan et en familles, la communauté villageoise, où la solidarité avait pour compagnon la rudesse de la vie rurale avec ses rites et ses croyances si particulières dans un monde très refermé sur lui-même, s’adaptait tant bien que mal aux exigences de la vie moderne et trépidante. Mais les villageois savaient se retrouver pour l’essentiel. En plus de la chorale et des processions religieuses y sont ainsi apparus au fil du temps les tracteurs, la voiture, les guerres, le club de foot et les bals musette du samedi soir, le téléphone, là où le contact de la terre nourricière millénaire reste la première raison d’espérer vivre.

    C’est dans ce contexte que va naître l’auteur.

    Elle va s’éveiller à la vie en étant différente, la couleur de sa peau n’est pas tout à fait comme celle des autres, pourtant on lui avait bien affirmé que tous les enfants sont apportés par des cigognes, et puis voilà on prend ce qui vient.

    Sous prétexte de la protéger, on lui cache la vérité longtemps, trop longtemps, et sa vie va se construire sur un mensonge.

    C’est cette quête de la vérité et de sa vérité qui assure au fil de la chronologie le charme et l’émotion de ce texte. Que pouvait-il y avoir d’aussi terrible à découvrir derrière tous ces silences ? Que les enfants naissent parfois aussi dans les choux ?

    L’auteur va nous conter son histoire, celle de son quotidien dans ce village replié sur lui-même et de son incompréhension de sa singularité, puis de sa vie qui s’écoule inexorablement.

    De ses tout premiers souvenirs d’enfance à la femme qu’elle est devenue aujourd’hui, nous parler sans détour et sans fausse pudeur de cette quête de sa vérité et de son père, en victime non consentante. Le tout sous forme de confidence à Roudoudou, la petite fille qu’elle a été et qui est restée au fond d’elle, celle qui dans notre tendre enfance est l’incarnation même de la pureté de l’âme et qui reste le guide suprême de notre vie.

    Le style de cette biographie est d’une remarquable poésie, où la douceur le dispute souvent à la subtilité avec un regard si particulier posé sur les autres, filtré par l’amour.

    Il faut beaucoup de courage pour se livrer ainsi, pour affronter ainsi sa réalité, se chercher et surtout construire sa propre existence. Et surtout de l’amour pour oser parler ainsi et se dire à des personnes qui vous sont proches affectivement, de par le lien de parenté, sans les blesser ni les heurter. Surtout sans se faire mal soi-même et se renier.

    Attachez votre ceinture, laissez la magie vous surprendre même si souvent on se sent révolté par tant d’injustices subies sans le savoir par l’auteur, devant autant de férocité collective parfois aussi anodine qu’insidieuse.

    Le reste nous est conté avec une sensibilité exacerbée comme une ode à l’amour, à la joie et à la vie…

    Charles Brand

    Confidences de « Roudoudou » à Tatiana

    J’ai grandi dans un village modeste, chargé de ces habitudes pesantes et bien pensantes, ce rythme de vie au ralenti. Je suis restée préservée du monde et enclavée dans une tolérance contrôlée.

    Dans ce village de Lorraine, aucun acte, aucune parole n’appartient qu’à soi, tout concerne tout le monde, tout faux pas implique une réaction en chaîne. On se regarde, s’observe, se jauge, se juge, se jalouse… le grain de sable se multiplie et devient désert aride par le seul jeu du relais d’information où chacun se pose en témoin. On y chérit le scandale, on s’ennuie du banal tout en se cachant derrière l’hypocrisie d’un désir de calme et de vie paisible. L’oasis de ce désert reste la pensée individuelle, celle que l’on ne partage pas et qui permet de se ressourcer indéfiniment.

    L’attention que l’on porte à son voisin, si elle est positive, l’est à outrance et on ne trouvera que rarement pareille amitié et solidarité. Si cette attention est négative, il n’y aura pas d’endroit assez reculé pour échapper à la puissance de l’hostilité possible.

    Les fédérateurs au village, ceux à qui on donne son respect à l’unanimité, sont : le maire, le prêtre et le maître d’école. Si les règles de vie étaient respectées par chaque individu dans le groupe alors ce village avait tous les atouts pour être un lieu de vie privilégié, un endroit « où il fait bon vivre » !

    Je me suis rendu compte, jeune enfant, que la différence qui fait que je suis moi ne convient pas à ce monde bien rangé, tranquille.

    Oui ! J’ai bousculé de ma seule petite présence la vie, les vies, de cette « tribu » aux traditions bien ancrées… on me disait une bâtarde, une mulâtresse issue d’une union non approuvée par cette société, reine des lieux, propriétaire des comportements et libertés… là où je me sentais simplement différente, je suis ce que l’on appelle une métisse. « Métisse », ce mot ne veut encore rien dire pour moi et pourtant il est visiblement déterminant pour mon tout début de vie dans ce village.

    Je regarde ma mère, jeune, belle. Je la sens gênée, obligée, étouffant par sa maternité prématurée. Enfant et adolescente à la fois, dans sa tête et dans son corps, elle a fait et fera de son mieux pour combattre la colère qui l’habite, le rejet qui la hante. Elle construit, gère.

    Fière par obligation sous le regard pesant et attentif de ces « autres » qui jamais ne voudront la comprendre, encore moins compatir. Des juges partiaux qui devaient se targuer de ne pas être de l’autre côté de la barre… mais, comme la vie me l’apprendra plus tard, Dieu est seul juge alors à quoi bon avoir l’esprit vindicatif ?… Elle gardait la tête haute, en toutes circonstances, fierté pourtant fragile comme un château de cartes.

    Elle est très jeune… vingt ans à mes quatre ans, et pourtant elle est bien vieille… mille ans à mes yeux et plus encore au fond des siens !

    Elle m’apparaît forte, de cette force que l’on ne peut déceler que sous les couches épaisses de la souffrance.

    Elle voudrait être la meilleure des mères, l’instant d’après, elle voudrait ne jamais l’avoir été. Je sens chez elle cet état de panique intérieure en permanence, cette agitation… en compensation, je lui offre calme et réserve pour rétablir l’équilibre à nous deux.

    Parfois, elle lutte contre la nature humaine : « au diable l’instinct maternel qui a pris le dessus sur la fuite et l’abandon ».

    Pourquoi lui a-t-on volé sa liberté et sa jeunesse ?

    Très vite, cette colère s’estompe, la vie continue dans le calme apparent. Quand elle lutte ainsi, en silence je l’apprends et la devine, afin de lui offrir ce qu’elle pourrait aimer de moi et me défaire du reste, un vrai rôle de composition !

    Cette quête de son amour ne doit en rien me transformer et là est la difficulté… qui suis-je ?

    Le plus souvent, j’essaye de lui porter un regard admiratif qui lui fera comprendre plus tard à quel point je l’aime, à quel point je tente de l’imiter et de lui ressembler, en espérant intimement qu’elle sera fière de moi un jour…

    Je cherche en ses lignes, en ses traits, en ses gestes et expressions, le détail qui me rassure, une ressemblance, une appartenance dans le dessin de ses taches de rousseur ou dans un sourire complice. Mais elle est blanche, je suis métisse, on compterait plus facilement nos différences et oppositions.

    Si je pouvais prendre ses blessures, les porter pour elle, peut-être alors lui ressemblerais-je ?

    Je veux être la meilleure des filles… maman est parfois plus petite que moi.

    Ses cheveux sont blond foncé, une coupe sans trop de féminité, son visage est recouvert de taches de rousseur jusque dans l’iris de ses yeux verts ! Son regard est profond et pétillant, la forme de son visage est bien dessinée, elle a une physionomie affirmée, volontaire… toujours très nature, sans artifices, elle est si jolie !

    Elle m’appelait « Roudoudou »… ce petit nom, si affectueux sur les lèvres de ma maman, était pour moi, un langage codé de l’amour !

    Je vivais dans une maison de maître aux murs bruts, briques roses pour casser la monotonie et doubles volets blancs à persiennes. Le domaine familial était immense et entouré de sapins alignés telles des sentinelles aux aguets. Des arbres fruitiers jalonnaient l’espace, pommiers, cerisiers, poiriers… une biche brune aux cornes noires, toute en béton, ses grands yeux fixés sur la maison, semblait surveiller les alentours. Tous les matins, je lui lançais un « bonjour biche ! » et pensais qu’elle devait se sentir bien seule… je la chevauchais régulièrement et rêvais d’une escapade féerique sur son dos ! Oui, je suis rêveuse, un pied sur terre et l’autre dans mon monde imaginaire…

    Tout ici m’apparut fait pour le songe, une enclave marquée « propriété privée » tout comme notre histoire de famille.

    ***

    La maison surplombait le village, un palais à mes yeux ! « le château » est son nom, celui de mon arrière-grand-oncle qui, un peu bossu je crois, les cheveux blancs, les vêtements gris ou de ces bleus délavés d’avoir trop vécu, régnait avec douceur et discrétion sur cette maison aux côtés de sa femme, autoritaire et distante.

    Les saisons s’enchaînaient et, avec elles, toutes les habitudes de vie.

    L’hiver était rude, la neige recouvrait le paysage de son manteau blanc. Encore vierge le matin, elle servait de toile géante pour nos pieds artistes qui y dessinaient des cercles, des fleurs, des cœurs à tout petits pas.

    Mon grand-père déblayait la neige de bon matin et le sentier verglacé qui menait au village était pour moi un couloir aux murs blancs qui cachaient l’horizon tant ils étaient hauts !

    … À l’intérieur des vitres du château se formaient des couches de givre et à y regarder de plus près, ce givre était composé de milliers de formes enchevêtrées, délicatement ciselées par les anges qui nous jetaient des morceaux de leur nuage, me disais-je, une éphémère perfection. Le regard se trompait car il voyait à distance une masse blanche compacte et, en s’attardant, s’émerveillait de ce découpage improbable, encore fallait-il qu’il se donne la peine de regarder, plutôt que de voir !

    Je prenais ainsi pour habitude de regarder la vie, la nature et toute chose de très près pour ne rien manquer de ce qui est beau et caché.

    Il faisait froid dans nos chambres, la buée se formait à chaque expiration, avec mes très jeunes oncles, nous jouions au dragon en expirant par le nez ! Avant d’aller se coucher, ma grand-mère faisait frémir de l’eau pour nos bouillottes, il ne fallait pas que ses petits prennent froid… Une fois bien au chaud, elle nous bordait dans des lits aux matelas mous dans lesquels on venait se lover sous une montagne écrasante de couvertures et de couettes en plumes d’oie, protégés, couvés comme dans un nid douillet.

    Nous n’avions pas le droit de veiller tard mais de temps en temps le soir, on jouait aux cartes, au jeu de l’oie ou à « ne t’en fais pas » avec mes oncles et mon grand-père… je ne comprenais pas toujours les règles du jeu, maman ou ma grand-mère m’aidait et je gagnais sans vraiment savoir pourquoi !

    Je me souviens plus particulièrement de ce jeu de cartes que l’on appelait « De Schwartzer Peter » – « Pierre le noir »… il fallait se défaire de la carte du Pierre noir avant la fin du jeu, faute de quoi on perdait… le personnage noir qui portait malheur… on en faisait donc même un jeu !

    Ensemble et avec une patience fédératrice, nous réalisions des puzzles immenses que mon grand-père collait sur des panneaux de bois et encadrait afin d’orner les murs du château. La

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