La Rose blanche
Romantique Clara se pencha pour ramasser l’écharpe de Romy qu’un coup de vent venait d’arracher de ses épaules.
– Tu n’es pas fatiguée, grand-mère ? – Je ne suis pas en sucre, ma chérie. Et puis j’aime tellement le jardin anglais au printemps, même si aujourd’hui le vent est un peu frisquet. Romy s’interrompit, promena son regard clair sur les arbres de l’immense jardin anglais où se pressaient déjà des touristes, puis elle gloussa, l’œil malicieux.
– Qu’est-ce qui te fait rire ? lui demanda sa petite-fille.
– Si tu avais vu ces pelouses dans les années 1960, tu rirais aussi. C’était la période hippie, l’amour libre… Ils venaient tous ici s’étendre au soleil et se bécoter, nus comme des vers !
Clara sourit en imaginant le tableau.
– Et toi, grand-mère ?
– J’avais déjà une quarantaine d’années, et puis j’étais mariée. Si j’avais été plus jeune, sans doute que j’aurais tenté l’expérience.
– L’expérience de l’amour libre ?
Les deux femmes s’assirent sur un banc à proximité d’une cascade et Clara sortit des sandwiches de son sac à main.
– Je ne sais pas… Peut-être. En tout cas je n’aurais pas hésité à me déshabiller. J’étais une jolie fille.
– Et tu es une magnifique vieille dame, lui répondit tendrement Clara en lui tendant un sandwich. Mais je ne t’aurais jamais crue capable de te mettre nue devant tout le monde.
– Tu es choquée ? demanda Romy en plissant les yeux à cause du soleil. – Bien sûr que non, grand-mère. Juste surprise. Ce devait être une époque formidable.
Romy mordit dans le pain viennois, puis elle sembla soudain n’être plus là pour personne. Comme si son esprit remontait le temps en suivant à contre-courant le cours de la rivière qui alimentait la cascade. – J’ai été heureuse pendant presque toute mon existence, fit-elle d’une voix atone. Mais quelquefois, la nuit, je les revois dans leurs habits noirs et j’entends leurs voix qui claquent comme des mitraillettes. – Grand-mère…, souffla Clara
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