La décision
Lorsque Marianne entra dans leur chambre, Etienne était assis sur le lit et semblait parler tout seul. En fait, non, il lisait à voix haute la quatrième de couverture d’un livre qu’il avait sorti des rayons de la petite bibliothèque. Il souffla dessus et une fine pellicule de poussière s’envola dans la lumière matinale qui, derrière la vitre de la fenêtre, les appelait à la rejoindre dehors.
– L’Ile au trésor, dit-il en retournant le livre qui, par les couleurs de sa couverture, confirma le titre fleurant bon les vents marins, les perroquets et les boulets de canon. C’est le premier vrai livre que j’ai lu, je crois bien. Je vais le prendre avec moi pour le voyage, je pourrais t’en lire des passages à voix haute. Je ne suis pas un grand causeur en voiture, tu le sais. J’en connais déjà la fin, alors c’est pas grave…
Marianne le savait, oui. Comme elle savait qu’elle parlait pour deux, ce qui avait équilibré les choses durant toutes ces années. En passant à côté de lui pour prendre la petite valise préparée la veille et la porter à la voiture, elle lui posa la main sur l’épaule.
– Si tu lis en voiture, tu vas te rendre malade…
Il lâcha un petit rire qui secoua son dos.
– Oui, c’est vrai que ce serait dommage…
Marianne rit un peu avec lui, mais ne se força pas plus qu’il ne fallait.
– Fais comme tu veux, après tout. Mais je prends des CD… Tu as des préférences ?
– Bah… Tu choisis, c’est mieux…
Auparavant, il aurait saisi l’occasion pour confronter ses goûts musicaux avec celui de sa femme. Mais depuis quelque temps, il avait un peu lâché l’affaire. Depuis que la lettre était arrivée de Genève, en fait. Ce qui était somme toute très compréhensible.
Redescendue au salon, elle fit courir un doigt le long des boîtiers serrés, rangés par ordre alphabétique, les uns contre les autres sur l’étagère. Ils avaient, au fil des années, remplacé comme si de
