Les Veillées des chaumières

Les hauts murs de Penroc

Aimer… Nous avons tous besoin d’aimer. Un coucher de soleil, une aurore blonde, le vol silencieux de l’oiseau dans le ciel, un tableau, un roman, le lent mouvement de la vague qui se meurt sur la grève, une fleur, un chien…

Il y a longtemps que je suis en mal d’amour et ce mal transpire par tous les pores de ma peau, ronge mon esprit, affaiblit mon âme. Je ne suis plus moi-même depuis le jour où je l’ai rencontrée, elle, qui me rend si peu ma tendresse et ne m’accorde pas un regard.

Penroc, par jour de tempête, semble isolé du monde, perdu dans un univers hostile, tandis que la mer bat les rochers avec une fureur sans égale. Au-dessus de Penroc, le ciel est rarement bleu. Cette vieille demeure harcelée par les vents sur ce promontoire qui s’avance au milieu des flots, telle la proue d’un navire, n’inspire pas le bonheur. J’en fais la dure expérience depuis trois mois.

Je ne suis venu là que pour me reposer, entamer une convalescence délicate. Ainsi en est-il lorsqu’on sort d’une grave jaunisse. Une hépatite virale si vous préférez.

Quels que soient les termes barbares employés, cette maladie m’a détruit. Physiquement et moralement. Il faut bien le croire, puisque mon séjour à Penroc semble m’avoir amené au bord de l’abîme, au bord de l’enfer. Par le jeu des circonstances et des hasards, j’ai hérité de Penroc sans avoir connu son propriétaire. Cet homme ne m’était que vaguement apparenté.

Ma première réaction avait été de dire à mon notaire : « Vendez, Maître. Avec cet argent, vous paierez les droits de succession… » Il ne désapprouvait pas ma prudente réserve, encore qu’il m’ait conseillé de me rendre sur place pour voir de quoi il s’agissait exactement.

Un mois avait passé. Pris par mon travail, je ne m’étais pas déplacé. Et puis j’étais tombé malade. Mon médecin affirmait qu’un séjour à la campagne me ferait le plus grand bien. Moi qui n’ai jamais aimé que la ville, j’envisageais sans grand plaisir cette halte forcée dont j’avais un urgent besoin. Paris seul comble mes vœux. J’aime cette vie trépidante et la solitude que l’on découvre dans la foule m’apaise.

Mon métier de dessinateur industriel me met à

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Les Veilles des chaumires

Les Veilles des chaumires12 min de lecture
La Relève
A la faculté de médecine, un jour, nous avions eu droit à une scène assez pénible, des garçons avaient formé une barrière humaine pour empêcher les étudiantes d’entrer dans les locaux. Ils hurlaient : « Pas de femmes, la science se fait entre hommes
Les Veilles des chaumires4 min de lecture
Le Caban, Ce Vieux Loup De Mer
Le caban évoque immédiatement l’univers des marins. Dans l’imaginaire populaire, il est associé au capitaine Haddock, vieux loup de mer des Aventures de Tintin, de Hergé, ou bien encore au personnage de Corto Maltese, aventurier au long cours né de l
Les Veilles des chaumires3 min de lecture
Le Ginkgo Biloba L’arbre Qui A Côtoyé Les Dinosaures
Ne vous fiez pas à son feuillage caduc : le ginkgo est un conifère. Sa résistance est exceptionnelle au temps, aux parasites et à la pollution. Parmi les quelques espèces d’arbres existant depuis l’ère glaciaire, le ginkgo biloba est l’un des plus my

Livres et livres audio associés