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Chance ou malchance, qui peut le dire ?
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Chance ou malchance, qui peut le dire ?
Livre électronique208 pages3 heures

Chance ou malchance, qui peut le dire ?

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À propos de ce livre électronique

Marinette, une fillette de 10 ans, en vacances chez ses grands-parents, devient fascinée par une superbe jeune femme de 23 ans. Gaïa, tel est son prénom, est extravagante et a subi quelques drames durant sa courte vie.
Vingt ans plus tard, la petite fille devenue officier de police, retrouvera la photo de Gaïa dans un dossier « affaires non élucidées ».
Elle n’aura de cesse que de tenter de résoudre « l’affaire de la rue de Varenne ».
LangueFrançais
Date de sortie6 oct. 2021
ISBN9782312085272
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    Aperçu du livre

    Chance ou malchance, qui peut le dire ? - Arlette Lameyre

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    Chance ou malchance, qui peut le dire ?

    Arlette Lameyre

    Chance ou malchance, qui peut le dire ?

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Du même auteur

    Sacrées voies du Seigneur !, Les Editions du Net, 2016

    Drame au prieuré, Les Editions du Net, 2018

    © Les Éditions du Net, 2021

    ISBN : 978-2-312-08527-2

    L’histoire par Dulcia

    Le lieutenant de police, Alice Borde, rêve de faire carrière à la Crim’.

    Elle découvre, en feuilletant des dossiers d’homicides non élucidés, une affaire étrange : un homme est retrouvé mort au milieu de billets de banques, dans son hôtel particulier du 7e arrondissement de Paris. L’assassin n’a jamais été appréhendé. S’agit-il d’un cambrioleur en fuite sans avoir pu emporter son butin, ou quelqu’un connaissant la victime et habitué des lieux ?

    Alice trouve dans le dossier une photo de trois jeunes gens. Une superbe jeune femme lui est familière (mais non identifiée par la police lors de l’enquête). Elle a fait sa connaissance lorsqu’elle avait dix ans, dans le village corrézien où elle passait ses vacances chez ses grands-parents.

    Cette jeune femme, se prénommant Gaïa, avait été recueillie par son grand-père, le docteur Faissac, à la mort de ses parents archéologues. La fillette était fascinée par sa beauté et son originalité et, sans hésiter, sur les conseils de Gaïa, elle changea son prénom, Marinette, en Alice.

    Que faisait-elle sur cette photo trouvée sur le lieu du crime ? Qui étaient les jeunes gens qui l’entouraient en riant ?

    Si elle parvenait à résoudre cette affaire, les portes de la Crim’ lui seraient ouvertes.

    Je m’appelle Dulcia Guerreiro. J’ai soixante et onze ans et je connais toute cette histoire et ses rebondissements. Depuis que je suis à la retraite j’ai décidé de l’écrire à ma façon parce que, bien sûr, je n’étais pas toujours témoin de ce qui se passait dans les familles, j’ai un peu imaginé mais rien inventé. J’espère que vous faites la différence.

    Toujours est-il que je connais presque tous les protagonistes concernant cette affaire : la petite Marinette devenue Alice, qui avait dix ans lorsque j’ai fait sa connaissance ; j’ai une longue amitié avec sa grand-mère qui est coiffeuse.

    Gaïa je l’ai connue bébé lorsque ses parents venaient rendre visite au Docteur Faissac, son grand-père, qui est devenu mon époux.

    Je sais écouter, être attentive aux autres. Mais attention, je ne suis pas une commère, c’est sans doute la raison pour laquelle les gens se confient à moi. Je sais être discrète. J’apparais de temps en temps dans l’histoire mais je n’en suis pas l’héroïne, ce n’est pas mon intention, et je parle de moi à la troisième personne du singulier.

    Voilà, je m’installe devant mon ordinateur, j’ai une excellente mémoire et vous saurez tous les détails.

    Marinette, juillet 1989

    La blonde décolorée, au teint brouillard de fumeuse, s’installe confortablement dans un des fauteuils du salon, puis se tourne vers sa voisine en annonçant qu’elle vient de croiser « cette pauvre Gaïa », qui portait un chapeau en coquilles d’escargots multicolores.

    Une tête émerge d’un casque, bigoudis sur cheveux gris, et une voix forte répond :

    – – La semaine dernière, à l’enterrement de l’ancien maire, sa nièce de Limoges a voulu virer cette « pauvre Gaïa » de l’église sous prétexte que sa tenue n’était pas correcte.

    Marinette, qui rangeait des magazines lorsque la cliente blonde décolorée est arrivée, a trouvé que cette dame portait une robe d’été trop courte (ce n’est pas Maman qui ferait ça !), faisant ressortir des genoux, lui rappelant la bosse sur le tronc de l’orme, dans le jardin de ses grands-parents.

    Devant son étonnement, son grand-père avait précisé que cette excroissance s’appelait « broussin » et servait de siège aux sorcières lorsqu’elles se reposaient après leurs chevauchées sur leurs balais.

    Marinette a dix ans, des yeux noirs comme sa chevelure frisée, elle a encore le visage rond des préadolescentes, avec des fossettes qui s’accentuent lorsqu’elle sourit, son regard est vif et observateur. La petite Parisienne passe ses vacances scolaires chez ses grands-parents, dans une bourgade de quelques milliers d’habitants, située au pied des Monédières. « Virer quelqu’un de l’église ? », la phrase la laisse songeuse, elle revoit l’image d’une bande dessinée représentant un prêtre, brandissant une croix, chassant une horrible sorcière.

    Le matin, la fillette retrouve sa grand-mère à son salon de coiffure et se rend utile. Elle balaie les cheveux tombés après une coupe, passe les bigoudis, tend des blouses aux clientes, propose un café, un thé ou des magazines, et même rend la monnaie à la caisse aux dames qui lui donnent parfois une pièce en l’invitant à aller s’acheter une glace, mais elle préfère les meringues craquantes qui fondent sous la langue.

    Écouter le bavardage des clientes est un vrai plaisir pour Marinette. Elles palabrent sur le mariage du fils Cassagne qui s’est décidé à épouser la Colette avant que son ventre soit trop gros ; commentent les disputes entre le garagiste et son ex-femme, divorcés depuis des décennies mais qui ne peuvent se passer l’un de l’autre ; racontent les pompiers qui ont éteint un feu de cheminée chez les Lafon, et le chien des Lestrade qui a causé la chute à vélo du facteur (qui était encore bien gai) mais heureusement plus de peur que de mal, ou les dernières bizarreries de « cette pauvre Gaïa ». Oui, Marinette aime les ragots !

    Cheveux blonds explique que les touristes hollandais ont voulu prendre un raccourci en revenant de la pierre des druides, qu’ils se sont perdus, et sont arrivés à l’hôtel alors qu’elle venait juste de se coucher. « Ils étaient affamés et le gardien de nuit est venu me chercher. Il a fallu que je leur fasse une grosse omelette aux cèpes, suivie de fromage et heureusement il me restait des polkas… mais après j’ai eu du mal à m’endormir ! »

    Sa grand-mère Brigitte, en bonne commerçante ne dit rien, elle se contente d’écouter, de sourire ou de hocher la tête, et Marinette, à son exemple, reste muette, mais elle imagine la blonde décolorée en nuisette, avec ses gros genoux, clopinant sur des mules roses à pompons, s’activant à la préparation d’une omelette.

    Il n’y a que deux hôtels dans le bourg, l’hôtel des Voyageurs et l’hôtel de France. Ce dernier étant le plus chic, elle attribue le premier à la blonde décolorée.

    Marinette ne connaît pas cette « pauvre Gaïa », elle ne peut qu’imaginer une vieille dame sénile, qui traîne désœuvrée dans le village. D’ailleurs au début elle comprenait « cette pauvre gaga » ce n’est qu’au détour des conversations qu’elle a réalisé que les clientes disaient gaïa. Elle en a déduit que c’était du patois et a questionné son grand-père Grégoire sur ce mot. Il lui apprend que Gaïa était une déesse, l’ancêtre des races divines, ce qui donne l’occasion, au professeur de français à la retraite, de l’initier à la mythologie grecque.

    Pédagogue, soucieux de répondre aux questions de sa petite-fille, il est allé chercher des ouvrages sur le sujet. Bon d’accord Gaïa est un prénom et non du patois, et cela ne veut pas dire gaga. Marinette feuillette l’album que lui tend son grand-père et Gaïa est vite oubliée lorsqu’elle découvre une photo de la statue de l’Hermès de Praxitèle.

    – – Lui, c’est le messager des dieux, précise Grégoire, c’est la raison pour laquelle il est souvent représenté avec des ailes sur son chapeau ou aux pieds. À sa naissance ce n’était qu’un demi-dieu, poursuit son grand-père en observant le regard attentif de Marinette, mais il était déjà espiègle. Figure-toi qu’il a volé le troupeau de vaches de son demi-frère Apollon. C’est pourquoi il est aussi le dieu des voleurs.

    Marinette n’en croit pas ses oreilles. Ainsi les voleurs ont un dieu ! Elle est si enthousiaste que tous les soirs elle réclame à Grégoire de lui raconter les ruses d’Hermès, de décrire son arrogance devant le tribunal des dieux, d’expliquer comment il a séduit Zeus, son père…

    Oubliée la déesse, Gaïa ne l’intéresse plus, ni la vieille folle du village qui porte son nom.

    Le dimanche c’est le jour de la tête de veau sauce gribiche, plat régional fort apprécié de Grégoire et du grand-oncle Blaise, vieux garçon, frère du grand-père, qui loge chez eux.

    Le samedi matin Marinette va chercher la tête de veau commandée chez le boucher, qui lui précise l’âge du veau, renseignement précieux pour la cuisson. Elle pourrait s’y rendre par la grande rue mais préfère faire un détour par la place de la Mairie, plus animée, où elle a des chances de rencontrer quelques connaissances. Sur l’esplanade les marronniers terminent leur floraison, de vieux messieurs, par groupes, tournent en rond en palabrant, mains croisées derrière le dos, quelques enfants font du patin à roulettes, tandis que des ménagères pressent le pas pour aller préparer le déjeuner. Le soleil joue avec les branches des arbres et l’ombre des rameaux fait rêver la fillette ; elle y voit la carte de pays inconnus, les zones claires sont des rivières, les zones sombres des forêts, et l’ombre chinoise d’un oiseau qui bat des ailes. Elle lève la tête pour le voir « en vrai ». Il est bien tout là-haut, c’est magique.

    Une magnifique jeune femme aux yeux vert sapin, assise sur un banc lui fait signe d’approcher. « Quel est ton prénom belle enfant ? » lui demande-t-elle. « Marinette » répond fièrement la fillette. Elle la fixe d’un drôle d’air et la chasse d’un revers de main.

    L’après-midi, Marinette profite de l’absence de ses parents qui n’arriveront qu’au mois d’août, et de la liberté que lui accordent ses grands-parents, pour arpenter les ruelles étroites du village, aller boire l’eau à la source miraculeuse qui rend la vue aux aveugles, parcourir la campagne jusqu’au rocher des folles, d’où se jetaient les femmes violées par les seigneurs qui exerçaient leur droit de cuissage.

    Ce samedi Marinette décide d’aller se baigner avec les enfants du village. Ils ne vont pas au lac du barrage, trop loin et fréquenté par les touristes, mais directement dans la Vézère, plus limpide, avec ses pierres plates qui affleurent et sur lesquelles les couleuvres dorment au soleil.

    En rentrant de sa baignade, elle aperçoit à nouveau la jeune femme, assise sur le même banc que celui du matin, comme si elle n’avait jamais quitté ce lieu, et à nouveau, elle lui fait signe d’approcher. « Quel est ton prénom ? » lui demande-t-elle. Marinette lui rappelle son prénom. La jeune femme soupire, l’observe pensive, puis la chasse d’un revers de main.

    La fillette ne l’entend pas ainsi. Avec une pointe d’arrogance elle lui fait remarquer qu’elle lui a déjà demandé son prénom le matin même.

    – – Je sais, mais j’espérais que depuis ce matin tu avais changé d’avis sur ton nom de baptême.

    Marinette ouvre grands ses yeux. Et la jeune femme chantonne : « Marinette, Ginette, Paulette, Huguette, Georgette, Francette, Suzette, Violette, Lucette, Yvette, Lisette… pouah ! » et elle crache par terre.

    – – C’est le prénom de mon arrière-grand-mère qui est morte le jour où je suis née, lance Marinette, vexée.

    Les yeux vert sapin la regardent avec tristesse et la jeune femme murmure : « Je t’appellerai Alice, ce prénom correspond mieux à la petite fille que je vois, ceux en ette sont ridicules mais ce n’est pas de ta faute. J’aurai grand plaisir à te revoir Alice, moi c’est Gaïa. »

    Marinette rentre en courant rejoindre son grand-père et lui dit d’un ton de reproche qu’elle a rencontré Gaïa, qu’elle n’est pas vieille… ni folle… un peu bizarre. Qu’elle portait un chapeau couvert de coquillages et de petits poissons multicolores en tissus…

    – – Mais qui t’a dit qu’elle était vieille et folle ? questionne Grégoire.

    – – C’est les dames au salon de coiffure.

    Grand-père sourit, lui prend la main, et précise qu’il a eu Gaïa dans sa classe au collège. C’était une petite fille très brillante, ajoute-t-il. Elle est arrivée ici quand elle avait ton âge, à la mort de ses parents. C’est la petite-fille du docteur Joseph Faissac.

    Qui ne connaît pas le docteur Faissac, ce grand homme brun à barbiche, vêtu du même costume bleu marine, quelle que soit la saison, toujours encombré d’une grosse sacoche en cuir marron décoloré et qui traverse le village d’un pas dynamique, ou part dans son antique deux chevaux visiter ses malades dans la campagne ?

    – – Comment sont-ils morts ? demande Marinette.

    – – Ses parents sont morts dans un accident d’hélicoptère alors qu’ils se rendaient sur un site archéologique en Syrie. Le fils du docteur, Jérôme, dirigeait des fouilles à cet endroit… je ne me souviens plus du nom du lieu. La Mésopotamie est un des berceaux de notre civilisation, entre le Tigre et l’Euphrate, des recherches sont menées par des Français, des Anglais, des Allemands.

    Marinette observe son grand-père, attendant qu’il lui fournisse plus d’explications car elle ne comprend pas très bien cette histoire de Syrie. Elle demande quel Tigre ? Grégoire rit, lui indique que c’est le nom de deux fleuves et, qu’afin que ses élèves retiennent ces noms, il avait une méthode mnémotechnique, il écrivait au tableau « Entre le tigre, et l’œuf rate ! ». Il tente de mimer pour faire rire sa petite-fille et poursuit :

    – – Jérôme, le père de Gaïa comme je te l’ai dit, était un passionné de tout ce qui concernait la préhistoire. Je l’ai eu aussi dans ma classe… tu sais il y a de nombreuses grottes dans la région, j’emmenais parfois les élèves visiter Lascaux, c’est un peu loin mais les enfants adoraient ça, le gouffre de Padirac, les Eyzies… enfin tu connais, tu y es allée avec tes parents… il a donc fait des études d’archéologie… d’où son voyage pour des fouilles en Syrie. À la mort de ses parents, le docteur Faissac a recueilli Gaïa, une Parisienne, comme toi. Elle a dû se faire à notre petite ville, et je l’ai accueillie au collège jusqu’à son bac.

    Marinette reste songeuse. Elle revoit le visage lumineux de la jeune femme assise sur le banc de la place de la Mairie, elle regarde son grand-père en disant : « Mais elle est bizarre tout de même. Elle m’a dit que mon prénom ne m’allait pas et elle a craché par terre en parlant des prénoms en ette ».

    Grégoire sourit.

    – – Gaïa est féministe depuis son plus jeune âge, dit-il, sans doute considère-t-elle les prénoms en « ette » comme des diminutifs de prénoms masculins. Georges/Georgette, Paul/Paulette, Hugues/Huguette… ce « ette » donne une notion de petitesse qui n’est pas faite pour plaire à notre Gaïa.

    – – Elle a dit qu’elle m’appellerait Alice !

    – – Tiens, tiens… ça te va pas mal. Je n’ai jamais apprécié que l’on affuble les nouveau-nés du prénom de leurs ancêtres. Mais toi, que penses-tu d’Alice ?

    Marinette réfléchit. Il est vrai que Chantal, son amie parisienne, lui avait fait remarquer que son prénom était démodé et cela l’avait contrariée, elle avait rétorqué qu’il y avait trois Chantal dans la classe alors que Marinette était unique.

    – – Mais si tu veux changer de prénom cela ne pose pas de problème. Sais-tu que ta grand-mère se prénomme Fernande ? C’est la mode de troquer son prénom pour un autre chez les coiffeuses, elle a choisi Brigitte, sans doute à cause d’une certaine vedette de cinéma…

    – – Ça alors ! grand-mère Brigitte s’appelle Fernande ! Elle a bien fait de changer c’est rudement moche.

    Grégoire sourit, il se souvient de la chanson de Georges Brassens Quand je pense à Fernande, je bande, je bande… qu’il chantait à son épouse. Il reprend :

    – – Toi, si tu aimes Marinette tu n’as aucune raison de changer de prénom. Voilà dix ans que tu le portes… et puis je ne sais pas si ta maman sera d’accord. As-tu lu Les aventures d’Alice au pays des merveilles ? Je vais aller te le chercher.

    La semaine suivante Marinette se met en quête de Gaïa pour lui dire qu’elle accepte de se prénommer Alice. Mais ses recherches sont vaines. Elle a beau inspecter chaque coin du bourg, Gaïa est introuvable.

    Frustrée, elle sonne chez le docteur Faissac. Une dame robuste et souriante lui répond que Gaïa est partie à Paris pour un rendez-vous de travail. Elle doit créer des modèles de robes d’été pour l’an prochain.

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