VOIR NAPLES ET ÉCRIRE
On a rarement vu sur un écran ordure plus répugnante que Ciro Di Marzio, malfrat sans âme, trafiquant obsédé par l’argent, capable de brûler vive une jeune fille pour lui arracher quelques informations. Présent des saisons 1 à 3 de la série Gomorra, ressuscité dans le film L’Immortale (2020), Di Marzio est pourtant le héros le plus connu du Naples d’aujourd’hui. À l’origine de cette bonne fortune, il y a Gomorra, l’implacable document littéraire que le journaliste Roberto Saviano consacra à la Camorra napolitaine en 2006. Depuis, malgré les menaces de mort de la Mafia, l’auteur a creusé le filon : un autre document (Extra pure, 2014), deux romans, dont un qui inspira une nouvelle série (ZeroZeroZero)… Saviano a-t-il voulu modifier l’image romanesque de Naples?
Dans (2018), où il met en scène les gangs d’enfants meurtriers de la ville, il dénonce les modèles que sont devenus pour eux les truands de cinéma ou de télévision (Tony « Scarface » Montana en particulier…). Par une étrange mise en abyme, il cite parmi ces modèles délétères Gennaro Savastano, le jeuneconte l’ascension, se reconnaissant lui-même comme fournisseur de ce système de représentation qu’il dénonce.
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