Roxana a disparu
Et maintenant, la pluie ! Il ne manquait plus que ça.
Roxana maudit le ciel de choisir de se dresser contre elle au moment le plus inopportun.
Tapissé de nuages sombres, il offrait à la nuit une bonne heure d’avance quand la jeune femme aurait au contraire eu besoin d’un peu de lumière supplémentaire. Il fallait qu’elle soit vue au bord de la route et, pour ce faire, rester à l’abri dans le véhicule n’était pas une solution envisageable.
Elle avait assez mal dormi la nuit précédente. Des rêves l’avaient tourmentée. Elle était incapable de se les remémorer au petit matin, mais ils avaient laissé en elle une impression angoissante, tels des corbeaux qui planeraient au-dessus de votre tête où que vous alliez. Sensation d’autant plus étrange que d’habitude, lorsqu’elle retrouvait la maison familiale, elle éprouvait un apaisement naturel, comme si les années passées hors du cocon n’avaient elles-mêmes été qu’un rêve. Cette sensation ne s’estompait que plusieurs jours après.
Cette fois-ci, pourtant, elle était repartie de Bucarest un peu tendue. Et la panne de voiture qui l’avait laissée dans la campagne en lisière du soir, sous une pluie fine et dure, n’arrangeait pas les choses. Il lui restait encore une bonne heure de route pour rejoindre Bacau. Elle n’y serait jamais à temps et Virgil n’allait pas être content. Elle lui avait promis qu’elle le rejoindrait pour assurer la soirée prévue depuis longtemps sur leur agenda professionnel.
Le petit groupe musical qu’ils formaient, avec Lucian et Anton, animait bals, restaurants, mariages et anniversaires. Ce n’était pas encore la gloire internationale, mais il s’était forgé une bonne réputation dans la région et les engagements ne manquaient pas ces derniers temps. La défection de la chanteuse de l’orchestre allait faire sérieusement tousser le moteur de leur petite entreprise artistique. Bien sûr, Virgil pouvait chanter, s’il le fallait vraiment, mais ils savaient tous que sans leur vedette féminine le public aurait l’œil et l’oreille moins attentifs. Pour l’heure, c’étaient les rares automobilistes qui avaient l’œil inattentif ou indifférent. Il faut dire que, trempée comme une
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