M’aime pas mal
Par Élodie Meyeur
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Élodie Meyeur est née à Chambéry en Savoie en 1988. Elle fit ses études dans le Service aux Personnes avant de s’orienter vers un CAP petite Enfance. Elle a longtemps travaillé avec plaisir auprès des enfants. Le travail et ses amis lui ont permis d’arriver là où elle est aujourd’hui. Elle a donc voulu écrire ce récit : témoignage de son parcours de vie.
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Aperçu du livre
M’aime pas mal - Élodie Meyeur
Chapitre 1
Enfermée
Il fait nuit noire autour de moi. Même dans mes yeux, il fait nuit noire.
J’aimerais bouger mes bras, bouger mes jambes, bouger mon corps, mais tout me fait mal dans ce cercueil de métal.
Pas de bruit, pas une note qui ne parvient de l’extérieur. Où est l’extérieur, je n’en trouve pas la porte.
Une odeur, forte, âcre, froide. Celle du cuir. Et celle de la cigarette, qui s’immisce dans mon nez et me donne le vertige.
Je la reconnais cette odeur, c’est la sienne, elle est partout dans la maison, et ici, elle est entrée dans le tissu, dans le plastique des portes, dans la moiteur de l’air qui prend à la gorge, empêche de respirer, retient l’air à l’extérieur, où je ne suis pas.
Enfermée. Je suis enfermée.
Quel est ce drôle de jeu qui fait que je suis là ? Quel est ce jeu dont les règles sont assez cruelles pour que je sois emprisonnée dans le coffre de cette voiture, sous le soleil d’un été assoiffé, sans répit pour mon enfance ?
Mon enfance dans le coffre d’une voiture.
1, 2, 3, soleil.
Cache-cache avec ma peine.
J’ai 6 ans, peut-être. Je ne me souviens pas. Je ne me souviens que de l’odeur du cuir et de la cigarette, de cette chaleur poisseuse et de mon corps de pierre, trop grand déjà pour un coffre de voiture. C’est elle, la petite garce blonde, qui m’a enfermée dans son jeu cruel. Sa sœur ? Qui suis-je ? Non, je ne suis pas sa sœur. Je vis chez elle deux jours par semaine, elle me subit avec délice, se venge de ma présence par mille traits de vengeance directs. On va bien finir par me trouver… On ne peut pas me laisser crever là, dans un petit espace fait pour une valise, dans une cage de fer qu’une souris trouverait trop étroite, trop sombre, trop plein de nuit. On va bien finir par ouvrir la cage… J’entends des pas, je crie. J’entends ma sœur, la vraie sœur, celle qui devrait m’entendre crier, car elle est ma sœur et qu’elle souffre comme je souffre, quand nous sommes ici, deux poids morts qu’on nourrit et qu’on loge contre quelques billets. Deux meubles dont les besoins sont limités à la survie. J’étouffe mais elle ne m’entend pas. Je suis un chien dans une niche avec un toit de tôle ondulée. J’en ai vu dans un jardin. Le chien retenu par une chaîne, avait deux choix, cuire au soleil, ou s’abriter et crever de soif dans l’obscurité de sa boîte. À choisir, je préfère le soleil. Ouvrez ce coffre ou je crève comme le chien à la chaîne ! Je crie encore. « Ouvrez-moi ! » Les pas se rapprochent. Puis plus rien.
J’ai 6 ans et je vais crever dans un coffre parce que je n’ai pas compris les règles. Parce que j’ai eu confiance ; que stupide comme je suis, je suis montée dans cette voiture et qu’elle m’a prise au piège. Je crois que j’ai dormi. Un micro coma, peut-être. Quelle heure est-il ? Voilà qu’une main paraît dans la nuit de la boîte, qu’elle ouvre mon cercueil de fer, qu’elle surgit dans ma conscience endormie pour me tirer du mauvais rêve.
Réel pourtant le visage de ma sœur horrifiée, qui m’aide à sortir de la caisse.
Personne ne me croira. On dira que je me suis fourrée toute seule dans le pétrin, que je n’avais qu’à faire attention, qu’il n’y a pas idée d’être aussi bête.
Je garderai ça pour aujourd’hui, pour ce récit que je décide d’écrire.
Écrire, pourquoi ?
Parce qu’à 6 ans, je n’ai pas pu parler.
Chaque mot sera un coup rendu et qui sait peut-être qu’au bout de quelques pages, je n’aurai plus envie de hurler pour qu’on m’ouvre. Et j’ai l’espoir fou de changer mes souvenirs en tendresse, en amour.
Mais avant, il faut que je frappe, que je rende coup sur coup, que je lance des mots sur la voiture, sur la fille blonde et méchante, sur la famille qui ne m’a pas aimée, sur le monde qui ne m’a pas entendu hurler.
Je vais leur montrer à quoi ressemble une plaie qui pue.
On verra après, pour les pansements.
Pour l’instant, j’ai 6 ans et mon cœur saigne.
Chapitre 2
Ma famille
Je m’appelle Élodie, je suis née un jour spécial pour la France, cela peut paraître orgueilleux, hautain même : le jour de la fête nationale, jour de la libération de la Bastille en 1789
Ce fameux jour, le Jeudi 14 Juillet 1988, en pleine soirée, je montrais mon petit nez dans ce monde qui sera dur et bienveillant en même temps, chaleureux et très froid. De vraies montagnes russes. Des hauts et des bas. Mais surtout beaucoup de leçons de vie plus ou moins faciles. Mais, qui a dit que la vie sur cette Terre était simple, belle et facile. Sans effort et tout avoir. Comment apprécier quelque chose si on a juste à tendre la main toujours sans aucune difficulté ni effort. La vie serait triste et monotone et on ne pourrait pas dévoiler et améliorer nos dons dans cette vie. Chaque personne est une Perle, un Diamant Brut, Un Joyau. Oui, tout le monde ; même toi qui lis ces quelques lignes.
Donc ma vie commence dans une grande famille dans un petit appartement. Neuf enfants, cinq beaux pères et Maman. Séparation forcée avec le 1er (accident mortel au travail) après la naissance d’Anaïs ; puis nouvelle séparation avec le 2éme (reparti dans son pays natal) avec l’arrivée d’une nouvelle sœur Maéva. Nouvelle séparation avec le père de mes deux grands frères Gaëtan et Philip nés avec un an d’écart.
Une nouvelle rencontre (revenu du Passé, dans un lieu commun où ils s’étaient déjà rencontrés adolescents. L’Hôpital Psychiatrique) : Mon Père.
Ma sœur Natacha arrivera assez rapidement de ces 2 âmes fragiles et instables ; 15 mois plus tard, je fis mon apparition, puis Amandine et Valérie arriveront, elles aussi, dans cette famille déjà bien chaotique et fragile. Ma mère se séparera de mon père et se remariera avec le dernier beau-père. Nathan naîtra de cette union. Rencontres, Séparations et à nouveau rencontre. Cercle infernal et en constant renouvellement. Naissances rapprochées dans la famille. Maman aimant materner, être importante et indispensable pour un petit être cher. Cela la rassurait peut-être sur son utilité dans cette vie et sur cette Terre. Avec son passé et sa fragilité psychique, Maman avait du mal à s’estimer, à s’aimer (Le vilain petit canard de la famille). Comment connaître le bonheur et l’apprécier à sa juste valeur quand on n’a connu que la Merde, le Malheur, l’Humiliation des autres mais surtout de sa famille, de sa propre chair. De ses parents.
Malheureusement, dès que bébé grandissait et commençait à avoir moins besoin de Maman, ma mère se sentait lâchée, abandonnée, vide, sans utilité.
Dans cette famille chaotique avec une Mère qui voulait être aimée, être considérée, qui apprenait à donner de l’amour mais le vrai amour, les gestes tendres (pas simple quand on a connu les coups). Maman était une mère défaillante, qui voulait y arriver mais qui peinait sacrément.
Alors, la D.V.S, Direction de la Vie Sociale (la protection de l’enfance) nous retirait régulièrement de cet appartement pour nous placer en foyer ou en famille d’accueil. Difficile de trouver une famille d’accueil pour sept enfants ; Anaïs et Maéva sont assez grandes pour rester avec Maman ; d’autant que notre mère qui pouvait facilement se mettre en furie envers les autres adultes. Philip et Natacha seront placés chez Mme Callat, Amandine et Valérie seront ensemble chez Mme Tourtot.
C’est Madame Bidet, qui sur dénonciation, a fait que nous avons été placés définitivement ; alors que notre mère nous y mettait en toute confiance lorsqu’elle était trop fatiguée pour s’occuper de nous ; via le service de la D.V.S. Elle a accusé notre mère de maltraitance et de mal nous nourrir ; alors qu’elle-même, qui était censé nous protéger puisque famille d’accueil, nous battait. Pour justifier les traces de coup, quand elle, son mari ou sa fille nous battaient ; elle le mettait sur le dos de notre mère, ce qui ne manquait pas d’alourdir les charges sur elle. Le pire de tout, pour nous enfant, c’est que Madame Bidet nous