Heureux hasard
C’étaient les premiers jours d’octobre. Elise souleva légèrement la tête, jeta un œil furtif sur la grande horloge murale dont lui avait fait cadeau sa grand-mère. Puis elle se laissa retomber sur son oreiller et fixa le plafond. Après quelques secondes, elle détourna les yeux du plafond et les dirigea vers la grande porte vitrée qui donnait dans le jardin. Derrière le rideau de voile blanc, elle discerna les collines tachetées d’un doux brouillon ocre et rouille, couleurs étranges et nostalgiques d’une fin d’été qui s’harmonisaient parfaitement avec l’état de son cœur. Depuis sa séparation avec Romain, point de surprise, sa vie n’était plus que routine et ennui. Sa seule passion : son travail. Et aujourd’hui encore une rude journée s’annonçait. Elise n’était pas une femme oisive, bien au contraire. Elle était rattachée au groupe commercial d’une importante société de textile. On lui avait confié depuis peu le lancement de la collection internationale. Ce matin-là, elle avait rendez-vous avec un groupe d’acheteurs allemands. Présentation du site, formalités, puis déjeuner. L’après-midi serait consacrée à la visite des locaux de fabrication et à la présentation des nouveaux tissus pour la prochaine saison.
Elle s’étira, bâilla et se libéra du drap qui recouvrait son corps. Engourdie, elle se hasarda vers la fenêtre, l’ouvrit et inspira une grande bouffée d’air frais. Au coin de la rue un petit groupe de mégères s’attardait en quête de nouveautés. Leurs voix résonnaient dans le calme tranquille de la ruelle. Le brouillard était tombé et à certains endroits de timides rayons perçaient l’épaisse brume blafarde, égayant d’une luminosité pâle et nacrée les toits humides et sombres.
Elise traîna ensuite sous la douche, sans aucune envie d’en sortir, puis elle faillit trébucher sur une pantoufle qui gisait là… Autant dire que la journée ne démarrait pas très bien.
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