Ta voix dans la nuit
Frédéric se réveille en sursaut, le drap collé à sa peau moite. D’un bond, il se redresse dans le lit, plaque ses mains sur son visage et recueille dans ses paumes les larmes qui coulent de ses yeux. Voilà plusieurs jours que cela se produit, que cette voix féminine et si familière le surprend au cœur de la nuit. Paméla l’appelle, elle crie son prénom, mais sa voix est faible, désespérée, presque éteinte. Les secours ont arrêté les recherches au bout de quinze jours. Et seulement parce qu’il a insisté : sinon ils les auraient arrêtées plus tôt. Selon eux, Paméla est morte ; son compagnon de randonnée a été retrouvé dans un bien triste état. Deux ou trois jours de plus et il était mort, lui aussi.
Il ne faut jamais s’écarter des chemins forestiers balisés, déjà bien assez raides et dangereux, quand on s’aventure dans le parc québécois des Appalaches. On s’y perd si facilement. Ensuite ce n’est que la forêt sauvage et les montagnes, à perte de vue. Un endroit tellement inhospitalier pour une citadine comme Paméla. Frédéric a bien tenté de la dissuader de suivre Ronald, mais elle ne l’a pas écouté.
Depuis un an, elle ne l’écoute plus. Elle s’est jetée dans les bras de Ronald comme un naufragé s’accroche à une bouée de sauvetage, mais Frédéric est certain qu’elle ne l’aime pas. C’est lui qu’elle aime. Il n’en a jamais douté.
Si seulement il n’avait pas eu cette brève aventure avec Caroline, une stagiaire venue de France pour travailler six mois au bureau de la scierie, Paméla dormirait auprès de lui à cet instant ! Ils auraient sans doute fait l’amour avant de s’endormir l’un contre l’autre, tendrement enlacés, soudés, fusionnels et dès qu’elle aurait ouvert ses immenses et magnifiques yeux verts, il serait allé dans la cuisine lui préparer des pancakes qu’il aurait ramenés dans la chambre à coucher sur un plateau avec du jus d’orange frais et du café. Elle aurait mis du sirop d’érable sur l’une des crêpes et la lui
