Une bien étrange demeure

Sabrina arrêta la voiture. Ce bruit ne lui disait rien de bon. En faisant le tour du véhicule, elle découvrit que l’un de ses pneus était crevé.

Elle ouvrit le coffre pour prendre la roue de secours mais elle ne se trouvait pas à l’emplacement prévu. Sans doute avait-elle oublié de la remettre la dernière fois qu’elle avait passé l’aspirateur dans la voiture. Elle pesta contre son étourderie.

Avant de céder à la panique, elle essaya d’appeler Paul, son mari, mais l’appel ne passait pas. Elle avait beau se déplacer, il n’y avait pas de réseau. Désespérée, elle s’installa sur le siège conducteur, donna un coup de poing rageur sur le volant et poussa un long soupir.

Elle était en pleine campagne, au fond d’un chemin privé auquel ne menait qu’une petite route déserte envahie par les herbes folles. Elle avait peu de chances de voir quelqu’un passer.

Elle alluma une cigarette et en tira une longue bouffée. Pas de réseau, pas de roue de secours, personne aux alentours…

D’un coup, l’image sombre d’une bâtisse se détachant dans le contre-jour s’imposa à elle. Elle l’avait aperçue tout à l’heure, alors qu’elle revenait d’une autre visite. Elle avait pensé que la maison était abandonnée depuis fort longtemps à en juger par l’état du parc. Elle comptait bien faire une recherche et contacter les propriétaires afin de voir s’ils ne voulaient pas vendre. Sabrina dirigeait une agence immobilière et les demeures atypiques dans ce genre avaient leurs amateurs.

Son téléphone bipa, il semblait y avoir du réseau soudainement. Sabrina tenta d’appeler Paul, mais elle n’eut que le temps de l’entendre dire « allô » et la communication se coupa. Elle se décida à lui envoyer un message sans même savoir quand il le recevrait.

En attendant, elle allait devoir parcourir les deux ou trois kilomètres à pied pour rejoindre la route principale. Ses chaussures à talons neuves la faisaient déjà souffrir et la nuit commençait à tomber en cette fin d’après-midi de