Christian Bobin, poète des petites choses, a tiré sa révérence en laissant derrière lui Le Murmure, ultime ouvrage qui pourrait en raconter bien d’autres. Il rédigera à l’hôpital les dernières phrases de ce livre débuté en 2022 chez lui, au Creusot. Fidèle à ce que l’on connaît de plus apprécié chez l’écrivain, Le Murmure se forme sous une série de pensées poétiques et philosophiques déroulées à travers de courts chapitres. Il y aborde sans fard la grande question de la mort qui le hante depuis ses premiers écrits, cette rencontre si particulière avec la maladie perçue comme une âme amie qui le prend par la main sur le chemin de son écriture. Les douleurs deviennent des guides vers l’inspiration. Derrière l’issue inévitable, Christian Bobin loge l’optimisme entre chaque mot, observe avec un recul presque testamentaire ce qui a été accompli et ce qu’il reste à faire. Entre une mélodie de Grigory Sokolov et le chant des hirondelles, l’écrivain parsème son récit de souvenirs d’enfance teintés d’onirisme, sa première rencontre avec l’objet livre, ses débuts dans l’écriture, son isolement dès le plus jeune âge et son rapport au silence. La chambre de l’hôpital devient un tout dernier antre créatif dans lequel il s’adonne aux grands dialogues métaphysiques. En somme, des pensées qui signent la sagesse tout étrange de ceux qui acceptent le trépas en théorisant l’amour comme la mort – celle du corps et celle de la vie.
La montagne s’incline une seconde. Aucune de ses pierres ne sourit. Si tu cherches une récompense pour ce que tu fais, laver la vaisselle ou jouer Chopin, alors, plutôt, ne fais rien: tu as par avance échoué dans l’absolu chef-d’œuvre de la vaisselle, ou du poumon des anges. Chopin est
