Matsanga: Roman
Par Yvan Makaya
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Boutamba Dibimba Ivan Power est de nationalité gabonaise, âgé de 20 ans, il étudie en Russie en faculté d’économie et mathématiques. Passionné de lettres ; amour qui lui a été transmis par ces différents professeurs de français.
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Aperçu du livre
Matsanga - Yvan Makaya
Préface
La littérature Gabonaise dite autrefois quasi inexistante connaît une avancée indubitable. Chaque jour, elle accueille dans ses arènes des gladiateurs de plus en plus jeunes et animés d’une envie ardente de dénonciation des maux qui prennent notre société en otage. Ivan Power BOUTAMBA DIBIMBA fait partie de ces jeunes qui veulent par leur plume étaler sur des papiers blancs des mots pour éveiller une nouvelle conscience collective. Matsanga est un petit texte qui nous livre les déboires de la société gabonaise à travers le personnage de Matsanga Allegra une jeune fille qui vit dans un quartier défavorisé.
Matsanga qui signifie dans certaines langues du Sud du Gabon les larmes est un titre bien choisi car dans ce roman nous évoluant avec la jeune Allegra qui perd tous ses proches et ne connaît presque jamais la joie. Le texte est cru, vulgaire et humoristique. Aucune scène choquante, violente. On a beaucoup d’empathie pour cette jeune fille, un roman émouvant. L’histoire est certes du déjà vu mais elle a une particularité qui la rend belle.
Le ton est donné… Biwoulou mambou matoudji limbaaaa !
(Que ceux qui écoutent les palabres soient attentifs !) ou « Vous qui écoutez les palabres soyez attentifs »
Boris Makaya, écrivain
Vent, pluie, pauvreté, richesse, dans mon quartier les activités battaient à leurs pleins. Par ici on poursuivait un voleur, par là on retrouvait les vieux du quartier en plein commérage journalier car ces derniers avaient remplacé les femmes. Retraités, ils attendaient leur pension qui n’était que de passage sur leurs mains, car à vrai dire tout ce bon pactole partait chez la tenancière du bar (tchi-katche), comme on aimait le dire, mais bref c’était ça leur travail : parler, raconter, expliquer une jeunesse jamais vécue, une jeunesse artificielle qu’ils aimaient bien. Ils passaient des journées entières là avec leurs vieux journaux, faisant semblant de lire, et que si je n’oublie ils se prétendaient sages. Car les commérages qu’ils se faisaient entre eux étaient des prophéties sur la jeunesse du quartier. Ces dernières étaient plus accentuées sur les filles. Sans gêne, ils décrivaient jambes et dessous de ces futures femmes. Mais bon jamais je n’aurai été visé car comme le disait mon frère j’étais transparente, je ne sortais presque jamais. Mes distractions et temps forts étaient : me laver, manger, aller faire une recharge de crédit, whatsapper, être avec Prince et facebooker. Mais bon, trêve de commérages mon nom se faisait entendre même du sommeil des morts, et l’individu qui me cherche était derrière la porte. Et ce bruit provenait de la bouche de cette femme au corps économique, dont j’ai hérité, d’un teint furieusement ébène « Ma Mère ».
— Bonjour, maman, lui disais-je.
— Bonjour, je ne suis pas ta mère, si j’étais ta mère, tu n’allais pas me faire crier. Vraiment les enfants là… vous voulez ma mort dans cette maison. Hum, hum, hum... si je meurs là PERSONNE, je dis bien PERSONNE ne pourra vous garder oh………
— Oh maman toi aussi.
— Ah voilà, je parle, tu parles comme t’as déjà des copains.
(J’ai un ami, un très bon ami mais c’est juste une amitié rien de plus. Il est coureur de jupon très actif, mais s’il ne l’était pas, je ne l’aurai jamais aimé en secret bien sûr, car qui pouvait imaginer la petite transparente avec ce Bad boy ? Moi seule évidemment, mais nous ne sommes qu’amis).
Et maman répliqua.
— Maman où vas-tu ?
— Chez mon copain…
— OK, je m’en vais, passe une bonne journée et prend soin de ton petit frère. N’oublie pas de faire le petit déjeuner à ton père quand il se réveillera.
— OK, c’est noté bonne journée maman puisse Dieu te protéger.
— Amen oh.
La voilà sortie de notre concession d’un pas très assurant, priant que sa journée soit excellente au marché. Car le lundi le marché doit être fermé pour des raisons de nettoyage.
**************************************
Après-midi ensoleillé annonçant la rentrée scolaire, moi qui étais enthousiaste et ensuite refroidie par les grèves, ces syndicalistes avec leur slogan (NO MONEY NO SCHOOL) j’en avais assez. Mais je les comprenais, c’était des pères et des mères de famille sans salaire ou ayant des salaires minables comparés à ceux de nos ministres qui n’ont quelques fois pas de Doctorat. Je comprenais ça. Mais il faut y aller, aller au lycée s’informer, pensée remplie d’espoir en espérant une bonne nouvelle, mon petit frère tenant ma main droite avec mon téléphone sur ma poitrine collé à mon soutien. Et dans la petite poche de ma robe, se rangeait mon argent. Toute cette sécurité se rapportait au danger de mon quartier (on habite dans un quartier appelé TOUT EST PERDU). Nous avons l’une des maisons décorant le tableau aveugle et saoul de ce quartier, où il y a le braquage et où l’insécurité a atteint son paroxysme. En exemple le petit Jean Jacques, saint de son prénom mais aujourd’hui vend et boit les cobolos (terme désignant des médicaments pris comme des drogues). Lui qui avait un avenir prometteur à l’école pourtant. Qu’est-ce qui s’était passé ? Nul ne sait. Mais bon, il avait été injecté par le courant de la révolution qui sévit le pays. Où tous les jeunes deviennent des bandits de grand chemin. Bref, je vivais cela. En sortant de la maison, je croisais mon frère.
— Bonjour, ma petite. Dit-il.
— Bonjour, Jude.
— Je te dis bien que je ne m’appelle plus Jude mais plutôt La casa de Papel.
— Moi je ne connais pas ce prénom.
— Voilà t’es bête, si on veut te tayame (braquer) tu dis juste que tu es la petite de La casa de Papel.
— En tout cas, moi j’y vais. Je pars au lycée.
— OK ma petite, take (prend) moi aussi mes infos là-bas.
— OK, je verrai si dans mon lycée je ne perds pas du temps. Mais surveille la maison…
— OK, tranquille le terrain est sécurisé. Qui s’amuse à pénétrer notre surface je le déchire.
— Hum, OK à tout à l’heure.
***************
Sortir du quartier, tout un calvaire, et arriver en route est une victoire céleste. Quelle bagarre, il faut se