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Frédéric Chopin Le retour de Majorque

28 février 1839, au matin

ous allons nous installer à l’hôtel de la Darse, l’un des plus beaux de Marseille, chez le frère du comte Marliani, un autre ami de George, celui-là même qui lui avait conseillé ce voyage à Majorque et vanté le charme de l’île, de ses habitants. S’il avait su… Je me sens déjà mieux, dans cette atmosphè sereine et pacifique. Pourtant, malgré l’hostilité des habitants, qui me traitèrent vite, je l’ai dit, comme un pestiféré, les débuts du séjour à Valldemosa furent plutôt heureux, disons à peu près jusqu’à Noël. J’y ai d’ailleurs achevé, à cette époque, une *, glorieuse, d’une vaillante énergie, tout à la gloire de mon pays, sans sentiment sombre aucun. Un vrai défilé militaire avec fifres et tambours! J’ai voulu exprimer dans ces polonaises, depuis l’exil, la révolte de mon pays contre l’oppresseur quand mes mazurkas en font ressortir le deuil. Je crois que j’en écrirai jusqu’au bout, jusqu’à en mélanger que j’écrivais ensuite****, qui semble venir du plus bas de l’âme, si douloureuse, à fleur de peau, avec ses sursauts de révolte tragiques, comme noyés de larmes, et ses quelques rais lumineux, si étroits… Elle contient davantage de moi que beaucoup d’autres de mes pages. Même si à la fin du mois de décembre mes Préludes étaient loin d’être terminés, j’avais déjà commencé à les mettre en ordre, en ayant achevé certains, et composé de nouveaux, bientôt au nombre d’un tiers environ, tous d’une tonalité différente et couvrant l’ensemble du spectre de la musique comme l’arcen-ciel déploie celui de la lumière. Toutes les facettes de l’âme aussi. C’est alors que j’eus la première idée de ce journal que je tiens depuis notre départ de l’île, mais augmenté d’un journal des Préludes à l’intérieur de ce journal! : il s’agirait, une fois le cycle de ma musique achevé, de reprendre chaque et de m’exprimer sur lui, donc sur vingt-quatre jours, jusqu’à l’issue de mon voyage. Écrire ces vingt-quatre « chapitres de l’âme » que sont pour moi les Préludes, et ressentir pleinement quelle résonance chacun a dans mon existence, ce qu’il traduit, dans mon art comme dans ma vie, puisqu’il en manifeste aussi l’essence… Je n’ai pas le talent de George mais je peux, j’en suis sûr, écrire ainsi une sorte de petit roman musical… sans pour autant lui donner une tournure romanesque. Le journal de mes Préludes… C’est ce que j’ai voulu finalement accomplir et que je commencerai bientôt.

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