Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les virages du vent: Roman
Les virages du vent: Roman
Les virages du vent: Roman
Livre électronique76 pages1 heure

Les virages du vent: Roman

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Sa femme plongée dans un coma végétatif, l’écrivain Jacques Tessier voit sa vie basculer. Il décide alors de tout quitter pour partir sur cette pensée : trouver le littoral où ils auraient aimé s’installer. Durant cette quête, nous vivons ses intériorisations, des moments d’existence, des rencontres ; nous marchons avec lui.

« Sandrine avait choisi d’imiter les peintres anciens comme les paysages de Zhang Zongcang… »

À PROPOS DE L'AUTEURE

Nathalie Réal, née en Périgord, partage sa vie entre son port d'attache en Charente-Maritime et la Tunisie. Également haijin, certains de ses haïkus sont traduits en japonais et en arabe.
LangueFrançais
Date de sortie15 mai 2020
ISBN9791037707246
Les virages du vent: Roman

Auteurs associés

Lié à Les virages du vent

Livres électroniques liés

Fiction littéraire pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les virages du vent

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les virages du vent - Nathalie Réal

    Biographie

    2018, La Rosée d’un calame, recueil de haîku.

    2016, La Peur de Toufik, conte jeunesse.

    2010, Île émoi, prose et poésies , Editions Edilivre.

    2009, Téthys, poésie, Editions Edilivre,

    Ouvrages collectifs

    2019, Anthologie vol.5 de Haïku University (ouvrage japonais). Sous la direction du professeur Mitunori Nagata. Traducteurs : Mine Mukose, Takatoshi Goto, Chiaki Nakano.

    2014, La Mer, recueil de nouvelles du club auteurs Poitou-Charentes, Editions Edilivre.

    2008, Rimeurs Slameurs et Autres Rencontres, recueil collectif des éditions UDIR (Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise) présidées par l’écrivain J. F Sam Long.

    Poèmes de Gendarmes, textes choisis par Jean Orizet (Poète et prosateur français, cofondateur de la revue Poésie 1 en 1969 et des éditions du Cherche Midi en 1975).

    De l’amour émane la poésie comme en Chine la peinture découle de l’écriture qui ensemble sur le papier ne font qu’une. L’amour ? Un poème libre avec des strophes.

    Nathalie Réal

    Prologue

    Journal du Juris.com

    L’artiste peintre Sandre entre la vie et la mort.

    Terrible nouvelle ce matin. Le quotidien l’Eveil Lyonnais nous rapporte qu’un accident a eu lieu ce 14 janvier sur l’autoroute A6 à hauteur de Villefranche-sur-Saône. Vers 22 h, un motocycliste surpris par un véhicule roulant à contresens a perdu le contrôle de sa moto en essayant de l’éviter. Le motocycliste et son passager grièvement blessés ont été évacués au CHU de Lyon.

    Aujourd’hui, le journal nous révèle l’identité des deux personnes. Le motard est l’écrivain et journaliste Jacques Tessier et le passager l’artiste peintre Sandre, son épouse. Si les jours de Jacques Tessier ne sont plus en danger, Sandre est toujours dans le coma.

    Sandre, très connue pour ses œuvres sensuelles et raffinées à l’encre de chine était l’invitée d’honneur au festival des arts et des lettres de Lyon.

    Camille, 15 janvier 2012

    Journal du Juris.com

    Un sexagénaire se suicide.

    Le 26 février, un sexagénaire se pend à son domicile. C’est sa sœur qui a découvert le corps. « Mon frère n’a pu surmonter sa responsabilité dans l’accident », dit-elle aux gendarmes. Il avait laissé sur la table de la cuisine une lettre à l’intention de ses proches expliquant qu’il voulait rejoindre sa femme, l’envie de vivre l’ayant quitté depuis son accident de la route du 14 janvier où l’une des victimes, l’artiste peintre Sandre, 47 ans, est toujours dans le coma au CHU de Lyon.

    Camille, 27 février 2012

    1

    Fermer les yeux, ouvrir la Bible au hasard et poser mon doigt sur une page.

    « Vers les eaux du repos, il me mène,

    il y refait mon âme ;

    il me guide aux sentiers de justice

    à cause de son nom. »

    Premier quatrain du psaume de David. 23 (22)

    Le grand livre, une fois de plus, ne m’apporta aucun réconfort. Ce jeu, propre à Sandrine, qui croyait aux signes et en Dieu m’indiquait qu’elle était près de lui et non près de moi, dans le meilleur des mondes ; encore faut-il croire aux signes.

    Il est facile de pardonner à ce Dieu au-dessus de tout soupçon, alors que se pardonner paraît insurmontable. Une chose était établie, nous n’étions pas jeudi. Tous les jeudis, je rendais visite à ma femme plongée depuis un an et huit mois dans un coma végétatif. Si l’on m’avait remis sur pieds, les chances qu’elle se réveille s’amenuisaient. Elle répondait à certains stimuli. Le premier jour où elle sourit à notre musique, qu’elle leva sa main, un doigt pour nous dire « j’entends », ma joie atteignit un voltage de haut vol. Les jours passèrent, un mois… l’espoir toujours grandissant à chaque nouveau petit geste ou sourire. Dans le jargon médical, Sandrine se trouvait en état pauci-relationnel, sa conscience marchait au minima. Elle était avec nous le temps d’un bonjour puis repartait dans un sommeil de plomb ou cet ailleurs dont on ne sait rien ; à partir de là, tout est imaginable. Puis les médecins vous affirment un état pauci-relationnel chronique et le vôtre d’état change ; votre espoir s’ajustant à la mesure de ce pauci et de ce minima. Minima poena autrement dit à partir de la peine la plus petite vers la peine la plus grande, je goûtais à la dépression et sa pilule du soir. Entre tous les possibles, à la fois le temps passait, à la fois le temps s’était suspendu pour nous deux.

    *

    La ouate d’un froid repos se détachait des monts, l’aurore passant du sépia au rose abrasait les massifs jurassiens. En transversal à l’horizon, au-dessus les ardoises braisillantes, m’éblouit l’envol d’un héron cendré. Les hérons, craintifs, ne viennent jamais vers le village et moi, ce matin-là, je dérogeai à mes habitudes.

    Consciemment, pour la première fois, j’ouvris le vieux buffet, plongeai ma main au fond de l’étagère pour dénicher derrière une pyramide de conserves, le sachet de café en grains pour le moudre et m’en infuser un vrai nectar. Puis je repris ma place dans le club près de la fenêtre, un peu étonné de mon geste. Le corps lourd, flasque, je retournai à ma léthargie. Mon regard avide du néant, je l’atteignis sans effort, entre deux battements de paupières, entre deux changements de point de mire.

    La fixité vous change le monde.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1