Sept

Tuez les cigales...

Ayant chanté tout l’été…

Sisteron. Tiens, il y a comme un écho du chant des cigales dans ce nom. Notre rite: nous arrêter au bord de l’autoroute, ouvrir les vitres de la voiture, nous ouvrir, écouter. Elles sont là, les premières des vacances. A notre rituel répond celui des cigales. Dès le premier soir, tandis que la lumière se retire des vignes autour de nous et que les parfums s’éveillent dans le jardin, délivrés de la chaleur qui les a faits s’assoupir durant le jour, elles se taisent les unes après les autres; jusqu’à ce que, dans le silence d’ombre bleue qui se fait tout à l’entour, l’une d’elles soudain lance à nouveau son chant, solitaire dans le pin d’Alep le plus proche. Deux ou trois autres lui répondent bientôt. On dirait que ce sont elles qui allument ainsi les premières étoiles. Puis, ayant accompli cet office, elles rejoignent la nuit qui s’épaissit. Il arrive que, dans les rues et sur les places des villages, désorientées par les réverbères, elles n’arrivent pas à se taire au bon moment. Dans ce cas, il faut bien l’admettre, l’erreur est humaine.

Le matin, un peu avant huit heures, elles crépiteront d’un coup dans les pins, embrasant la colline. Le bleu du ciel qui flamboie à l’infini, c’est leur travail. C’est d’elles, qui le frottent sans cesse, qu’il tient son éclat. Trois semaines durant, elles seront notre musique. Je les ai même enregistrées un matin dans mon téléphone portable, histoire de les écouter lorsqu’il fait trop brouillard en hiver.

Nous les avons vues,

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