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Maanlad - Tome 1: L'albinos aux cheveux noirs
Maanlad - Tome 1: L'albinos aux cheveux noirs
Maanlad - Tome 1: L'albinos aux cheveux noirs
Livre électronique419 pages6 heures

Maanlad - Tome 1: L'albinos aux cheveux noirs

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À propos de ce livre électronique

Ariane doit choisir : osera-t-elle rejoindre l'autre monde ?

Ariane, jeune lycéenne adoptée par une famille aisée a une vie désespérément ordinaire se limitant à des parents absents, des amies superficielles et un béguin pour le plus beau garçon du lycée.
Toutefois, il y a ce rêve étrange d'une ville exotique aux allures médiévales. Un soir, elle se réveille entourée d'herbe, rêve et réalité s’entrechoquent surtout lorsqu'un inconnu lui demande de le suivre dans cet autre monde…
Acceptera-t-elle sa proposition au risque de voir sa vie bouleversée à jamais ?

Découvrez les aventures d'Ariane dans un monde qui changera à jamais sa vie et sa vision du monde. Entre rêve et réalité, un roman fantasy plein d'aventures.

EXTRAIT

En arrivant, l’étalon hennissait et tournait dans tous les sens, les oreilles pivotant au moindre bruit, l’air inquiet. Il ne connaissait aucune odeur ici, et devait être très déstabilisé par ce changement. À force de caresses et de mots rassurants murmurés par Dalian, il se détendit légèrement, et s’immobilisa. Ils en profitèrent pour le mener vers les écuries, tout en continuant d’essayer de l’apaiser. Les bruits des autres chevaux achevèrent de calmer Furio, content de voir des congénères. Ils le mirent dans un box préparé exprès pour lui, confortable et spacieux, et lui donnèrent quelques pommes. Pour être totalement sûrs que le cheval ne fasse pas une nouvelle crise, ils mirent quelques gouttes d’huiles essentielles dans son eau. Le jumeau d’Ariane promit qu’il irait le voir toutes les heures, pour s’assurer qu’il allaitbien. La terrienne s’engagea à l’accompagner, voulant être certaine qu’il n’y ait aucun problème. Et elle n’était pas tranquille depuis qu’elle avait vu Phileas traîner dans les parages de façon tout à fait louche…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Céline Fetel est une jeune auteure alsacienne née en 1996 forte d'une licence de Lettres Modernes. Fan de lecture et d’écriture depuis son plus jeune âge, l’imagination est son refuge. Elle donne vie à ce qu’elle imagine à travers les mots et aime partager ses histoires avec ceux qui l’entourent. C’est dans cette démarche qu’elle achève son premier roman en 2017.
LangueFrançais
Date de sortie28 sept. 2018
ISBN9782378773908
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    Aperçu du livre

    Maanlad - Tome 1 - Céline Fetel

    Prologue

    L’homme se dirigea vers une grande villa se trouvant à un kilomètre de la plage, de style cubiste, avec un jardin impeccable et une piscine creusée. Il avait tout prévu depuis longtemps. Il savait ainsi qu’elle était habitée pendant les vacances par un couple marié riche et sans enfant qui cherchait à adopter, sans succès pour le moment. Des gens parfaits pour accueillir ce bébé indésirable. Il porta son regard sur les couvertures qu’il tenait, d’où sortait la tête d’un nouveau-né endormi. Quelques cheveux noirs pouvaient déjà être aperçus sur son front, contrastant avec la blancheur du plaid qui l’enveloppait. Il serait parfaitement bien avec eux, son ravisseur n’en doutait pas. Tant que l’enfant disparaissait de son existence, peu lui importait, mais il avait quand même veillé à le déposer chez des gens biens, ayant des scrupules à laisser le nourrisson entre de mauvaises mains. Il ne voulait pas avoir ce poids sur la conscience. Il avait certes enlevé ce bébé à ses parents, mais il lui en donnait d’autres qui s’en occuperaient tout aussi bien et qui le garderaient loin, très loin de son lieu d’origine. Ainsi, l’homme n’en entendrait plus jamais parler.

    Ce dernier, après avoir jeté un œil à sa montre, monta les marches du perron et posa délicatement le bébé sur le pas de la porte, veillant à ne pas le réveiller. Les futurs parents devraient rentrer dans une dizaine de minutes de leur promenade journalière sur la plage, qu’ils faisaient avant que le soleil se couche. Il alla se cacher dans un bosquet un peu plus loin et attendit patiemment leur retour. Il voulait être sûr qu’ils arrivent à l’heure et que le bébé ne se réveille pas entre-temps. S’il se mettait à pleurer, cela pourrait alerter les voisins ou d’autres personnes aux alentours. Quelques minutes s’étaient écoulées quand une grosse voiture arriva et se gara devant la maison. Une femme et un homme très élégamment vêtus en sortirent et se dirigèrent vers l’entrée, quand la femme remarqua le tas de couvertures. Elle s’en saisit avec précaution et un sourire illumina son visage tandis qu’elle se tournait vers son mari. Celui-ci se pencha pour observer cet étrange colis et sourit à son tour, les yeux étincelants. Ils regardèrent autour d’eux, comme s’ils espéraient trouver la personne qui avait déposé ce « cadeau » devant leur porte. Ils cessèrent néanmoins très vite et s’engouffrèrent dans l’habitation. L’air satisfait, l’observateur sortit de sa cachette et se dirigea vers le bout de la rue. Il n’avait plus rien à faire ici. Il ne remarqua pas les enfants jouant pas loin qui, l’ayant aperçu, se moquèrent de ses drôles de vêtements semblables à ceux d’un riche marchand du Moyen-Âge. Ils décidèrent de le suivre, sans doute avec l’idée de lui faire une mauvaise blague ou alors simplement curieux de voir où ce monsieur allait. Ils marchaient derrière lui avec un intervalle d’environ vingt mètres, se dissimulant comme ils le pouvaient derrière les voitures garées sur le côté, un peu excités par le côté secret de leur « traque ». L’homme, sans se douter qu’il était suivi, bifurqua à gauche au bout de la rue et les enfants tournèrent à sa suite après avoir attendu quelques secondes, afin de ne pas se faire repérer. Là, ils regardèrent autour d’eux d’un air ébahi. Plus aucune trace de cet étrange personnage. Ils scrutèrent les cours des maisons, les jardins, même les voitures, mais il s’était comme volatilisé. Les jeunes haussèrent finalement les épaules et s’en retournèrent jouer au ballon, s’étant rapidement lassés de leur poursuite et toute curiosité les ayant quittés. La proposition d’un des leurs de faire un foot était bien plus séduisante que de continuer à chercher cet homme déguisé. Ils retournèrent donc à leur lieu de jeu et passèrent devant la villa où l’on pouvait apercevoir par la baie vitrée du salon une femme assise sur un canapé avec un bébé dans les bras, radieuse, tandis qu’un homme téléphonait tout en marchant à grands pas, comme gagné par l’excitation. Ce dernier raccrocha après quelques minutes et se retourna vers son épouse, semblant lui dire quelque chose. Le sourire de celle-ci s’élargit, ils s’étreignirent puis portèrent un regard plein d’amour sur l’enfant qui dormait paisiblement dans les bras de sa future mère.

    1

    Songes

    Ariane rentrait des cours. On était vendredi, et la première semaine de la rentrée venait de s’écouler. Elle avait entamé sa terminale dans le meilleur lycée privé de Paris, faisant la fierté de ses parents qui avaient payé très cher pour qu’elle puisse y parvenir. Étant excellente élève, elle avait bien sûr été acceptée pour y continuer ses études. Déjà, depuis le début de l’année scolaire, elle s’y était fait une place parmi les filles les plus populaires du lycée. Par son intelligence et sa culture, et aussi par sa beauté et sa richesse. Enfin, elle n’était pas belle pour tout le monde, mais elle était différente. Grande, fine, de longs cheveux noirs entourant un visage d’un ovale parfait séparé en deux parties symétriques par un nez droit, une peau si blanche qu’elle paraissait presque translucide et de grands yeux bleu si clair qu’ils ressemblaient à deux flaques gelées… La jeune femme attirait tous les regards. Même ceux qui ne la trouvaient pas vraiment belle étaient attirés par elle, par le côté mystérieux que lui donnait ce physique étrange. Quand elle était plus jeune, on l’avait surnommé l’« alien » à cause de ça. Mais maintenant, presque tous les garçons se retournaient sur son passage, et plutôt par intérêt que par moquerie. Elle appréciait cette popularité et tous ces gens autour d’elle. Ariane n’était pourtant pas naïve et savait très bien que la plupart des « amies » qu’elle avait gravitaient autour d’elle uniquement par intérêt et que personne n’était là si elle en avait vraiment besoin, mais elle aimait avoir l’attention sur elle, ce qui lui donnait l’impression qu’elle était importante pour certains. Et puis surtout, sa popularité lui permettait de côtoyer Quentin, le plus beau garçon du lycée qui ne la laissait pas insensible…

    Elle arriva enfin chez elle. Elle habitait dans une grande et luxueuse maison de la banlieue parisienne. Quand elle entra, personne n’était là pour l’accueillir, mais elle avait l’habitude et était plutôt contente d’être tranquille. Elle trouva comme tous les soirs un plat à mettre au four sur la table. Ses parents n’étaient pas encore rentrés de leur travail, sinon elle y aurait également trouvé un cadeau car ils lui en ramenaient toujours un quand ils la laissaient seule plusieurs jours à cause de voyages d’affaires, comme pour s’excuser de leurs absences. C’était ainsi depuis ses sept ans environ, quand son père avait obtenu une promotion et que sa mère s’était finalement rendu compte qu’elle ne pouvait pas transformer sa fille en son double. Avoir un enfant avait été une sorte de « caprice ». Puisque ce n’était pas comme ils l’avaient rêvé, ils s’en étaient détournés. Mais bon, Ariane trouvait qu’elle aurait pu avoir pire comme parents adoptifs : elle était nourrie, logée, blanchie, couverte de cadeaux et avait la possibilité d’étudier dans les meilleurs établissements disponibles. Elle ne manquait que d’amour.

    Elle s’installa sur la table et déballa ses devoirs. Elle avait acquis le réflexe de les faire immédiatement en rentrant chez elle, afin d’être tranquille. La jeune femme les acheva très rapidement, n’en ayant pas beaucoup après la première semaine. Ne sachant pas quoi faire, elle s’installa sur le canapé du salon avec sa tablette tactile pour jouer à un jeu dont une amie lui avait parlé. Avec sa tablette hors de prix, son téléphone dernier cri, son mp3, son ordi portable et la télé trois dimensions à écran plasma devant elle, Ariane pouvait passer aisément pour une « accro » des nouvelles technologies. En fait, c’était plutôt pour faire comme tout le monde au lycée et pour utiliser les cadeaux que ses parents lui offraient. Ça les rassurait sûrement de la voir dessus, car ils voyaient qu’ils ne les faisaient pas pour rien. Ils ne devaient pas être stupides au point de croire réellement que ces objets pouvaient combler un manque d’affection, mais au moins ils avaient l’illusion qu’ils lui plaisaient. Leur fille n’y trouvait en fait pas beaucoup d’intérêt, bien que ça puisse être pratique. Elle aurait préféré une vie un peu plus simple mais avec une famille aimante, sa vraie famille. Mais même elle ne devait pas l’aimer, puisqu’elle l’avait abandonnée dix-sept ans plus tôt devant la porte de la résidence secondaire des Dubois, un couple cherchant à adopter depuis un certain temps et qui était devenu ses parents. Kristen, sa mère, était un ancien mannequin reconverti en directrice de rédaction d’un magazine de mode, mariée à Thierry, cadre dans une grande entreprise internationale d’informatique. Elle avait toujours rêvé d’avoir un enfant, mais était stérile. Quand elle avait trouvé Ariane avec son mari ce soir-là, c’était la « femme la plus heureuse du monde » comme elle le répétait souvent à ses amis. Mais ce qu’elle ne précisait pas, c’est que très vite elle fut déçue par cette petite fille qui n’aimait pas beaucoup mettre des robes et refusait souvent de jouer à la grande en se maquillant comme maman. Elle l’avait totalement délaissée vers ses sept ans, quand elle avait refusé de faire un casting pour un défilé de mode pour enfant. Pour Kristen, sa fille devait être sa copie conforme et suivre le même parcours glorieux. Mais la jeune femme se disait qu’après tout, elle avait eu de la chance. Elle aurait pu vivre dans un orphelinat, et rester toute sa vie dans la misère. Là, elle bénéficiait d’une place de choix dans la société et pouvait vivre à son aise, plus ou moins comme elle le souhaitait. C’était souvent ce qu’elle se disait pour se remotiver : ça aurait pu être pire.

    Ariane soupira. On était vendredi soir. Demain, ses parents seraient à la maison pour le week-end et ils l’éviteront, comme toujours. Enfin pas totalement : ils mangeront ensemble et échangeront à l’occasion du repas des banalités, pour garder une image de famille modèle réunie et unie autour de la table. Ce n’était qu’une façade, bien entendu, mais les amis de la famille y croyaient et c’était le plus important. Sur ce plan, la jeune femme ressemblait à ceux qui l’avaient élevée et suivait le même credo : toujours garder une bonne image, même si la réalité était bien moins rose. Pour le moment, elle était seule et profitait de cet instant de calme où elle pouvait se retrouver. Mais sa plus grande peur était qu’un jour, elle ne trouve plus rien d’autre en elle que ce masque qu’elle revêtait en société. Qu’à force de faire semblant, elle soit devenue totalement comme eux. Elle posa sa tablette, agacée par son jeu, et laissa ses pensées s’envoler loin, très loin, dans un monde où elle aurait quelqu’un qui l’aime. Un frère ou une sœur peut-être ? Elle avait toujours ressenti un manque de ce côté-là, comme les histoires que l’on voyait sur les jumeaux séparés à la naissance qui sentaient qu’ils leur manquaient quelqu’un. Peut-être avait-elle un jumeau ou une jumelle quelque part, qui avait été abandonné ailleurs. La jeune femme chassa vite ces pensées mélancoliques. Elle ne le saurait jamais de toute façon. Et puis elle se refusait la possibilité de s’imaginer sa vraie famille. « Si ça se trouve, mes vrais parents sont pires que les Dubois ! » pensait-elle parfois en s’imaginant des parents alcooliques, drogués ou encore violents comme on voyait parfois dans des reportages à la télé. Elle préférait encore les siens, qui au moins la laissaient tranquille. Elle finit par s’endormir sur cette réflexion, fatiguée par la rentrée.

    Elle se trouvait au milieu d’une immense plaine qui s’étendait devant elle jusqu’à l’horizon. Derrière elle se dressait une forêt magnifique et impénétrable. Elle regarda à nouveau devant elle juste à temps pour voir passer une horde de chevaux au petit galop. Quand elle se retourna encore pour observer les arbres, le bois avait disparu. Il y avait à la place une gigantesque palissade dont dépassaient des bâtiments en pierre grise de toutes tailles. Elle avait une impression étrange, comme si elle connaissait cet endroit, qu’elle y avait été dans une autre vie. La palissade se découpa en une porte qui s’ouvrit…

    Ariane se réveilla, en sueur. C’était la troisième fois qu’elle faisait ce rêve cette semaine, et elle ne comprenait ni pourquoi elle rêvait de ça ni pourquoi elle était dans cet état au réveil. Elle se redressa, reprit conscience de l’endroit où elle se trouvait et resta un moment immobile, pour se remettre de ses émotions. La jeune femme finit par se lever pour aller prendre une douche chaude afin de se calmer. C’était son « arme secrète » pour se détendre quand quelque chose n’allait pas. En même temps, la cabine était équipée de jets d’eau massant ce qui avait un effet relaxant presque immédiat. Elle sortit de la salle de bain à regret au bout d’une demi-heure, s’habilla et descendit pour manger. Il était dix-neuf heures. Elle mit le plat au four puis mangea les lasagnes que sa mère avait sorties du congélateur. C’était quasiment tous les soirs comme ça, hormis les week-ends. Elle commençait à être dégoûtée des pizzas, lasagnes, hamburgers et autres préparations surgelés qu’elle devait manger quand elle était seule. Au moins, quand ils faisaient des repas « en famille », ses parents achetaient de la nourriture plus haut de gamme : saumon, canard, foie gras… La jeune femme en raffolait. Rien que d’y penser, elle repoussa son assiette, préférant s’abstenir de finir son plat tout fait qu’elle trouvait très moyen.

    Quand elle eut fini, Ariane s’assit devant la télévision, son téléphone à côté d’elle. Après avoir trouvé un film qui lui plaisait, s’être cherché du pop-corn et une couverture, elle s’installa confortablement sur le canapé en cuir moelleux du salon. Un bruit de vibreur se fit entendre. Elle se redressa brusquement et regarda le message qu’elle venait de recevoir. C’était Quentin ! Il lui demandait si elle voulait venir à une fête le lendemain soir. Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme, qui hésita quelques secondes avant de répondre au garçon. Elle finit par lui écrire qu’elle passerait peut-être en milieu de soirée si l’envie lui prenait. « Ne jamais paraître trop intéressée, surtout pas avec celui qui avait l’habitude d’avoir toutes les filles à ses pieds » pensa-t-elle.

    Elle termina de regarder son film et alla se coucher, ne préférant pas croiser ses parents ce soir. Il était bientôt minuit, et ils rentreraient sûrement vers une heure du matin. Elle arriva dans sa grande chambre, qui disposait même d’un coin télé et d’une salle de bain personnelle. On aurait presque pu croire à un petit studio, tant elle avait de la place malgré les nombreuses armoires et étagères. Ariane se changea et se laissa tomber sur son immense lit moelleux après avoir fermé les volets. Elle se glissa dans ses draps en soie bleutée, éteignit la lumière grâce à la télécommande qu’elle avait sur sa table de nuit et s’endormit. Elle fit encore une fois le même rêve, et cette fois il s’arrêta juste après que la jeune femme soit arrivée dans la cité dont elle voyait la palissade, et se retrouvait face à un immense marché de produits alimentaires dont certains qu’elle ne reconnaissait même pas tant ils étaient étranges. Elle se réveilla trempée, avec encore l’impression d’avoir l’odeur des épices dans les narines. Elle retomba sur son oreiller et se rendormit, oubliant avec le sommeil la plupart des détails de cet étrange songe.

    Le lendemain, Ariane se réveilla vers dix heures. Elle s’étira et se leva, prit une douche et ouvrit les volets. Il faisait beau et le soleil pointait ses rayons dans la chambre. Après s’être habillée, coiffée et maquillée, elle se dirigea vers la cuisine où se trouvaient sûrement ses parents.

    B’jour !

    Bonjour Ariane. Alors, bien passée cette première semaine ? demanda sa mère avec le sourire artificiel qu’elle savait si bien faire en toutes occasions.

    Elle acquiesça tandis qu’elle se servait en céréales.

    Ton père t’a ramené un cadeau de son voyage au Japon, continua-t-elle tandis qu’elle se limait les ongles. Un kimono en soie brodée ma-gni-fi-que, bleu clair avec des motifs bleu foncé et turquoise.

    Ah, c’est génial. Les étoffes japonaises sont d’une qualité extraordinaire, répondit la jeune femme d’un ton neutre. Elle était néanmoins curieuse de voir ce cadeau, qui pour une fois sortait un peu de l’ordinaire.

    Elle finit ses céréales en silence pendant que sa mère continuait à s’occuper de ses ongles, en y appliquant ensuite une couche de vernis rouge écarlate, assortie à son rouge à lèvres. Thierry entra dans la cuisine avec du pain et le célèbre quotidien d’information français qu’il lisait tous les jours, pour « se tenir au courant des affaires du monde ». Il fit négligemment la bise à sa fille, embrassa sa femme et s’installa à table.

    Alors, ta mère t’a déjà parlé de mon cadeau ?

    Oui.

    Il est au salon. Je suis sûr qu’il t’ira à merveille.

    Il avait dit cela sans un sourire ou même un regard vers la jeune femme, d’un ton froid qui était en totale opposition avec ses paroles.

    Oui père, merci, je le pense aussi.

    Elle avait répondu de la même manière, comme pour montrer qu’elle n’était pas dupe. Il se forçait à jouer le bon père attentionné, mais ça l’ennuyait plus que tout et elle le savait.

    Ta semaine s’est bien passée ?

    Oui, oui très bien.

    Tes devoirs sont faits ?

    Oui, je m’en suis occupée hier soir directement en rentrant.

    C’est bien, très bien. Ce soir nous recevons un de mes collègues anglais qui passe à Paris, tu seras présente ? s’informa le père, mais en ayant l’air de vouloir qu’elle soit là.

    En effet, il valait mieux jouer encore une fois la famille modèle, surtout devant un collègue qui devait être important pour que ses parents daignent l’inviter dans leur humble demeure… Au moins, les plats seront succulents, ce qui la changera des surgelés.

    Je pensais aller à une fête en milieu de soirée. Mais je peux annuler si besoin, ajouta-t-elle précipitamment, sachant qu’il fallait mieux jouer profil bas si elle voulait être autorisée à sortir.

    Non, non pas de souci, tu mangeras avec nous et après tu seras libre de faire ce que bon te semble, répondit-il, satisfait, en croisant les jambes et en ouvrant son journal, signalant ainsi que la discussion était close.

    Ariane marmonna un « merci », posa son bol sur le plan de travail de la cuisine – de toute façon, la bonne nettoierait quand elle viendrait en début d’après-midi – et alla au salon chercher son cadeau. Le vêtement était encore emballé, et elle décida de l’ouvrir dans sa chambre pour l’essayer directement. Il lui allait en effet à ravir, mais la jeune femme n’était pas satisfaite. Elle ne voyait pas quand elle pourrait porter un tel habit. Peut-être qu’en guise de peignoir… Oui, c’est sûrement ce qu’avait pensé son père en achetant ce kimono hors de prix. Elle se changea et le rangea dans son armoire, où y était déjà exposée une quantité conséquente de vêtements. Que pouvait-elle donc bien faire cet après-midi ? Peut-être, allez faire un peu d’équitation. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait plus monté, mais ses parents avaient un cheval dans un centre équestre pas loin et la pauvre bête devait se sentir seule. Si elle ne la montait pas, Ariane pouvait au moins s’en occuper un peu. Elle se sentait proche de cet animal car comme elle, il avait été délaissé à cause du travail de Kristen et Thierry qui prenait énormément de place dans leur vie. C’était une belle bête pourtant, nommée Furio. Un étalon cremello pur race espagnol croisé arabe, issu d’un des meilleurs étalons de son temps. De la prestance, tout en puissance, et rapidité, avec un cœur d’or en prime. Ainsi que de superbes yeux bleus… La jeune femme n’avait pas un assez bon niveau pour le monter et en profiter pleinement, mais adorait le brosser et le câliner. Ça l’occuperait durant une partie de la journée tout en l’éloignant de ses parents et en la dispensant de passer du temps avec ses fausses « vraies amies » qui ne faisaient que l’envier. Elle avait beau apprécier sa position, elle en avait très rapidement assez de traîner avec ces « pimbêches commères » qui ne rataient jamais une occasion de dire du mal d’autrui. Ariane elle aussi prenait part à ce genre de discussion, mais s’en lassait très vite. Après tout, les gens avaient bien le droit de faire ce qu’ils voulaient, même si du coup ils donnaient une mauvaise image d’eux-mêmes.

    En attendant le repas, elle surfa un peu sur le net et finalement se décida à lire un livre qu’elle allait étudier cette année. Peu motivée, elle lisait lentement en tournant les pages d’un geste morne.

    À table !

    Ariane posa son livre et se dirigea mécaniquement vers la cuisine. Elle s’assit et mangea rapidement sans un mot son assiette de pâtes aux saumons. Son père parlait avec sa femme du repas de ce soir en s’adressant parfois à sa fille, qui hochait la tête d’un air distrait. Quand elle eut fini, elle prépara ses affaires d’équitation et prit une pomme pour Furio avant de sortir sans en parler à ses parents. Les transports en commun l’emmenèrent assez rapidement au prestigieux centre équestre où l’animal était en pension. Ariane souriait. Un bel après-midi se dessinait à l’horizon. Elle s’arrêta devant le box du cheval qui hennit en voyant la fille de ses maîtres, qu’il connaissait bien. Le pauvre devait s’ennuyer ici. Il y avait bien une monitrice payée par les Dubois qui le montait régulièrement, mais autrement il était tout seul à tourner dans ce petit carré qu’il occupait. Il piaffa d’impatience tandis que la jeune femme cherchait une pomme dans son sac. Quand il eut fait une sorte de révérence, elle lui donna en récompense. Furio était parfaitement dressé et avait appris quelques tours qu’Ariane aimait beaucoup lui faire exécuter. Elle passa une heure à le brosser et le chouchouter, allant jusqu’à graisser ses sabots et lustrer ses poils couleur crème. Resplendissant, l’étalon piaffa de satisfaction tandis que sa soigneuse soupirait puis finit par éclater de rire. Elle était aussi sale qu’il était propre ! Elle lui mit le licol et sortit du box avec lui pour faire un tour à pied dans les champs. Elle aurait bien voulu le lâcher un peu dans un pré pour qu’il galope, mais il risquait de se resalir et elle ne voulait pas tout recommencer. La jeune femme fit du coup une balade assez longue, d’environ une heure, avant de rentrer à l’écurie. Elle avait mal aux pieds, mais était quand même contente. Elle monterait un autre jour, quand elle aurait plus de temps et l’occasion de prendre un cours privé car elle n’aimait pas devoir attendre tandis que les autres faisaient l’exercice comme ça arrivait parfois. Elle laissa Furio après lui avoir fait encore quelques caresses, et elle s’éloigna pour rentrer tandis qu’il hennissait. Sa façon à lui de lui dire au revoir sans aucun doute.

    Elle arriva épuisée à la maison. Après une bonne douche, elle enfila une robe un peu chic pour le dîner, prépara ses habits pour la fête de Quentin et surfa sur le net en attendant que l’invité arrive. La sonnette retentit et sa mère l’appela. Et voilà, la pièce allait commencer. Ariane avait bien entendu le rôle de la fille parfaite, intéressée par ce que les adultes disent, admirative, qui rit aux plaisanteries et montre par sa participation son intelligence. Le repas était bien entendu somptueux, avec du foie gras, du magret de canard et autre mets savoureux et luxueux. La jeune femme s’ennuyait à mourir, mais elle mettait un point d’honneur à jouer parfaitement son rôle.

    Ce repas si ennuyeux se termina enfin pour Ariane, qui eut le droit de quitter la table. Il était vingt heures. Dans une heure, la fête de Quentin commencerait, mais la jeune femme avait décidé d’y aller vers vingt-deux heures, pour faire attendre le garçon. En attendant, elle opta pour une sieste digestive, car le dîner avait été beaucoup trop copieux pour elle. Elle enleva sa robe et hésita. Ne voulant pas froisser les vêtements qu’elle avait prévus, elle enfila son kimono pour dormir. Elle mit une alarme sur son téléphone et s’allongea sur son lit. Elle s’assoupit peu de temps après, la digestion la mettant dans un état second. Elle rêva à nouveau. La prairie apparut devant elle, tout aussi belle que dans ses rêves précédents. Et derrière, la fameuse cité aux allures médiévales. Elle se coucha dans les herbes hautes et se laissa envahir par l’odeur étrange et exotique des fleurs inconnues qui l’entouraient…

    Ariane se réveilla, mais garda encore un moment les yeux fermés. Ces effluves étaient encore là, elles lui titillaient les narines si fortement qu’elle avait encore l’impression de rêver. Elle ouvrit enfin les yeux. Elle était couchée dans un champ. Qui avait bien pu lui faire une blague pareille ? Ses parents n’avaient pourtant pas le sens de l’humour… Elle regarda autour d’elle. Toute la prairie était inondée de la lumière orange du crépuscule qui faisait scintiller les premières gouttes de rosée arrivant avec la nuit. Son kimono de soie commençait d’ailleurs à être humide, et le soleil déclinant à une vitesse folle laissa place aux premiers rayons lunaires, apportant avec eux le froid et la pénombre. La jeune femme sourit quand elle vit des lucioles se réveiller et virevolter autour d’elle. La nuit était claire et elle put distinguer sans trop de problèmes une multitude d’étoiles au-dessus de sa tête. Elle ne trouva pourtant pas la grande ou la petite ourse, ni l’étoile Polaire. Fronçant les sourcils, elle continua à regarder autour d’elle. C’est là qu’elle aperçut des lumières au loin qui étaient demeurées invisibles tant que le soleil n’était pas couché. Ariane décida de marcher dans cette direction, et commença à être rassurée. Là où il y avait de la lumière, il y avait de la vie. Et là où il y avait de la vie, elle trouverait sûrement des explications sur sa présence dans ce lieu inconnu, et un moyen de se réchauffer. Avec l’humidité et le vêtement léger qu’elle portait, elle était glacée. Anxieuse, elle accéléra le pas, craignant quand même de tomber sur des personnes malintentionnées. 

    Elle mit un quart d’heure pour arriver jusqu’à la source des lumières, qui provenaient d’une ville entourée de palissade. Ariane fronça les sourcils. Ce mur de bois lui paraissait étrangement familier… Une porte était ouverte, et elle entra dans cette ville insolite. Les rues étaient pavées d’une pierre blanche éclatante, et les maisons autour de la jeune femme étaient aussi en pierre, certaines grises, d’autres bleues, d’autres encore, rouges. Une partie était colorée naturellement, et l’autre partie des maisons semblait être enduite d’un curieux mélange leur donnant ces couleurs vives et éclatantes, bien plus que ceux qui recouvraient les maisons autour de chez elle. Les formes des bâtisses étaient diverses, mais la nuit empêchait la visiteuse de voir plus de détails, et il y avait tellement de choses à admirer… Des lampadaires en fer avec une flamme sous verre au sommet éclairaient la rue d’une lueur si claire qu’Ariane pensa que les flammes étaient artificielles, mais en s’approchant elle dut admettre que non et s’étonna de ne pas voir de combustible. Elle ne devait sûrement pas réussir à le distinguer. Elle déambula dans les rues, croisant des hommes à cheval, des marchands ambulants ou encore des vendeurs de journaux, tous vêtus d’étrange façon : des tuniques longues et larges avec des motifs qu’elle n’avait jamais vus et faites dans une étoffe qui lui était étrangère, des manteaux de peaux de bête, des armures qui avaient l’air de se trouver sous les vêtements… Où donc était-elle ? Elle devait sûrement être en train de rêver et ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’elle voyait ce genre de décor dans son sommeil. Néanmoins, il était vrai qu’elle n’avait jamais fait un rêve qui semblait aussi réel auparavant. Elle chassa cette pensée. «  Voyons Ariane, tout cela ne peut pas être vrai, ce serait absurde », se dit-elle en continuant d’avancer.

    Elle croisa une patrouille de soldat pour le moins singulière. Vêtus de tuniques blanches, portant une armure en dessous qui dépassait au niveau des manches et du cou, armé uniquement d’un sabre attaché dans le dos et d’un poignard à la ceinture, les soldats paraissaient impressionnants uniquement par leur discipline et leur marche en cadence. Sinon, Ariane ne trouvait pas qu’ils avaient vraiment l’étoffe de soldat. Ce qui était pour elle le plus insolite, c’était que chaque membre de la troupe avait sous sa tunique une armure de couleur différente. Celui en tête en avait une pourpre, l’homme à sa droite une plutôt cramoisi, un jeune derrière disposait d’une cuirasse bleu vif… Déconcertée, la jeune femme les regarda passer devant elle, quand la troupe s’arrêta. Le premier soldat chuchota quelque chose à l’adresse de son voisin en la fixant. Celui-ci hocha la tête, et toute la patrouille se dirigea vers elle. Apeurée, Ariane hésita à fuir, mais en voyant la dizaine d’hommes s’approcher, elle se dit qu’elle n’avait aucune chance. Elle attendit donc, tremblante autant de froid que d’inquiétude. Celui qui semblait être le chef s’arrêta devant elle.

    Mademoiselle, vous grelottez et je suis sûr que vous ne savez pas comment vous êtes arrivée ici. Suivez-moi, je vais vous conduire chez notre chef. Vous serez au chaud et vous pourrez enfin avoir des réponses aux multiples questions qui doivent en ce moment se bousculer dans votre tête.

    Ariane hocha la tête. Le fait qu’ils avaient l’air de s’attendre à la voir l’avait décontenancée. Elle les suivit néanmoins, curieuse de voir quelles réponses elle allait recevoir. Ils s’arrêtèrent devant une haute tour cylindrique. Le soldat indiqua que c’était la tour d’argent, la tour de la garde royale. La jeune femme ne voulut pas s’étonner de l’expression « garde royale ». Après tout, elle était sûrement encore dans son rêve, et elle avait déjà assez de questions en tête... On lui expliqua que cette tour était réellement construite en argent et si lisse qu’elle était imprenable car le seul moyen d’y entrer était de passer par la porte, les échelles ou les crochets glissant sur les murs rendant ainsi impossible l’accès par une fenêtre. La porte était quant à elle faite de fer forgé et lourde de plus d’une tonne, ce qui éliminait tous béliers ou autres machines, inutiles pour l’enfoncer. C’était donc cette tour qui gardait certains documents top secret. C’était ici que logeait le chef de la garde royale quand il n’était pas au palais. On fit entrer la jeune femme, et le soldat qui lui avait adressé la parole l’emmena jusque devant la porte du bureau de ce fameux chef. Il frappa, entra et parla à l’homme qui s’y trouvait. Ariane ne comprit pas ce qu’ils échangèrent mais, cinq minutes plus tard, le soldat sortit et lui fit signe de pénétrer dans la pièce.

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    Réponses

    Quand elle entra, Ariane s’étonna de la simplicité des lieux. Pour le bureau d’un chef, elle s’attendait à quelque chose d’un peu plus luxueux. Il n’y avait que peu de meubles : un bureau qui trônait au centre de la pièce, un fauteuil et une petite table dans un coin avec des papiers étalés dessus, avec comme seul élément de décoration était une carte accrochée au mur. Ce planisphère lui était d’ailleurs totalement inconnu. Elle reporta son attention sur ce « chef ». Il se tenait debout et regardait dehors à travers l’unique petite fenêtre de la pièce. De dos, on remarquait déjà qu’il était grand, large, probablement plus dû à ses muscles qu’à un éventuel embonpoint, et qu’il avait les cheveux brun foncé courts mais plus longs que ceux des militaires qu’Ariane connaissait. Il était lui aussi vêtu d’une tunique blanche mais à la différence des soldats des broderies, qui avaient été faites avec ce qui semblait être des fils d’or, ornaient ses manches et le bas de l’étoffe qui recouvrait son buste. Outre ce changement qui marquait sa noblesse, il dégageait une aura d’autorité et de grandeur qui imposait le respect. « J’aimerais bien qu’un aussi beau jeune homme existe réellement » eut l’audace de penser son invitée. Il indiqua à la jeune femme le siège en face du bureau d’un geste de la main, sans même se retourner. Elle s’assit et attendit. Au bout de quelques secondes, l’homme se retourna enfin et vrilla son regard dans les yeux bleu clair de l’étrangère. Ariane faillit perdre contenance devant le visage du chef. Il avait un visage relativement fin, avec une mâchoire dont la proéminence était légèrement atténuée par une courte barbe. Son nez droit apportait encore de la finesse à son visage ce qui donnait un ensemble équilibré. Mais le plus surprenant était sans nul doute ses yeux d’un vert si vif qu’ils luisaient presque, ce qui rappela à la jeune femme les lucioles qu’elle avait vues dans la prairie peu de temps auparavant. Et cette couleur tranchait si bien avec le teint hâlé de l’homme, que ça en était presque envoûtant. Elle ne s’était pas trompée, il était charmant. Mais ce qui la perturbait le plus, et enlevait un peu de son attrait, c’était le regard dur qu’il lui adressait. Elle se força pourtant à le soutenir, et faillit pousser un soupir de soulagement quand il se détourna pour faire les cent

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