Un amour à sens unique
RÉSUMÉ: Audrey vit à Paris et accueille sa sœur Marion chez elle. Très envahissante, la cadette ne ménage pas son aînée. Mais quand Richard rentre des États-Unis pour retrouver Audrey, la jeune Marion cherche à tout prix à attirer son attention. Ce soir-là, Audrey est exaspérée.
Je n’aurais pas dû vous accompagner. Je suis sûre que tu m’en veux beaucoup.
– Un peu, avoua Audrey simplement.
– Qu’est-il pour toi? Ou plutôt, qu’es-tu pour lui?
À ces questions directes, l’aînée ne sut répondre. Elle lui conseilla seulement d’éteindre la lumière et de dormir.
Le lendemain, Richard téléphona comme il l’avait promis. Elle en profita pour le remercier chaleureusement et s’excusa de lui avoir imposé la présence de sa sœur.
– C’est plutôt elle qui s’est imposée ! rectifia-t-il en riant. Mais ne croyez pas que je sois fâché. Elle est si… si spontanée !
Après quelques digressions sur le caractère de la jeune fille qu’il semblait avoir bien cerné, Richard s’en tint à des banalités, et dit à Audrey qu’il la rappellerait la semaine suivante.
– Ces jours-ci, je ne vais pas avoir beaucoup de temps libre, ajouta-t-il.
Comment Audrey n’aurait-elle pas été déçue ? Elle pensait qu’ils auraient pu se retrouver à La Cour Saint-Germain, à midi, comme ils le faisaient souvent. C’était d’ailleurs là qu’ils s’étaient rencontrés la première fois, qu’ils avaient échangé quelques mots, ce que l’exiguïté de la salle et la proximité des tables facilitaient.
Audrey déjeuna donc seule. Le brouhaha, le va-et-vient des serveuses favorisaient ses réflexions intimes. Pourquoi, soudain, broyait-elle du noir ? Elle s’aperçut que si Richard s’expatriait – il n’en parlait pas à la légère –, sa vie n’aurait plus aucun attrait. Il lui vint à l’idée d’employer un stratagème pour l’empêcher de mettre ses projets à exécution. Pourquoi ne lui dirait-elle pas tout simplement qu’elle l’aimait ? Il serait sans doute surpris de son aveu, car elle était toujours restée sur la réserve. Marion, elle, qui le connaissait à peine, ne s’était pas gênée pour l’embrasser sur la terrasse de La Cascade, alors qu’ils sortaient de table, sous prétexte de le remercier. Audrey n’avait pas osé l’imiter. Ah ! comme elle s’en voulait d’être si timide ! Mais c’était peut-être ce qui plaisait à Richard ?
Son travail – très absorbant cet après-midi-là – lui servit de dérivatif.
Audrey, j’aimerais vous parler, l’interpella son patron. Voulez-vous me suivre dans mon bureau…
Sous l’œil goguenard de ses collègues, souvent portés à la médisance, Audrey s’exécuta.
– Refermez la porte derrière vous et asseyez-vous. Voilà, dit-il en s’éclaircissant la gorge, je vais être obligé de m’absenter quelques jours, un enterrement dans la famille. Mon beau-frère, précisa-t-il. Cancer généralisé. La médecine s’est révélée impuissante. Ma sœur est non seulement au bord de la dépression, mais je la sais
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