Vingt ans de silence
Gregory venait d’avoir 4 ans quand il posa pour la première fois la question à sa maman. Aujourd’hui encore, il se souvient du drôle de sourire qu’elle lui avait adressé en guise de réponse. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi son copain Rémi passait ses dimanches dans la ferme de ses grands-parents dont il lui parlait avec tant d’enthousiasme, alors que lui n’avait jamais quitté l’appartement parisien pour rendre visite à une mamie gâteau ou à un papi espiègle. Il n y avait même pas un papa pour partager ses joies et ses peines de petit garçon.
Chez lui, il n’y avait qu’Armelle. Bien sûr, elle l’aimait comme une mère peut aimer un enfant renfermé, indocile, perturbé par le manque de manifestations de tendresse.
Armelle faisait ce qu’elle pouvait, multipliant les heures supplémentaires pour subvenir aux besoins de ce fils qui ne réclamait rien, sinon l’attention qu’elle n’avait pas le temps de lui prêter. Elle n’était pas démonstrative et ses heures de travail accumulées étaient sa façon de montrer à Gregory qu’elle voulait le meilleur pour lui. C’est-à-dire un bel appartement avec sa petite chambre, des repas sains et variés et des vêtements de marque comme ceux de ses camarades de classe. Dans son enfance, Armelle avait été gâtée. Elle, elle avait eu un père, et elle avait adoré ce père qui la traitait comme une princesse, qui satisfaisait tous ses caprices, qui la couvrait de cadeaux. Elle riait aux éclats quand il la poursuivait entre les rangées de vignes du domaine qui produisait un des meilleurs crus du Bordelais.
Elle avait un rapport très différent avec sa mère, une femme rêveuse au regard triste qui, le soir avant qu’elle s’endorme, lui lisait des contes d’Edgar Allan Poe auxquels elle ne comprenait rien, puis qui la serrait dans ses bras au risque de l’étouffer. Par moments, elle lui faisait un peu peur…
Puis il y
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