Les montagnes de l’horizon

7 – RÉSUMÉ : Quand Nathalie lui fait part de son envie de participer aux vendanges, Gabriel ne se fait pas prier et lui trouve aussitôt une place. Pendant deux longs jours, la jeune femme ne ménage pas sa peine. Le dernier soir, s’éclipsant pour échapper aux débordements d’une soirée arrosée, c’est sous la voûte étoilée qu’ils se rapprochent, sans que Gabriel ne dévoile rien de ses sentiments. Plusieurs mois s’écoulent avant qu’ils ne se retrouvent, pour fêter ensemble la fin de l’année. Pourtant, l’heure n’est pas aux serments échangés, et quand il la revoit aux derniers jours de l’hiver, Nathalie ne lui semble plus aussi proche. Il décide alors de ne plus chercher à la rencontrer. (Voir Veillées n^o 3503 et suivants.)

Ce fut elle qui vint chez lui dans les derniers jours de mars, alors que l’hiver commençait à s’adoucir. Elle avait une petite figure pensive mais elle était toujours aimable. Elle l’écouta longtemps, mais parfois il semblait qu’elle entendait distraitement, elle le regardait, mais dans ses grands yeux, il y avait comme un nuage.

Enfin, après un silence, alors qu’il cherchait à trouver les mots pour l’égayer, elle sembla se raidir et lâcha très vite:

– Gabriel, il faut que je vous dise…

Ça y est, pensa-t-il, nous y voilà, elle va m’annoncer qu’elle est amoureuse, fiancée ou qu’elle va se marier. Il avait si souvent envisagé cette éventualité qu’il avait sa réponse prête, la féliciter, lui proposer de conserver des relations d’amicale intimité… Mais comme toujours, quand on se prépare à une situation, c’est une autre qui se présente.

– Je vais partir, Gabriel, je vais quitter le pays. Mes parents ont été nommés à Paris, c’est pour eux une grosse promotion, et ils ont vendu la maison ici pour s’acheter là-bas un pavillon. Je n’aurai plus la possibilité de séjourner ici.

Il sentit d’un coup comme l’écroulement de son château d’espoir et de tendresse, la vision dans l’avenir de son chemin désertique et désolé.

– Ce n’est pas possible, Nathalie, je ne vous verrai plus jamais ?

– Ne