Notre route sera longue

A 12 ans – je venais d’avoir mes règles mais je n’avais pas encore de quoi remplir le tout premier soutien-gorge que ma m re m off – j j rêves qui ne s’encombraient pas de ces détails. Mon aspect physique m’importait bien peu. Dans ma tête, je n étais ni fille ni garçon, j étais juste une personne du genre opportuniste qui tirait les avantages des deux sexes sans se poser de questions. Hasard ou prédestination, mes parents m ont donné un prénom mixte : Charlie.

J’ai 35 ans aujourd’hui, mais je me revois ouvrir le sac de supermarché et tirer par une bretelle cette chose rose bordée de dentelle blanche qui s’accompagnait d’une petite culotte assortie. Ma mère scrutait mon visage, dans l’attente d’une réaction qu’elle avait osé imaginer enthousiaste. Je n’ai jamais su mentir mais là, j’ai fait un effort, j’ai souri, j’ai fait semblant d’être contente, comme mes copines qui s’imaginaient être devenues de vraies femmes ce jour-là.

Quelques années plus tard, ma mère m’a avoué qu’elle n’avait pas été dupe. Elle avait seulement voulu me donner le choix.

Que les choses soient claires, je suis une femme et je n’en ai jamais douté.

Je n’ai pas de problème avec mon sexe. Ce que je ne voulais pas, c’était qu’il définisse le chemin que j’emprunterais.

Est-ce que je suis une féministe acharnée ? J’aurais tendance à répondre que non puisque je n’ai pas de griefs particuliers envers les hommes. J’ai grandi entourée de mes trois frères et j’adore mon père et mes grands-pères.

Mais choisir d’être femme et rien d’autre, c’est comme enfiler un carcan et en jeter la clé. Ça revient à ne vivre qu’à moitié, c’est ainsi que je vois les choses et tant pis si cela vous heurte ou vous fait dire que ça ne doit pas être très confortable d’avoir toujours le cul entre deux chaises. Je n’ai pas le cul entre deux chaises, il occupe les deux chaises. J’ai toujours eu un souci avec les choix, alors je choisis de prendre tout.

Très jeune, je me suis posé des questions sur la place