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Grand-Mère Tout Doucement: Roman pour adolescents
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Grand-Mère Tout Doucement: Roman pour adolescents
Livre électronique116 pages1 heure

Grand-Mère Tout Doucement: Roman pour adolescents

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À propos de ce livre électronique

Une histoire d’amour avant tout, qui réunit deux générations

« Gloria était contente. C’était mercredi. Elle allait retrouver Grand-Mère Tout Doucement. Le vent était doux. Il tourbillonna dans ses cheveux courts et bruns. On sentait le printemps qui s’approchait. D’ailleurs, on était le mercredi 18 mars. Gloria se mit à marcher plus vite. Grand-Mère Tout Doucement, c’était la maman de sa maman… pourtant, ces derniers temps, la vieille dame devenait peu à peu une autre, presque une inconnue. »

Gloria – qui elle aussi change, trop vite à son goût –parviendra-t-elle à percer le brouillard dans lequel s’est peu à peu enveloppée Grand-Mère Tout Doucement ? Arrivera-t-elle à lui dire l’essentiel, malgré la barrière de cette terrible maladie ?

Un roman bouleversant qui aborde avec délicatesse un sujet difficile

EXTRAIT

Gloria tira vers elle la porte d’entrée de l’école de musique, elle passa le seuil et descendit les trois marches de l’escalier en pierre. Le battant se referma lentement derrière elle dans un petit grincement. Une fois sur le trottoir, Gloria prit l’étui de son violon dans ses bras et le serra contre sa poitrine. Elle posa le pied dans la ruelle étroite et se mit à avancer d’un pas vif. Elle aimait tenir son violon contre son cœur, le sentir proche, très proche. Surtout après les leçons, quand tous deux avaient partagé une heure de travail, d’efforts intenses et de bonne humeur. La sonate en la mineur de Vivaldi résonnait dans sa tête.

CE QU’EN PENSE LA PRESSE

« Une belle histoire, comme un passage entre deux rives, entre souvenirs et présent incertain, mais toujours guidée par un amour vrai et d’une maturité que force la maladie. » – Croqu'livre 

« Épuisement des proches, tensions familiales, honte des malades lors des moments de lucidité, obsession de souvenirs anciens, instants de folie ravageurs, jugements assassins assénés de l'extérieur, les personnes concernées se reconnaîtront dans le tableau brossé par Adeline Yzac. » – Midi Libre

« Un drame de mœurs intimiste qui lève le voile sur les changements de personnalités d'un grand-parent atteint de la maladie d'Alzheimer ainsi que sur le deuil de leurs proches.‪ » – Réseau des bibliothèques publiques de Montreal

« Une bouleversante histoire d'amour entre une petite-fille et sa grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Un beau roman sur les passages de la vie – notamment celui d'une adolescente en proie à de multiples interrogations –, servi par une écriture sobre et émouvante. » – Lecture Jeune

« Un récit empreint de sensibilité, de douceur et d'une réalité déconcertante. » – Lectures

A PROPOS DE L’AUTEUR

Adeline Yzac est née en Aquitaine. Après une formation universitaire en lettres et linguistique à l’université de Montpellier, elle s’est consacrée à l’écriture. La découverte, dès le lycée, de la littérature espagnole et hispano-américaine sera déterminante dans sa quête d’une écriture à la fois poétique et sociale. Elle désire porter à la lumière, la vie, la mort, les non-dits, les écarts, les interdits, le désir… qui fondent la personne humaine. Elle n’envisage d’abord pas de publication. Ce sont des rencontres qui la conduisent à publier un premier roman pour la jeunesse en 1995. Depuis, elle écrit pour les enfants et les adolescents des contes, des histoires et des romans… et, pour les adultes, des nouvelles et des romans.
LangueFrançais
Date de sortie18 avr. 2014
ISBN9782511014684
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    Aperçu du livre

    Grand-Mère Tout Doucement - Adeline Yzac

    CHAPITRE 1

    Gloria tira vers elle la porte d’entrée de l’école de musique, elle passa le seuil et descendit les trois marches de l’escalier en pierre. Le battant se referma lentement derrière elle dans un petit grincement.

    Une fois sur le trottoir, Gloria prit l’étui de son violon dans ses bras et le serra contre sa poitrine. Elle posa le pied dans la ruelle étroite et se mit à avancer d’un pas vif. Elle aimait tenir son violon contre son cœur, le sentir proche, très proche. Surtout après les leçons, quand tous deux avaient partagé une heure de travail, d’efforts intenses et de bonne humeur.

    La sonate en la mineur de Vivaldi résonnait dans sa tête.

    Les yeux noisette de Gloria furetaient de toutes parts. Attentifs et gourmands. Le soleil jouait à bondir de toit en toit. De temps en temps, il se laissait glisser entre les maisons, inventant mille éclats sur les façades.

    — Discret et habile comme un chat…

    Gloria esquissa un sourire. Elle était contente. C’était mercredi. Elle allait retrouver grand-mère Tout Doucement. Le vent était doux. Il tourbillonna dans ses cheveux courts et bruns. On sentait le printemps qui s’approchait. D’ailleurs, on était le mercredi 18 mars. Gloria marcha plus vite. Grand-mère Tout Doucement, c’était la maman de sa maman. Elle l’avait appelée de ce joli nom il y avait bien longtemps. Quand elle avait quatre ans. Sa grand-mère avait eu une grosse grippe. La voisine était venue prendre de ses nouvelles :

    — Alors, comment ça va ?

    — Tout doucement, tout doucement… avait répondu grand-mère.

    C’était comme si elle s’était donné ce nom toute seule : grand-mère Tout Doucement.

    Sinon, tout le monde l’appelait par son prénom, Repù¹, de Repùblica, que lui avait donné son père, quand elle était née, en Espagne. C’était il y avait bien longtemps. Soixante-douze ans plus tôt.

    Gloria obliqua à gauche, prit la rue Jean-Jacques Rousseau qui descendait tout droit, en pente raide. Elle avait envie de sauter. Pour le plaisir. Pour participer à la joie ambiante. Parce que la vie était belle et que, là-haut, dans le ciel, dansaient les premières hirondelles.

    Oui, virevolter çà et là, son violon dans les bras. Mais impossible. Elle avait quatorze ans depuis le 20 janvier dernier. Finie la gamine. Quelque chose l’empêchait maintenant de manifester sa joie avec tout son corps. Une soudaine timidité, une réserve, la crainte d’être vue. Un tas de raisons subites qui lui tombaient dessus depuis peu, malgré elle, malgré la vie, malgré tout et rien. En plus, son corps, elle ne le reconnaissait plus, il changeait tout le temps, il l’embarrassait, il l’entravait, il lui pesait.

    Il lui échappait.

    Devant les autres, elle tâchait de se faire minuscule, presque invisible, elle se retenait, elle se rétrécissait.

    Ou alors, soudain, elle faisait tout pour qu’on ne voie qu’elle.

    Comme ça.

    Devant grand-mère Tout Doucement, c’était autre chose. Elles se connaissaient depuis toujours. C’était comme si elles s’étaient rencontrées il y a très longtemps, dans une autre vie, dans un monde merveilleux. Alors, pas de tricherie. Elles partageaient le meilleur et le pire d’elles-mêmes. Elles s’étaient toujours chuchoté leurs confidences. Une montagne de secrets et de cachotteries. Plein de délires. La semaine dernière, elles avaient dansé des sévillanes² endiablées dans la salle à manger.

    Gloria déboucha sur le boulevard du Peyrou, tout près de l’arrêt de bus, à deux pas de l’entrée du Jardin des Plantes. Elle se précipita dans le n° 12 qui s’apprêtait à démarrer et dont la porte se referma aussitôt. Le chauffeur était tout jeune. Dès qu’il vit Gloria, il fronça légèrement les sourcils, un sourire aux lèvres, la tête tournée vers elle qui s’affala sur le premier siège libre qu’elle trouva. Elle s’installa, releva les yeux et ils tombèrent dans ceux du conducteur qui la regardait encore depuis le rétroviseur. Il la scrutait avec une attention bien particulière. À la fois un peu espiègle et émue. En tout cas, avec cette lueur insolite et insistante que Gloria découvrait depuis peu chez les garçons.

    Une lueur de convoitise.

    Gloria détourna vivement la tête.

    C’était la première fois qu’elle plongeait ses yeux dans ceux d’un garçon.

    Enfin, comme ça en tout cas, avec cette agitation qui la prenait.

    Elle tripota l’étui du violon, le tourna et le retourna sur ses genoux. Quelques semaines plus tôt, elle aurait tiré la langue au garçon. D’abord, c’était un vieux. Il avait au moins l’ âge de Moha, le frère de son amie Ada. Plus de dix-huit ans.

    Gloria rougit.

    De honte.

    De colère.

    Désemparée.

    Elle détestait cette nouveauté. Se retrouver sous la coupe du regard des garçons. Subir cette espèce d’amusement silencieux. Voilà un embarras de plus. Elle ne connaissait pas les règles de ce jeu-là, elle se sentait bête et maladroite. Et puis, est-ce qu’elle avait seulement envie de perdre du temps à cette chose-là ?

    Elle en parlerait à grand-mère Tout Doucement tout à l’heure quand elles se retrouveraient seules, toutes les deux. Tout à l’heure ou un jour prochain. Ça dépendait. Si Repù trouvait ses mots, elle lui raconterait sûrement comment il faut s’y prendre entre filles et garçons. Grand-mère savait tout sur tout. Grand-père Pablo était mort quand Gloria avait six ans. Elle se souvenait que le soir, souvent, en regardant la télé, ses grands-parents se tenaient la main. De vrais amoureux. Elle adorait se glisser entre eux deux. Rien que pour les embêter.

    À côté d’elle, une fille aux cheveux rouge vif slamait à voix basse. Un parfum frais de pivoine flotta, vite alourdi par les odeurs confinées du bus.

    Gloria sentit le regard du chauffeur dans le rétroviseur.

    Il la guettait.

    Elle soupira.

    Elle avait changé tout d’un coup.

    C’était trop précipité.

    Elle n’avait pas eu le temps de voir s’effacer la petite fille en elle, pas eu le temps de lui dire au revoir et merci pour les bons moments partagés, que la grande était déjà là, occupant toute la place désertée, en reine, sans demander la permission. Une sans-gêne, celle-là. Gloria regrettait la petite, parfois. Celle-ci, au moins, elle la connaissait bien. C’était confortable de vivre en sa compagnie.

    Imagine ça, tout à coup, il te faut accueillir une étrangère. Obligée. C’est comme ça. Tu ne comprends rien de rien à ce qui t’arrive. Tant pis, elle est là. T’as le corps qui mue des pieds à la tête, tu gonfles du côté de la poitrine, t’as des règles, tu grandis comme une asperge sauvage. L’autre est bien là, c’est une empotée avec ses gros seins en avant et son acné florissant. Une pimbêche qui ne sait jamais vraiment ce qu’elle veut ou ne veut pas, manger pas manger, se maquiller pas se maquiller, sortir pas sortir. Et exigeante, avec ça : elle déborde d’opinions nouvelles et changeantes à tout bout de champ, elle porte aux nues un prof puis dans la seconde qui suit elle le déteste, elle s’excite, elle rit, elle ne supporte rien, puis elle pleure, elle a des agacements venus de nulle part, sa mère est nulle, son père génial, puis l’inverse. Pas facile. T’es là, entre deux mondes, comme une exilée. T’as pas l’air maligne.

    Assurer, tu voudrais bien, mais comment ?

    Et assurer quoi, au juste ?

    C’est le grand flou, le désordre géant.

    C’était comme pour grand-mère Tout Doucement. Elle aussi avait changé subitement. Elle était devenue une autre, elle était toute perdue avec cette drôle de nouvelle elle-même qui avait débarqué sans crier gare ni demander la permission. Une sale vieille femme avait fichu dehors la grand-mère joyeuse et bavarde, elle l’avait chamboulée et ça avait bouleversé la vie

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