Trois petits bols blancs

15 – RÉSUMÉ : Bérénice a enfin pu rentrer en France, très choquée mais sauvée. Nigel, son père, rapatrié une semaine plus tôt, est toujours dans le coma. Quant à Pauline, elle a souhaité rester à Beyrouth, expliquant à sa mère qu’elle ne pouvait abandonner la petite Maïa. Il est très difficile pour Colombe de comprendre le choix de sa fille. En attendant, elle s’occupe de Bérénice. Le cadre de Précy semble être le plus approprié pour la jeune fille, qui ne parle plus depuis qu’elle est revenue. De son côté, Pauline n’a pas dit toute la vérité à sa mère. En effet, les sentiments que lui inspire Nathan Weiss ne sont pas étrangers à sa décision de rester là-bas. Pour prolonger son séjour, elle accepte la proposition de Souha de s’installer dans un appartement avec Maïa. (Voir Veillées n^o 3492 et suivants.)

Comme souvent, la mauvaise qualité de la communication les avait obligées à raccrocher plus vite qu’elles ne l’auraient souhaité l’une et l’autre. Pauline détestait sentir sa mère en colère contre elle. Pire encore : elle détestait lui causer du chagrin et c’est exactement cela qu’elle avait fait.

À présent, Bérénice était rentrée en France et Pauline, faute de liaisons correctes avec l’étranger, avait momentanément perdu le contact avec sa famille.

Chaque matin, elle et Maïa, une fois leur toilette expédiée et le petit déjeuner avalé, se mettaient en route pour trouver de quoi alimenter leurs prochains repas. Pauline n’avait plus beaucoup d’argent en réserve. Les espèces qu’elle avait prévues pour la durée de son séjour s’étaient évanouies comme neige au soleil. Quant au journal, elle ne pouvait plus Michel Lebail avait brusquement cessé de s’intéresser à ses dessins. Peut-être simplement parce que les derniers envois de Pauline ne correspondaient plus guère à ce qu’il attendait d’elle. Il est vrai que, récemment, elle s’était davantage penchée sur la beauté de l’arrière-pays que sur le conflit en lui-même. Curieusement, elle se découvrait un attachement pour cette contrée jusqu’alors inexplorée et ce n’était pas seulement une question de paysages. Certains quartiers en ruine du centre-ville la touchaient tout autant au cœur.