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J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank
J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank
J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank
Livre électronique195 pages4 heures

J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank

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À propos de ce livre électronique

Un hommage à la force indestructible de l'esprit humain


Dans ces mémoires récompensées par la médaille d'or du Prix des lecteurs 2019, Nanette Blitz Konig raconte l'incroyable histoire de sa survie durant la Seconde Guerre mondiale. Elle retrace l'itinéraire de sa déportation - celle de sa famille, mais aussi d

LangueFrançais
Date de sortie1 juin 2021
ISBN9789493231597
J'ai survécu à l'Holocauste: Le récit émouvant d'une survivante de Bergen-Belsen et camarade d'Anne Frank

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    Aperçu du livre

    J'ai survécu à l'Holocauste - Nanette Blitz Konig

    Introduction

    Malheureusement, il n’existe pas de bouton effacer pour la mémoire. J’aimerais pouvoir effacer tout ce que j’ai vécu et vu, et notamment, toute la souffrance. Mais cette souffrance n’était pas seulement en moi - elle était dehors également. Je respirais dans cette souffrance ; elle faisait partie de mon monde. Pourtant, il arrive parfois que je me demande : À quoi bon tout oublier ? Qu’aurais-je à y gagner ? De la tranquillité d’esprit ?. Peut-être bien, mais ç’aurait été une paix illusoire, une paix aveugle, parce que je sais qu’oublier, c’est laisser les autres vivre vos pires cauchemars. Je me souviens, donc je peux vivre, car oublier signifie mourir et perdre à jamais ma famille.

    Lorsque l’on se souvient de l’Holocauste, tout le monde s’interroge : Comment a-t-on pu laisser cela advenir ? Comment des êtres humains ont-ils pu perpétrer une telle violence, un tel désamour ?. Je m’interroge encore, et je crois que ma famille - celle que j’ai créée après m’être reconstruite une fois la guerre terminée - se demande exactement la même chose. Les histoires des camps de concentration font faire des cauchemars aux adultes, comme s’ils étaient des enfants sans défense.

    Les histoires des camps de concentration font faire des cauchemars aux adultes, comme s’ils étaient des enfants sans défense.

    Et si les adultes éprouvent des difficultés à digérer tout cela, imaginez ce qu’il en est pour des enfants. Un de mes petits-enfants s’est approché de moi un jour et m’a demandé, de but en blanc : Grand-mère, est-ce que c’est vrai que les Allemands donnaient du savon aux juifs, en leur disant qu’ils allaient prendre une douche, mais qu’en réalité ils tuaient tout le monde ?. L’Histoire ne me laissera jamais de répit, je suis l’Histoire elle-même. J’ai pris le temps d’assimiler la question de mon petit-fils. J’étais pétrifiée par la peur que cela lui fasse perdre son innocence, mais que pouvais-je bien lui dire ? Mon petit-fils devait savoir l’horreur que cela avait été et qu’il s’agit, malheureusement, de quelque chose qui peut exister. Oui, c’est vrai, lui ai-je répondu. C’est pour cela que nous devons nous battre jusqu’au bout, pour que cela ne se reproduise plus jamais. C’est à ce moment-là que j’ai dû ravaler ma fierté, ainsi que le souvenir amer d’un temps où vivre dans la souffrance était la seule manière d’être en vie.

    Pour que cela ne se reproduise plus jamais…. Le temps glisse entre nos doigts. Avec le temps, le souvenir de l’Holocauste s’éloigne, mais nous devons continuer de le ramener dans le présent. Cela est triste, mais le monde souffre encore de tant de guerres. Je mourrai en me battant pour qu’aucun être humain ne souffre ni ne perde sa dignité comme ce fut le cas pour les juifs par le passé, comme ce fut le cas pour moi. Le besoin de raconter des histoires vient d’un besoin de faire prendre conscience au monde de ce qu’il s’est passé.

    J’avais besoin de surmonter ma douleur et d’avancer. Je devais garder la tête haute et parler de ces jours où je ne pouvais même pas regarder dans les yeux les membres de la soi-disant race supérieure. J’ai longuement réfléchi à l’importance que revêt le partage de mon histoire, malgré la douleur que cela me procure, mais pour ce faire, j’avais besoin d’attendre le bon moment et la bonne personne. Après quelques coups du sort et autres tentatives décevantes, j’ai accueilli Marcia Batista chez moi. Elle m’a encouragée à raconter ces histoires et s’est avérée la partenaire idéale pour ce projet car, comme moi, elle croit en l’importance que représentent ces récits sur l’Holocauste pour ceux qui ignorent ce pan de l’Histoire, ceux qui n’en savent pas assez, ceux qui ne l’acceptent pas, ou pire encore, ceux qui ne croient même pas que cela se soit produit. Nous avons estimé nécessaire d’éclairer cette sombre période de l’histoire du monde, peu importe le temps que cela prendrait, afin qu’aucune vie ne soit gâchée par l’ignorance ou l’intolérance. Ceci est notre combat, ceci est notre héritage.

    Sur ces pages, vous allez prendre connaissance d’événements qui vivront dans ma mémoire pour l’éternité, comme un film joué en boucle - des événements qui continuent de hanter mes rêves aujourd’hui encore.

    Mon intention dans ce livre n’est pas de vous inviter à lire une histoire au dénouement heureux. Je vous invite à faire l’expérience d’un futur qui, peut-être, vous apportera sérénité et harmonie. Sur ces pages, vous allez prendre connaissance d’événements qui vivront dans ma mémoire pour l’éternité, comme un film joué en boucle - des événements qui continuent de hanter mes rêves aujourd’hui encore. Je n’ai jamais pu garder le silence compte tenu de tout ce qu’il s’est passé, compte tenu de tout ce que j’ai à dire. Le prix de la liberté se résume à la vigilance éternelle. Comme l’a dit une fois le philosophe Espagnol George Santayana : ceux qui ne se souviennent pas du passé sont condamnés à le répéter.

    Nanette Bliz Konig (left) and Anne Frank (right) at Jewish school (Joods Lyceum at Stadstimmertuin) Amsterdam, 1941-42.

    Nanette Blitz Konig (à gauche) et Anne Frank (à droite) au lycée juif d’Amsterdam (Joods Lyceum at Stadstimmertuin), 1941-42.

    1

    La vie avant la guerre

    Comment est-il possible d’entrevoir le moment où nos vies sont sur le point de basculer, ce moment où tout ce qui nous est familier s’apprête à ne plus l’être ? Comment aurais-je pu identifier le moment exact à partir duquel le cours de ma vie changerait à jamais ? Il m’arrive de repenser à mon enfance, de temps à autres, ainsi qu’aux moments que j’ai passés avec mon père, ma mère et mes deux frères. Ce sont des souvenirs si distants que l’effort que je dois fournir est conséquent si je ne veux pas que ces images en noir et blanc disparaissent une fois pour toutes. Je me demande parfois si ces jours ont réellement existé, ou bien s’il s’agit d’un conte de fées que d’autres personnes m’ont raconté - peut-être une infirmière après la guerre - pour que je me remette plus rapidement de ces événements sombres.

    Ces images me confirment que je suis en pleine possession de mes moyens et, à mon plus grand soulagement, que j’ai bel et bien vécu ces moments. Sur la photographie que je prends entre mes mains, je vois combien mes parents sont heureux le jour de leur mariage. C’étaient de bons moments, remplis d’amour, et je suis heureuse de ne pas les avoir déjà oubliés. L’enfance me rappelle les sourires, les rires, la légèreté, et la liberté. Des visages heureux, si purs, qui ont été condamnés à mourir pour la simple raison qu’ils étaient juifs. Ce sont des temps au cours desquels nous avons été nombreux à nous demander pourquoi nous étions nés ainsi.

    Ce n’était pas parce que nous n’aimions pas les personnes que nous étions ; être juif était une fierté, et il ne pouvait en être autrement. Cependant, le doute persiste : "Pourquoi nous ? Pourquoi nous ont-ils fait cela à nous ?".

    Comprendre mon histoire revient à comprendre l’histoire de l’Europe, et celle du monde de l’époque. Combien de millions de vies ont-elles été changées au cours de cette période ?

    Nos histoires ne sont jamais rien qu’à nous. Mon histoire, celle de Nanette, s’entremêle avec une histoire plus grande, l’histoire des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Comprendre mon histoire revient à comprendre l’histoire de l’Europe, et celle du monde de l’époque. Combien de millions de vies ont-elles été changées au cours de cette période ? C’était le 10 mai 1940 que ma vie a changé pour toujours. Hitler envahit la Hollande avec sa puissante Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, et en quelques heures, prit le contrôle de la grande majorité du pays. Le Führer avait ciblé la Hollande du fait de sa proximité avec la France, l’un des plus grands ennemis de l’Allemagne nazie. Sans défense face à l’invasion allemande, le gouvernement hollandais s’est rendu en cinq jours, laissant sa population aux mains des nazis. C’était le début de la fin.

    Néanmoins, la vie était paisible avant qu’Hitler n’arrive. Je suis née le 6 avril 1929 à Amsterdam, capitale de la Hollande, d’un père hollandais et d’une mère sud-africaine.

    Hélène, ma mère, était une femme en avance sur son temps et avait travaillé en tant que secrétaire avant d’épouser mon père. Quand mon grand-père maternel est décédé, l’une des sœurs aînées de ma mère - elles étaient quatre en tout - a fait des études pour devenir enseignante et ainsi contribuer au paiement des charges du foyer, qui était assuré par l’une de leurs tantes. Rapidement, elle incita ses petites sœurs à faire des études pour devenir secrétaires et travailler - indéniablement, c’était un foyer de femmes modernes. Ma mère s’est mariée à vingt-cinq ans et, même si elle est devenue mère au foyer, elle demeura une femme forte. Et l’éducation qu’elle a donnée à ses enfants est l’un de ses plus précieux héritages. Sans aucun doute, son dévouement et ses enseignements m’ont donné la marche à suivre, même quand il m’était devenu insupportable de vivre.

    J’ai découvert très jeune ce qu’était la mort, et compris combien elle peut changer nos vies.

    J’ai découvert très jeune ce qu’était la mort, et compris combien elle peut changer nos vies. Willem, mon petit-frère, est né avec une maladie cardiaque et est mort à l’âge de quatre ans. Ma mère savait que cela allait arriver et s’y était préparée, comme elle l’avait fait avec nous. Je me souviens de ce jour, rapidement après la mort de mon frère, où elle m’a dit : Nanne, ma chérie, un jour ils trouveront un traitement. Malheureusement, Willem n’a pas vécu assez longtemps pour voir ce jour venir. Le jour où toi tu auras un enfant, ne t’en préoccupe pas. La mort de mon petit-frère aura malheureusement été la première grande perte de ma vie.

    Mon père était une personne tout aussi admirable que l’était ma mère. Martijn Willem était hollandais et avait toujours été un jeune homme prometteur. Avoir un diplôme universitaire n’était pas la norme au début du vingtième siècle, il a donc étudié à la Amsterdam Business School. Rapidement, il est entré à la Banque d’Amsterdam et, petit à petit, fut nommé à des postes aux responsabilités toujours plus hautes jusqu’à devenir directeur de la banque. Il était très intelligent, et parlait plusieurs langues. Un jour, de retour d’un voyage d’affaires en Scandinavie, il me dit : Nanne, la prochaine fois que j’irai là-bas, je parlerai leur langue. Je n’en n’avais jamais douté.

    Ils étaient des parents aimants, et ont toujours essayé de nous apprendre, à mon frère et à moi-même, à devenir des personnes responsables, à leur manière. Étudier et avoir de bonnes notes ? Ce n’était pas leur responsabilité. Il nous appartenait à nous seuls de savoir quand faire nos devoirs, quand réviser pour un contrôle, et ce que nous devions faire pour nous améliorer. Je me remémore les jours heureux que nous avons vécus ensemble, et ne puis les remercier assez pour la manière dont ils nous ont éduqués. Les camps de concentration étaient des lieux où les nazis voulaient exterminer les juifs. Pour eux, il n’existait ni familles ni êtres humains dans ces camps. Je n’étais pas la fille cadette de Martijn et Hélène ; je n’étais qu’une détenue de plus sans visage, sans nom, sans droit. Comment aurais-je pu survivre dans un camp si j’avais ressenti le besoin constant d’être auprès de mes parents ?

    La vie était normale à l’école primaire. La ségrégation n’avait pas encore commencé, ce qui signifiait que chrétiens et juifs allaient en classe ensemble. Nous vivions encore libres et étions heureux. Même si je n’étais pas souvent grondée, je souris chaque fois que je me rappelle ces jours, parce que j’étais loin d’être une enfant sage - j’ai certainement dû rendre mes parents fous quelques fois. Dans mes souvenirs d’enfance, je me rappelle avoir un jour grimpé sur le toit pour manger des pommes sur l’arbre du voisin. J’étais un garçon manqué. Mon frère, Bernard Martijn, de deux ans mon aîné, était bien plus sage. Il est difficile d’imaginer que, de nous deux, ce devait être moi la demoiselle.

    Nous vivions dans une grande maison en triplex. J’aimais faire de la gymnastique et me plaisais à occuper le vaste espace mis à ma disposition pour m’entraîner. Essayez d’imaginer ma mère m’appelant pour dîner pendant que je me pendais aux anneaux de gymnastique… il faut profiter le plus possible des bons moments ! On ne sait pas ce qui arrivera ensuite, et jamais n’aurions-nous pu concevoir ce qui était sur le point de nous arriver.

    J’aimais aussi lire des livres, des journaux, tout ce qui me passait sous la main ! J’avais l’habitude de descendre tôt le matin au seuil de la porte pour ramasser le journal de mon père, et aimais lire les titres en remontant les marches de l’escalier. Comment cela se fait-il qu’il n’ait jamais trouvé étrange que je mette autant de temps à remonter ces marches ? Peut-être le pensait-il, mais il appréciait probablement le fait de savoir que sa fille s’intéressait à ce qui se passait dans le monde et avait un esprit ouvert comme celui de sa mère.

    Il faut profiter le plus possible des bons moments ! On ne sait pas ce qui arrivera ensuite, et jamais n’aurions-nous pu concevoir ce qui était sur le point de nous arriver.

    Aujourd’hui, je comprends que mes parents nous ont encouragés à développer notre propre opinion et à ne pas nous voir imposer celles des autres, surtout si ces opinions empêchent le monde d’évoluer. C’est ce qu’ils ont fait avec la religion, par exemple. Nous n’étions ni juifs-orthodoxes ni juifs-traditionnels. Ma mère disait d’ailleurs qu’elle n’aimait pas être dans l’exagération, et mon père, qu’il était un libéral. Pourtant, cela ne voulait pas dire que notre éducation n’était pas façonnée par des principes religieux. Mon père m’avait fait étudier auprès d’un rabbin pendant cinq

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